Egeablog - Proche et Moyen Orient - Commentaires2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearFrapper l'EIIL : surtout en Syrie ? - Aurn:md5:8f8b7c706fe5c45d625491fed504e9412014-10-13T07:56:20+02:002014-10-13T20:54:45+02:00A<p>Et si tout simplement c'était un prétexte pour entamer contre un premier adversaire une campagne de Syrie dans le dos des Russes (et des Chinois)<br />
Habituer l'opinion au conflit syrien en quelque sorte : aujourd'hui des vilains barbus, demain d'autres plus ou moins barbus, vous savez ma bonne dame, tout ça c'est des sauvages ! et ils ont des armes chimiques en plus !!</p>
<p>Hypothèse simplement. D'autant plus qu'elle jouerait sur la faiblesse de réaction (bien connue) des Russes du début du XXIe siècle. Ceci dit, des stratèges restés en boucle sur l'ère postcommuniste des années 90, ce n'est pas ça qui manque.</p>
<p>Autre hypothèse : personne n'a de raison, tout le monde en a un peu. Le bombardement remplace la pensée politique; les pousse-cailloux des relations internationales viennent simplement d'avancer le pied gauche après le droit. Ils ne savent pas pourquoi ni vers où. Simplement le mouvement c'est la vie donc ils bougent... Les lapins-crétins aussi après tout !</p>Frapper l'EIIL : surtout en Syrie ? - le concombre masquéurn:md5:1c649f61e6f894cb9be692741b8ed8912014-10-01T15:25:20+02:002014-10-02T13:35:08+02:00le concombre masqué<p>Oh l'odieux et noir soupçon d'une "guerre du pétrole" mâtinée de colonialisme à picots en guise de godillots. Parce que oui, ça ils tapent sur l'Irak (77,7% de leurs bombardements à 10 millions de dolls la journée -toute heure commencée est due- soit déjà une centaine nous fait savoir le comptable du Pentagone), mais pas sur ses puits: exclusivement en Syrie, ce qui rend le constat du Chardon encore plus piquant.<br />
Faire décaler les cours du pétrole et gaz? Là, il faudrait mettre plus cher, version film à la SpielKriegBerg, on ne peut pas croire cela.<br />
Mais, un zoom arrière spatiochronologique fait sens: cette affaire n'est qu'une guerre contre le Russe, une guerre dont le premier centre de gravité est la volonté de pratiquer un embargo contre le jumbo producteur de gaz/pétrole qu'il est, à destination de l'Europe. Et que je te bloque à la fois l’Ukraine et le south stream, cette cuisante défaite géopolitique des années précédentes. Et que je te mets en place un tuyau alternatif.</p>
<p>Corridor Sud: depuis de nombreuses années nos meilleurs alliés veulent nous couper le gaz ou plus exactement nous obliger à emboucher les trompettes de Verdi. Patiemment ils ont pour cela conçu un projet sans queue ni tête nommé Nabucco, et seuls les béotiens croient que c'est en 2013 que la mort dudit pipeline a été connue de ses inventeurs: dès 2011 les revues pétrolières annonçaient qu'il n'y avait aucun producteur au bout du tube, qu'Azerbaïdjan (et RWE ou BP... et la Turquie) se retireraient. Amusant, c'est l'époque où le printemps syrien passe à la lutte armée...</p>
<p>Désormais, ils ont trouvé un producteur, il s'appelle Qatar, il faut juste faire passer le tuyau un peu plus bas, par le territoire syrien pour déboucher sur l'Europe. Le Qatar a déjà payé plus de trois milliards de dollars pour armer les modérés Syriens, et il n’a rien. Sinon, comment expliquer cet acharnement sur cousin Bachar, lequel avait entravé ce deal ce qui l’a propulsé au rang d’ennemi, lui qui pourtant avait coalisé contre Saddam?</p>
<p>Et les cousins africains du concombre lui font savoir que les guerres forcenées dans les plates-bandes de l’arc sahélien et en dessous, y compris avec l'Algérie "notre amie", pourraient bien avoir même motif: construire le gazoduc transaharien depuis le Nigeria qui, ne pouvant passer par la Libye (tiens, pays qu'on a bombardé...) devrait passer par l'Algérie pour déboucher sur Italie et Espagne. Voilà pourquoi on a pu oublier le MEND des zones pétrolières nigérianes pour tomber sur le bec de BOKO qui ne tient qu'une forêt sans autre intérêt que celui de constituer l'Ukraine africaine. Avec ses « frères », musulmans ou non, qui trônent sur le passage du Niger ou du Mali et se voient bien nous racheter nos portiques écotaxes…</p>
<p>Alors demain un bombardement en Irak ne désavouerait pas le Chardon, et même si cela se produisait sur une installation pétrolière, nous dirions qu'il s'agit d'une faute de frappe. Mieux: que c'est pour contredire le Chardon qui serait donc lu par les maîtres de ce jeu. Sait-on jamais?</p>
<p>On connaît déjà leur cynique humour : Nabucco=Nabuchodonosor=Verdi=Italie…</p>
