Egeablog - Le débat français sur l'Otan : quelques remarques - Commentaires2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearLe débat français sur l'Otan : quelques remarques - Jean-Pierre Gambottiurn:md5:85a10dff28c68631537f97ceb4b867c52009-03-08T13:50:00+00:002009-03-08T13:50:00+00:00Jean-Pierre Gambotti
<p>Cher Olivier Kempf,<br />
D’abord une courte remarque concernant le risque « d’alignement de nos cerveaux stratégiques ». Je crois que cette polémique est un peu factice : depuis notre adhésion à la logique « des centres de gravité » pour faire court, nos états-majors raisonnent la guerre selon « GOP », mais cette soumission à un processus de conception des opérations ne signifie pas que l’imagination et l’intelligence soient sous contrainte. Un algorithme ne fait pas la manœuvre ! Les stratèges français pourront encore s’exprimer et imposer une pensée originale même dans le « noos » anglo-saxon, il y a quelques exemples historiques.<br />
Ma deuxième remarque a trait au nucléaire et je suis curieux de savoir si Bruno Tertrais, éminent spécialiste, s’est exprimé sur le sujet. Pour ma part je pense qu’un retour dans le Commandement intégré et dans le Comité des plans aura des conséquences sur notre stratégie de dissuasion nucléaire même si nous n’intégrons pas le Groupe des plans nucléaires. Au cours de la guerre froide nous avons usé avec succès d’une rhétorique doctrinale sophistiquée et aboutie qui s’appuyait sur les qualités cardinales de notre dissuasion, sa crédibilité et son autonomie. C’est à un holocauste nucléaire commun que nous invitions l’agresseur et c’est une décision présidentielle qui pouvait nous y conduire si les intérêts vitaux de la France étaient menacés, intérêts qui n’étaient pas nommés pour conserver à cette stratégie l’incertitude et le flou autour du seuil d’emploi et son caractère dissuasif. Aussi notre réintégration quasi-totale dans l’OTAN n’est pas, à mon sens stratégiquement neutre eu égard à toutes les finesses de la logique de la dissuasion. Quid des intérêts vitaux nationaux « en coalition »? Quid de l’autonomie de décision ? Quid de la crédibilité de déclencher l’apocalypse chez vous pour sauver un voisin fut-il un allié ? La dissuasion nucléaire ressortit à l’égoïsme absolu des Etats, sinon elle n’est pas.<br />
A mon sens, s’il doit y avoir un débat national sur le retour dans l’OTAN, le nucléaire devrait être central, mais notre incapacité culturelle française à traiter du stratégique verra encore la Chambre s’étriper sur le périphérique et les médias se complaire dans le buzz.<br />
Merci pour l’ensemble de vos billets.<br />
Très cordialement.<br />
Jean-Pierre Gambotti</p>
<p>Réponse : Mon général, merci de cette contribution : je crois que vous avez raison, et je n'avais pas vu cette aspect ds choses. </p>
<p>Toutefois, cela fait quelques années qu'on assiste à un flottement de la doctrine nucléaire en général, et dissuasive en particulier. </p>
<p>C'est vrai en France, mais c'est aussi vrai dans l'alliance. Un débat foncier devrait exister et n'intéresse que les spécialistes : celui du remplacement des avions alliés porteurs de l'arme - les Tornados. C'est pourquoi j'avais demandé à A. Dumoulin, il y a six mois, d'écrire un article sur le sujet dans DNSC. En fait, l'alliance ne pense plus le nucléaire : c'est ce que suggère l'article de J. Pellistrandi que nous avons passé dans Alliance géostratégique. </p>
<p>O. Kempf</p>