Egeablog - Mot-clé - Allemagne2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearLa patrie des frères Wernerurn:md5:252cf00db6732fe8e776216c1ca6f7ea2020-12-02T18:20:00+00:002020-12-03T18:11:54+00:00Olivier KempfBDAllemagneEspionnagefootballgéographieRDARFASportStasi<p>Voici une BD qui vaut le détour par deux thèmes rarement traités en BD : la RDA (République Démocratique d'Allemagne) d'une part, la géopolitique du football d'autre part.</p>
<p><img src="https:\/\/www.futuropolis.fr\/assets\/media\/cache\/cover_medium\/gallimard_img\/image\/F00194.jpg" alt="" /></p> <p>L'histoire est assez simple : deux frères (le plus vieux à peine adolescent) s'échappent de la chute de Berlin en 1945. Un peu plus tard, ils se font recruter par la STasi, l'agence d'espionnage du nouveau régime communiste est-allemand. Ce sont de bons éléments au point que l'un d'eux est envoyé en "immersion" dans le pays d'en face, la RFA. Il devient membre de l'équipe nationale de football. Son petit frère reste lui au pays et encadre l'équipe nationale de RDA. Mais les deux équipes vont se rencontrer en match de poule dans un affrontement fratricide et hautement politique. Quelles attitudes vont-ils tenir, alors qu'ils ne se sont pas vus depuis dix ans ?</p>
<p>J'ai beaucoup apprécié, le déroulé de l'histoire, qui mêle de façon harmonieuse le débat affectif et politique entre les deux frères mais aussi leurs relations avec leur hiérarchie et surtout, tout l'environnement de l'époque, celui des deux équipes et celui de la société ouest-allemande. C'est parfaitement troussé et on s'interroge jusqu'au bout de ce qui va advenir, aussi bine pour le match de foot que pour le destin de chacun.</p>
<p>Comme tout roman graphique, le dessin est bien fait sans être trop léché, mais pas pour autant négligé. On reconnait notamment très bien les portraits. Pour les amateurs de football, voir Beckenbauer en fayot intransigeant et Paul Breitner en militant gauchiste est un moment succulent (que je ne connaissais pas....</p>
<p>Enfin, cette page d'histoire qui intervient au moment de la détente et juste après l'Ost-Politiik est si rarement traitée en BD qu'elle vaut à elle seule le détour. Dernier point : c'est aussi un voyage à l'intérieur des mécanismes de la Stasi (mais sur ce sujet, il y a plusieurs films qui sont sortis, vous les connaissez sans doute).</p>
<p>Bref, bonne idée de cadeau pour Noël si vous avez un proche amateur de politique et de football... Ou seulement amateur de BD, d'ailleurs;</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2020/12/02/La-patrie-des-fr%C3%A8res-Werner#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2300Le bouleversement de Trump (ou Trump et la profondeur)urn:md5:8f570c5ad6b8969ad609064e44bef5742019-08-08T17:03:00+01:002019-08-08T17:03:00+01:00Olivier KempfEtats-UnisAllemagneCHineCrise de 2008Etats-UnisMondialisationTrump<p><em>Pour les cinq ans d'Echoradar, nous nous sommes fixés comme thème estival de choisir un événement géopolitique marquant de la dernière demi-décennie. Sans hésiter, j'ai choisi Trump car Trump est plus profond qu'il y paraît</em>.</p>
<p>Quel a été le plus important événement géopolitique de ces cinq dernières années ? Une telle question suggère qu’on a le recul suffisant pour apprécier la portée des événements. Or, il arrive que des événements passent inaperçus sur le moment et ne révèlent leur importance que dans la longue durée, surtout en matière géopolitique. Cette discipline privilégie en effet souvent une approche du temps long qui lui permet de déceler les grands mouvements tectoniques. De même, le qualificatif d’important pose difficulté : de quelle échelle s’agit-il ? pour qui est-ce important ? Par exemple, une vision française diffèrera d’une vision européenne, chinoise ou mondiale… Malgré toutes ces objections de méthode, risquons-nous.</p>
<p><img src="https://d.newsweek.com/en/full/623887/trump.jpg?w=737&f=2dca03a7089a4dc6b4d19ec7a40497a3" alt="" /></p>