<p>En attendant, à cette heure, le parlement turc délibère pour renouveler les autorisations d’envoi de troupes en Irak et Syrie destinées à … lutter contre les Kurdes du PKK ! Avouez que l’époque est farce, messieurs les dindons.</p>
<p>Finalement, l’Orient, c’est pas compliqué, même si c'est plein de salades.</p>Jihad en terre d'islam ? Une guerre civile de religion, plutôt... - chrlorine melturn:md5:e6478b86e4b54533becd00c0409b6b5d2014-07-08T00:43:44+02:002014-07-08T21:16:08+02:00chrlorine melt<p>Hi,<br />
Effectivement, la notion de jihad est tout sauf exacte puisque le jihad est autant initialement une discipline envers soi-même que plus tardivement (lors des réactions au 1eres croisades) un combat contre les mécréants.<br />
Du glocal avant l'heure, à venir plaquer de l'idéologie sur la difficulté de légitimité territoriale par les potentats locaux peu reconnus, peu suivis, peu aimés, donc en concurrence avec, et en combat contre, les croisés...<br />
Quant à la guerre civile, merci à vous de réinventer, sinon la poudre, au moins la fitna, la discorde. La localisation géographique (entre Shams et Bagdad) autant que le contexte contemporain (affrontement entre sunna et shiia) le commandent. Un peu d'histoire des religions rappelle simplement que les fitna successives entre califes, aspirants califes et maison du Prophète, sont une guerre civile... de religion. Ou plus précisément de recherche d'émergence de suprématie d'un courant religieux sur les autres sources de son temps.<br />
C'est là que se retrouve la discussion sur les sources du pouvoir en islam : entre réformes à visées sociales (le volet moderne de la contestation d'un ordre établi jugé inique) et la légitimation divine d'un nouvel ordre, dans le contexte des oscillations aporétiques entre tentation dynastique et remise en cause cyclique de ce pouvoir (illustrée par son terme dawla en arabe).<br />
Les héritages du découpage Sykes/Georges-Picot ne sont qu'un épiphénomène, tout au plus un catalyseur moderne. Des facteurs mais parmi d'autres dit votre invité.<br />
Quant à l'internationalisation, choisissez-vous le terme comme l'idée que les volontaires sont d'origines diverses et internationales, ou en parfaite concordance avec les brigades de la guerre d'Espagne de 1936 ?<br />
Parce que, si AQ est le komintern, si les bataillons de volontaires lui échappent, c'est donc le message d'adhésion qui prime sur la structuration... votre anecdote du turn-over opérationnel va dans ce sens. Guerre civile, mais pas de religion, de territorialisation d'un courant religieux. La déclaration du califat régional va dans ce sens.<br />
Il faudrait approfondir le sens que vous donnez à guerre civile.<br />
Par ailleurs, je ne trouve pas inintéressant d'interroger la notion foucaldienne de biopouvoir dans ce conflit de constitution d'un état, fût-il soi-disant islamique. La terreur sur les corps comme moyen de menacer et de montrer l'incapacité de l'adversaire à protéger ses administrés. La religion ne semble bien qu'un faux-nez rhétorique qui vise à annoncer son ancrage futur. Classique succession "guerre-territoire-Etat" puis administration, ici par la loi religieuse.<br />
Merci d'un éventuel retour.</p>
<p>ALC : Bien sûr, la fitna a toujours existé. Et oui, le sens original de "jihad" est d'abord spirituel. Mon propos vise simplement à constater que même dans l'acception occidentale courante de "jihad" (pour simplifier : guerrier islamiste) celui-ci est perçu contre "l'infidèle" et pas contre les autres musulmans. Les mêmes occidentaux ne savent pas, pour la plupart, ce qu'est la fitna.</p>
<p>Il reste qu'il y a une certaine différence, je crois (j'ai cru comprendre mais vous avez l'air beaucoup plus calé que moi) entre fitna et guerre civile. Là, mon approche est encore typiquement occidentale, utilisant des catégories "politiques" qui appartiennent au référent historique des Occidentaux. J'ai conscience du parti pris et l'assume.</p>
<p>Dès lors, je poursuis mes "analogies". Elles ne sont pas destinées à expliquer complètement un événement, mais à en saisir certaines caractéristiques. Dire que le "jihad" est une idéologie est ben évidemment réducteur, mais cela illustre un part certaine de la vérité. Évoquer les Brigades internationales est évidemment outré, mais permet de faire comprendre au lecteur les motivations de certains combattants (occidentaux mais pas seulement, loin de là, la majorité venant des pays d'islam) à rejoindre les islamistes en Syrie. Après, comparer AQ au Komintern, je ne suis pas allé jusque là mais filons l'analogie : il y avait plusieurs opposants à Franco : des communistes de stricte obédience, des anarcho-syndicalistes, des socialistes, peut-être même des trotskistes. Je connais mal l'histoire de la guerre d'Espagne mais crois me souvenir que tous ces groupes se chamaillaient sans arrêt, division qui permit, au moins en partie, à Franco de gagner. Vous avez dit Al Nusrah contre EIIL ? </p>