<p>Source</p> <p>Car au fond, l’élection de Donald Trump en 2016 constitue bien un événement qui affecte tous les points de vue. De plus, il s’inscrit dans une histoire plus longue que les seules trois dernières années, car il vient concrétiser des tendances initiées par G W Bush (sur les relations transatlantiques) et B. Obama (sur le pivotement asiatique). Surtout, il affecte la première puissance globale, ayant des intérêts et des influences dans toutes les parties de la terre. Elle fut la seule depuis la fin de la Guerre froide même si on observe depuis une décennie la montée en puissance de la Chine. Mais la faillite de Lehman Brothers en 2008 ou la maîtrise du pouvoir chinois par Xi Jin Ping depuis 2013, qui pourraient constituer d’autres événements mondiaux, sont advenus avant la période considérée. Enfin, l’accession de Trump au pouvoir constitue autant la concrétisation d’une tendance préalable que l’établissement d’un nouveau cours géopolitique. C’est un tremblement de terre en ce qu’il est la résultante de pressions antérieures, tout comme il produit un nouvel état des choses profondément différent de ce qui existait avant et auquel on ne pourra pas revenir.</p>
<p><strong>La fin de la mondialisation heureuse</strong></p>
<p>Alain Minc, le gourou influent des puissants et des pouvoirs, quelle que soit leur couleur politique (signe peut-être de leur caractère incolore), avait inventé la notion de Mondialisation heureuse, dans un livre de 1997 (ici). Il poursuivait en cela les annonces de Fukuyama (La Fin de l’histoire) et du précurseur Robert Reich (L’économie mondialisée, 1991), avant le livre de Thomas Friedmann qui en 2006 annonçait : La terre est plate. Tous ces prophètes de bonheur écrivaient avant le crash de 2008 qui a constitué une profonde rupture : elle fut politique mais surtout, elle marqua le moment où l’on commença à douter de la mondialisation. Il y avait bien eu des débats auparavant mais ils opposaient de vieux gauchistes dénonçant un système capitaliste forcément critiquable et de jeunes réalistes qui, non contents de s’enrichir, se satisfaisaient de faire sortir la planète de la pauvreté : réunir richesse et confort moral, voici une situation inconnue quand on était libéral. Jusque-là, on avait le cynisme un peu gêné. Avec la mondialisation, tout allait pour le mieux.</p>
<p>Bien sûr, il y avait eu cet accident du référendum de 2005 où une majorité de Français (et de Néerlandais) avaient refusé la Constitution européenne. Ce fut vu à l’époque plus comme l’effet d’un retard (le fameux retard français, si ataviquement dénoncé par les esprits forts) que comme le signal faible de ce qui allait advenir. Au fond, le signal était trop fort pour être un signal.</p>
<p>Patatras ! La faillite de Lehman-Brothers lança une série de mauvaises nouvelles : crise financière, puis crise de l’euro, puis crise de l’Europe (mais il paraît que celle-ci est toujours en crise et que la crise l’aide à grandir et que donc ce n’est pas grave). Il reste que depuis 2008, beaucoup doutent des promesses de prospérité pour tous assurées par l’UE. Celle-ci reste soutenue dans l’opinion mais plus comme une défense que comme une ambition. On est passé du projet au repli. L’UE nous mettait dans le train de la mondialisation, la crise de cette dernière rétroagit sur le primat géoéconomique qui présidait à la construction européenne.</p>
<p>2008 fut aussi l’année du grand retournement en Chine. Plus exactement, ce fut le moment où le gouvernement chinois s’aperçut qu’il ne pouvait plus faire confiance à l’Occident : d’une part à cause de cette crise qu’il dut combler, pour sa part, avec un surcroît d’endettement (chose qu’on a oubliée) ; mais aussi à cause des nombreuses critiques qu’il reçut, alors qu’il organisait les JO de Pékin, à propos du Tibet libre (ce qu’explique très bien E. de La Maisonneuve, dans son dernier ouvrage Les défis chinois, qu’il faut impérativement lire si on veut comprendre stratégiquement quelque chose à la Chine contemporaine). Désormais, Pékin va réfléchir à une nouvelle manière d’ordonner le monde, plus conforme à ses intérêts et à sa vision et distincte de la « mondialisation », représentation géopolitique construite et véhiculée par l’Occident.</p>
<p>2008 fut enfin l’année de l’élection de B. Obama. Souvenez-vous, il fut vécu à la fois comme une rupture (le premier président noir) mais aussi comme un retour aux fondamentaux américains. On ne vit pas qu’il mit en œuvre résolument le « pivotement » (traduction exacte du pivot américain), c’est-à-dire la bascule de priorité géopolitique des Etats-Unis de l’Atlantique vers le Pacifique. Il le fit de façon polie et mesurée, rassurant ainsi les atlantistes européens, mais le mouvement était pris.</p>
<p>Ces trois constats indiquent que le retournement du monde avait commencé dès 2008. C’est pourquoi Trump n’est pas aussi nouveau ni surprenant qu’on l’a dit (on relira ici avec attention l’écho du bocal accordé sur le sujet par J. Ghez, un des meilleurs spécialistes français des Etats-Unis), même si son élection marque un tournant très important, rendant visible ce qui était présent mais latent.</p>
<p><strong>Les options radicales de Trump</strong></p>
<p>Provoquons : Trump est bien plus profond qu’on ne le croit.</p>
<p>Profond ne signifie pas ici qu’il est évolué, subtil, élaboré, cultivé, construit… Ces caractéristiques étaient celles de son prédécesseur et en cela, Trump diffère profondément de l’élégant 44ème POTUS. Mais avec sa brutalité, ses éruptions tweetesques, son manque de maîtrise de soi et tout simplement d’éducation, Trump manifeste quelque chose de beaucoup plus profond : il est en effet doté d’une intuition impressionnante, qualité qu’on n’enseigne pas à la faculté et que les analystes politiques peinent à reconnaître pour telle. Et pourtant, Trump est dotée d’une intuition très profonde qui explique d’ailleurs son succès électoral, mais aussi que malgré le bruit furieux dont sa présidence est environnée, elle ne se déroule pas si mal, permettant à « The Donald » d’avoir des chances sérieuses d’être réélu (à tout le moins, sa défaite est bien loin d’être assurée quand on observe le désastre idéologique qui prévaut dans le camp démocrate).</p>
<p>L’intuition, peut-être bien loin de la raison, mais vraie motivation pour l’action. Souvent, on ne voit que les voiles du bateau pour comprendre sa manœuvre. On oublie la quille alors que le profilage de celle-ci décide d’énormément de choses. L’intuition, c’est la quille des hommes d’Etat. Et elle est souvent omise dans le diagnostic politique et géopolitique.</p>
<p>Et sa première intuition est « globale », au sens à la fois anglais et français. Car il s’agit du rapport au monde et à la mondialisation (la globalization anglo-saxonne) : Trump dit d’abord que l’actuel mode de gouvernance de la planète ne convient plus aux Etats-Unis. La surprise est totale chez beaucoup, tant nous étions persuadés que la mondialisation se faisait justement au profit des Etats-Unis : c’est ainsi en tout cas que nous l’avions comprise, lorsqu’elle se mit en place après la guerre froide. Sauf que c’était vrai au début mais que peu à peu, d’autres en avaient tiré profit et notamment la Chine et l’Allemagne. Nous ne répéterons pas ici à quel point il y a à nouveau un problème allemand en Europe (voir La Vigie n° 115, ici). Force est de constater que l’Allemagne a su tirer profit de la mondialisation et imposer un déséquilibre majeur en Europe. Quant à la Chine, lancée dans un gigantesque rattrapage lancé par le maître Deng en 1979, plus personne ne doute qu’elle est une actrice majeure de cette mondialisation qu’on croyait américaine : si elle fut initiée au début par les États-Unis, à leur grande surprise d’autres en tirent de plus grands bénéfices.</p>