<p>Comparaison n'est pas raison, il reste que ces analogies permettent d'apercevoir des parts de vérité qui ne sont pas forcément explicités dans mainstream...</p>
<p>Quant à la territorialisation et Sykes Picot, très vaste sujet, essentiel mais qui nous entraînerait trop loin et risquerait de fatiguer le lecteur.... Au passage, je confesse ne pas connaître le biopouvoir de Foucault... D'un mot pourtant : oui, faux nez du religieux pour un projet qui est essentiellement politique. Je ne crois pas dire autre chose.</p>
<p>J'espère avoir répondu à une partie, au moins, de vos questions.</p>Jihad en terre d'islam ? Une guerre civile de religion, plutôt... - yves cadiouurn:md5:ad6d0659383b4b91fdeef329a2941db42014-06-27T10:45:02+02:002014-06-29T13:43:50+02:00yves cadiou<p>Au-delà de ce faux jihad, il y a quelques observations générales à faire sur les guerres irrégulières et sur nos “grilles de lecture”.<br />
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La comparaison avec les guerres de religions du XVIe siècle chrétien n'est pas entièrement satisfaisante parce qu'en Islam le chiisme est antérieur au choc de la modernité : il date du VIIe siècle. En Europe la Réforme apparut seulement après les grandes découvertes.<br />
Si l'on veut faire une analogie avec notre propre histoire, alors il faut se référer aux nombreuses périodes guerrières qui compromettaient la sécurité sur nos territoires. Ce fut le cas lors de presque toutes les guerres jusqu'à la fin du XIXe siècle, quand la soldatesque (et notamment ses déserteurs, livrés à eux-mêmes et agissant en bandes) vivait sur le pays, ce qui entraîna en France la création de la Gendarmerie. La guerre, si elle fut “en dentelle”, ne le fut pas pour tout le monde.<br />
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Voici où je veux en venir dans un premier temps : aujourd'hui encore, la caractéristique de toutes les guerres c'est qu'elles s'accompagnent d'anarchie et de banditisme sur les territoires où elles sévissent.<br />
“Bref, méfions-nous des grilles de lecture trop habituelles”, vous avez raison. Surtout n'oublions pas que dans les guerres dites irrégulières, le banditisme pur et simple se cache sous les étiquettes religieuses, politiques ou autres.</p>
<p>Notre personnel politico-médiatique n'aime guère parler de cet aspect des choses parce que ça jette la suspicion sur l'honnêteté des décisions d'intervenir militairement : en Afghanistan notre intervention a permis de multiplier par cinq la production de drogue (et donc son exportation vers nos contrées), activité criminelle contre laquelle le régime des Talibans s'était montré efficace. En Libye notre intervention a anéanti le plus fragile des Etats qui barraient la route vers l'Europe aux trafiquants de toutes sortes transitant par le Sahel (zone favorable aux transferts discrets de produits lucratifs venant de loin parce que la circulation, notamment aérienne, y est incontrôlée).</p>
<p>Certes, à chaque fois que possible nos décideurs diluent leur responsabilité au moyen de motions internationales. Mais ça ne suffit pas pour les exonérer : notamment pas la caution de l'ONU, où nombre d'ambassadeurs d'Etats faillis vendent leur vote au plus offrant.<br />
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Et voilà où je veux en venir dans un deuxième temps : en France nous avons tort de donner tous les cinq ans le pouvoir absolu, sous prétexte d'un “domaine réservé” qui est pourtant anticonstitutionnel, à une seule personne. D'autant plus tort que ce personnage est présélectionné par les partis politiques.<br />
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Le banditisme existe toujours en fond de tableau dans les guerres que l'on qualifie d'irrégulières. Pourtant le banditisme ne figure pas dans nos “grilles de lecture habituelles”. Il est temps de l'y intégrer et d'en tirer les conséquences chez nous quant au pouvoir que nous laissons aux partis politiques et à leur représentant d'intervenir en notre nom et à nos frais dans des guerres irrégulières.</p>