<p>Trump a donc délaissé les mantras qui nous ont bercé : celui de l’échange ricardien profitable à toutes les parties avec spécialisation dans le facteur de production le plus adéquat (ce dont les meilleurs économistes doutent désormais), ou encore celui du fameux gagnant-gagnant, où toutes les parties prennent avantage à un gâteau qui croît. Trump écoute son instinct, son intuition, dans une logique malthusienne : les gains sont limités et celui qui gagne quelque chose le fait aux dépens de l’autre. Cette utilisation maximale par d’autres des nouvelles règles du jeu (règles de l’échange) motive les récriminations de l’Américain à l’encontre des tricheurs (car pour lui, il y a logiquement une triche dans l’utilisation des règles à son profit).</p>
<p>Cette perception globale de la mondialisation entraîne les nouveaux rapports qu’il va introduire avec « les autres ». Ce sera donc deux rapports de force (la seule méthode qu’il connaît) avec d’un côté les Chinois, de l’autre les Européens. Ceux-ci se voient même accusés d’être des « ennemis », le mot révélant l’attitude psychologique de D. Trump.</p>
<p>Ce faisant, il bouscule un ordre du monde auquel nous étions habitués. Il introduit très précocement un rapport de force avec Pékin qui ne s’y attendait pas si tôt et demeure embarrassé : voici donc le président Xi obligé de faire un discours en faveur du libéralisme à Davos, louangé pour l’occasion par les nombreux partisans de l’ordre ancien (qui ignorèrent allégrement l’absence de libéralisme politique au sein de l’empire du milieu). Quant à Angela Merkel, elle connaît avec Trump une nouvelle déstabilisation qui vient marquer une fin de règne pour le moins difficile.</p>
<p>La remise en cause de la mondialisation pousse à celle du multilatéralisme. Bien sûr, tout le monde se lamentait hypocritement sur l’inefficacité de l’ONU dont chacun constatait la réforme impossible mais tout le monde s’en contentait. Trump passe outre et met bas les accords bilatéraux, TPP trans pacifique ou JCPOA iranien (et plus récemment, Traité Forces Nucléaires Intermédiaires). Même l’ALENA a été remis en cause au grand dam des voisins mexicains et canadiens.</p>
<p>De ce point de vue, les théâtres russes ou moyen-orientaux sont secondaires. Voyant chez Poutine un homme de force (le modèle le séduit) il n’hésite pas cependant (alors qu’il est accusé par ses adversaires démocrates d’en être l’otage) d’accroître les sanctions ou de sortir du FNI (probablement pour retrouver des moyens sur le théâtre chinois, il faut le noter). Quant au Moyen-Orient, il vise d’abord un formidable accord commercial avec le royaume séoudien, quitte à épouser les fantasmes anti-perses de ce dernier. Pour le reste, il n’hésite pas aux coups, notamment sur la question nord-coréenne même s’il se fait probablement duper par Kim.</p>
<p>Nous voici sortis du multilatéralisme : La politique trumpienne a installé un nouveau régime dual et même duel : il ne s’agit pourtant pas d’un nouveau régime bipolaire, comme du temps de la guerre froide. En effet, l’affrontement entre les Etats-Unis n’entraîne pas un alignement des puissances derrière les deux chefs de file. Certes, Pékin a lancé son initiative Ceinture et route (depuis 2013) mais la Russie ou l’Inde conservent leur quant-à-soi. Quant à l’Europe, elle se trouve particulièrement gênée devant la nouvelle configuration du monde. Il y a donc un bipôle relatif qui n’aligne pas même s’il structure.</p>
<p>On avait cru que le multilatéralisme, expression politique de la mondialisation économique, constituait la solution à la sortie de la guerre froide et de l’affrontement bipolaire. Force est de reconnaître que les deux sont en crise et que nous faisons désormais face à un système désordonné même si un affrontement principal entre deux géants constitue le fait marquant.</p>
<p>Trump est donc un formidable dynamiteur. Il est certes une conséquence (et on n‘insistera jamais assez sur la continuité qu’il a avec Obama, aussi bien sur la négligence envers l’Europe que sur la priorité donnée à la question chinoise) : il est aussi un détonateur et on ne reviendra jamais au statu quo ante.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2019/08/08/Le-bouleversement-de-Trump-%28ou-Trump-et-la-profondeur%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2261Les relations entre l'Allemagne et les Etats-Unis (Festival de Géopolitique)urn:md5:74909a2297aea2ddba645c82df189fda2018-03-24T11:35:00+00:002018-03-25T09:46:30+01:00Olivier KempfParoles orales et visuellesAllemagneEtats-UnisFestival GéopolitiqueGrenobleTrump <p>Je vous l'avais signalé (<a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2018/03/13/Relations-USA-Allemagne-%3A-tensions-sur-l-OTAN">ici</a>), j'ai participé la semaine dernière au 10ème festival de Géopolitique de Grenoble. Les organisateurs ont enregistré la conférence et mis en forme, la voici prête à être visionnée, 1heure (et 6 secondes) sur l'Allemagne et ses raports avec les Etats-Unis.</p>
<p><img src="http://focuscampus.blog.lemonde.fr/files/2018/03/6V1A0555.jpg" alt="" /></p>
<p><a href="https://www.youtube.com/watch?v=HybKjq_fr98">La vidéo de la conférence</a></p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2018/03/24/Les-relations-entre-l-Allemagne-et-les-Etats-Unis-%28Festival-de-G%C3%A9opolitique%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2173Relations USA - Allemagne : tensions sur l'OTANurn:md5:22625ad9ef6c316a3cf860e543935db12018-03-13T21:00:00+00:002018-03-13T21:01:49+00:00Olivier KempfColloques et conférencesAllemagneColloqueEtats-UnisGrenobleGéopolitiqueOTAN <p>J'ai le grand plaisir de revenir cette année au <a href="https://www.festivalgeopolitique.com/">Festival de Géopolitique de Grenoble</a>. Son thème : "Un 21ème siècle américain ?" IL commence mercredi 14 mars jusqu'à ce weekend.</p>
<p><img src="http://orientation.blog.lemonde.fr/files/2018/03/Estl229-Zoom.png" alt="" /></p>
<p><a href="https://www.festivalgeopolitique.com/programme">Programme</a></p>
<p>J'y serai dès vendredi soir et interviendrai samedi matin (dès 9h00) sur le sujet des relations entre Etats-Unis et Allemagne. Déjà beaucoup d'inscrits me dit l'organisateur : je laisserai donc une grande place aux questions que je devine nombreuses ! A vous y rencontrer avec plaisir.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2018/03/13/Relations-USA-Allemagne-%3A-tensions-sur-l-OTAN#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2172La crise des relations germano-américaines vue de Franceurn:md5:17639b35593a954eea5120a79e3c4f0b2017-07-10T21:11:00+01:002017-07-10T21:11:00+01:00Olivier KempfLivres et écritsAllemagneEtats-UnisEuropeFranceItalieLimes<p style="text-align: justify;">L'excellente <a href="http://www.limesonline.com/">Limes</a>, revue italienne de géopolitique dont il n'existe pas de vrai équivalent en France, m'a demandé un article pour sa <a href="http://www.limesonline.com/sommari-rivista/usa-germania-duello-per-leuropa">dernière livraison consacrée à la rivalité germano-américaine</a>. Elle m'autorise à publier ici la version française mais je vous incite à aller acquérir de toute urgence le numéro en italien car il vaut le détour, avec tout plein de cartes comme on les aime. De la géopolitique, je vous dis. OK</p>
<p style="text-align: justify;"><img alt="Copertina di Laura Canali" class="attachment-edicola-medium wp-post-image" height="522" src="http://www.limesonline.com/wp-content/uploads/2017/06/cover_517-370x522.jpg" width="370" /></p>
<p style="text-align: justify;"><a href="http://www.limesonline.com/wp-content/uploads/2017/06/cover_517-370x522.jpg">Source</a></p>
<div class="detail">
<h2 class="post-title"><a href="http://www.limesonline.com/cartaceo/la-francia-serve-a-berlino-contro-trump" title="LA FRANCIA SERVE A BERLINO CONTRO TRUMP">LA FRANCIA SERVE A BERLINO CONTRO TRUMP</a></h2>
<p>Parigi non è mai stata del tutto a suo agio né con gli Stati Uniti né con la Germania. Ma nello scontro fra i due può giocare da sponda per Angela Merkel. Con la speranza di ammorbidirne il rigorismo economico, condizione per far ripartire l’Esagono.<span class="pre_autore"> di Olivier Kempf</span></p>
</div> <p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les relations entre l’Europe et l’Amérique traversent une période délicate. On peut les ramener à une crise germano-américaine mais ce point de vue mérite, d’emblée, quelques précisions. En effet, il suppose que l’essentiel repose sur une relation bilatérale, selon le vieux vocabulaire des puissances. Il n’est pas faux mais il ne suffit pas. L’Allemagne est effectivement une puissance européenne importante mais c’est son rôle prééminent en Europe qui dépasse son seul cadre national qui intéresse les autres puissances du continent. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pourtant, si elle est indubitablement européenne, l’Allemagne moderne est aussi très américaine : le parrainage des États-Unis a en effet présidé à sa renaissance après la dernière guerre et il y a une reconnaissance permanente de la part des élites allemandes. Or, cette relation privilégiée a été profondément mise en cause par le nouveau président américain, Donald Trump à cause de son approche de la mondialisation. Vue de Paris, cette crise surprend mais l’élection d’E. Macron devrait susciter un renouveau de la relation franco-allemande et au-delà de la construction européenne, effet paradoxal des exigences du président américain.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">I Des relations germano-américaines marquées par l’histoire et l’économie</span></span></span></u></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’Allemagne apparaît en effet aujourd’hui comme le chef de file du continent. L’expression recouvre beaucoup d’ambiguïtés tant l’Allemagne prend soin à justement ne pas « diriger ». Il y a plusieurs raisons à cette abstention apparente. La première tient évidemment au poids de l’histoire. L’Allemagne porte encore la faute du III<sup>e</sup> Reich. Si elle a pu discuter la sanction de la Première Guerre mondiale (le fameux diktat de Versailles joua beaucoup dans la montée de l’extrémisme nazi), elle admet sans barguigner sa responsabilité majeure dans le déclenchement de la Seconde mais aussi les fautes de sa propre conduite totalitaire. De plus, l’Allemagne voulut conquérir l’Europe et ne laissa nulle part de bons souvenirs. Est-ce un hasard si régulièrement à Athènes, des manifestants dénoncent encore les atrocités nazies ? </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’Allemagne sait qu’elle devra durablement porter le fardeau de son histoire et que par conséquent son rôle européen devra constamment être abaissé. L’histoire récente force l’Allemagne à jouer « profil bas », dans une humilité structurante qui prend le pas sur sa place géographique au centre de l’Europe. On rappelle souvent que les pays font la politique de leur géographie, selon le mot attribué à Napoléon. Elle serait alors seulement européenne. Dans le cas de l’Allemagne, elle fait la politique de son histoire récente : à ce titre, elle dépend profondément des Américains. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le poids de l’histoire</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Or, son histoire récente est celle d’une rédemption qui passe par deux canaux : l’Europe (et la réconciliation franco-allemande) mais plus encore, l’alliance américaine. Il convient en effet de regarder les dates : l’immédiat après-guerre est d’abord vécu sous la crainte d’un sursaut allemand et d’une répétition du ressentiment des années 1920. Aussi les puissances européennes décident de mettre en place un système de sécurité initialement tourné contre l’Allemagne : traité franco-britannique de Dunkerque en 1947, élargi au Benelux en 1948 dans le cadre du traité de Bruxelles de l’Union Occidentale. L’Allemagne est alors occupée par les quatre puissances qui avaient gagné la guerre. Le coup de Prague et l’émergence d’une « guerre froide » en 1948 changent peu à peu les priorités. Ainsi, les Européens signent-ils avec les Etats-Unis le traité de Washington (l’Alliance Atlantique) en avril 1949 : l’Allemagne n’en est pas partie prenante et déjà, la question soviétique pèse sur la sécurité européenne. Cependant, ce traité est aussi le résultat du blocus de Berlin ouest qui dure de juin 1948 à mai 1949. La République Fédérale d’Allemagne est fondée le 23 mai 1949 à partir des trois zones occidentales, poussant les Soviétiques à créer la République Démocratique d’Allemagne en octobre de la même année. Ainsi, l’Allemagne contemporaine renaît grâce au parapluie américain. Politiquement, la RFA est peut-être un nain, mais elle existe à nouveau.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La crise de la Communauté Européenne de Défense (CED) apparaît trois ans plus tard, en 1952. En jeu, le réarmement de l’Allemagne. On pense au début à une armée européenne qui intégrerait des unités allemandes mais les Français, pourtant à l’origine du projet, se raidissent et la refusent en 1954. Là encore, l’insistance américaine joue à plein. La RFA adhère logiquement à l’Alliance Atlantique en mai 1955 entraînant la création par les Soviétiques du Pacte de Varsovie. L’Allemagne peut à nouveau jouer un rôle militaire, dix ans après la fin de la guerre, toujours grâce aux Américains ! Ceux-là seront encore présents au moment de la construction du mur de Berlin (1962) ou de la crise des euromissiles (1979). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce bref rappel historique démontre une chose : l’Allemagne contemporaine s’est toujours vue alliée aux États-Unis et n’a jamais cru à d’autres systèmes d’alliance. Ainsi, quand les Français proposent le traité de l’Elysée au début des années 1960, le Bundestag vote une résolution marquant qu’il sera toujours subordonné à l’alliance germano-américaine. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il y eut bien sur quelques tensions : l’<i>Ostpolitik</i> de Willy Brandt des années 1970 fut mal vue à ses débuts et la position commune franco-allemande (entre Chirac et Schröder) au moment de l’affaire d’Irak (2003) apparut à beaucoup comme la fin d’une époque. Cependant, dans la durée, ces petites escarmouches ne sauraient affecter une relation pérenne qu’Angela Merkel (élevée dans l’Allemagne de l’Est et peu encline à critiquer les Américains, perçus comme les vainqueurs de la Guerre froide et donc les libérateurs de l’Allemagne de l’Est), s’attacha à renforcer.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Géoéconomie allemande</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ceci étant dit, l’Allemagne trouva également confortable de ne pas « diriger » l’Europe, du moins pas de façon flagrante Car si l’Allemagne refuse la géopolitique, elle accepte volontiers la géoéconomie. C’est d’ailleurs sur ce point-là que le bât blesse avec l’Amérique.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Rappelons que c’est parce que l’Allemagne a une dette morale qu’elle n’a pas de dette économique. Le mot allemand <i>Schuld</i> veut dire à la fois « faute » et « dette ». Inconsciemment, pour les Allemands, ne pas avoir de dette c’est ne pas être en faute. D’autant que là encore, l’histoire allemande est cruelle : l’hyperinflation de 1923 est perçue aussi comme une conséquence des « dettes de guerre » décidée par le traité de Versailles au titre des réparations. Il est vrai que les deux efforts de guerre, allemand et français, avaient été gagés par de la dette et qu’au slogan « l’Allemagne paiera », si populaire en France, répondait celui de « la France paiera », tout aussi vivace entre 1914 et 1918 de l’autre côté du Rhin<a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/07/10/La-crise-des-relations-germano-am%C3%A9ricaines-vue-de-France#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[1]</span></span></span></a>. La fortune des armes décida. Rappelons au passage que si les « réparations » ont été décidées par le traité de Versailles, l’intransigeance américaine dans le paiement intégral de la dette a aussi beaucoup pesé en 1923 : le fait est aujourd’hui bien oublié en Europe mais il dénote un état d’esprit que l’on retrouve aujourd’hui chez Donald Trump.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Rappelons également le rôle américain dans la reconstruction monétaire de l’Allemagne après la guerre. Là encore, les dettes accumulées pendant la Deuxième Guerre mondiale étaient présentes et la pénurie faisait rage. Au cours de l’année 1947, les Américains préparent dans le plus grand secret la réforme monétaire qui aura lieu dans les trois zones occidentales (hors zone soviétique, donc). Le passage à un Deutsch Mark unique est annoncé en juin 1948 et il va permettre la réforme économique préparée par Ludwig Erhard, celui qui va orchestrer le « miracle allemand » et poser les bases de l’ordo-libéralisme. Ainsi, le pilier actuel de la puissance allemande, l’économie, trouve ses racines dans l’appui américain. Il permet également la création de la RFA un an plus tard. La monnaie précède l’Etat. Symboliquement, elle le crée.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ceci explique le culte allemand du Mark fort et l’obsession pour l’exportation. Ajoutons-y les réformes Schröder (dites Hardt IV) qui ont introduit, au début des années 2000, une forte dose de libéralisme qui a dans les faits pesé sur le coût du travail. Autrement dit, faible coût du travail, monnaie forte, excellente image de marque, obsession pour l’exportation : l’Allemagne s’est parfaitement adaptée à la mondialisation qui avait été organisée au cours des années 1990. Elle a su prendre le tournant de la concurrence chinoise au point qu’aujourd’hui, elle est la principale bénéficiaire avec la Chine (et l’Inde) de la mondialisation.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Mais ce triomphe pèse sur les partenaires de l’Allemagne, en Europe et aux États-Unis. Certaines puissances européennes ont bien essayé de secouer le cadre jugé trop rigide de l’euro ou des règles de Maastricht. L’honnêteté oblige à dire que là n’est pas l’essentiel mais dans la dissymétrie de puissance économique avec l’Allemagne, dans ses trop forts excédents et dans son manque de consommation intérieure. Au fond, l’Allemagne est tellement efficace que ses succès se nourrissent des difficultés des autres qui n’arrivent pas à tenir le rythme ou ne réussissent pas à effectuer des réformes : France, Italie, Espagne…. Mais c’est également le cas avec les États-Unis qui accumulent depuis des décennies des déficits énormes (avec le monde entier mais particulièrement l’Allemagne). La seule différence tient au dollar, à la puissance des nouveaux géants technologiques (GAFA et NATU) et à la puissance de la place financière américaine.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pour autant, l’équilibre est imparfait. C’est ce sentiment de déséquilibre qui anime le plus profondément Donald Trump. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">II Les difficiles relations entre MM<sup>me</sup> Trump et Merkel</span></span></span></u></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La remise en cause par Trump de la mondialisation</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les commentateurs se sont beaucoup interrogés sur la ligne politique de D. Trump. L’homme est en apparence imprévisible et en même temps bardé de certitudes. Sa communication par les tweets témoigne à la fois de beaucoup d’assurance et d’une profonde méconnaissance des affaires du monde. On l’a décrit populiste, réactionnaire voire fascisant. À rebours, observons tout d’abord qu’il n’y a aucune idéologie chez Trump. Chacun aura remarqué que ce n’est pas un intellectuel et qu’il n’en a pas la prétention. De même, ce n’est pas un homme politique classique, habitué aux campagnes électorales mais aussi aux nécessaires jeux d’alliance qu’il faut pratiquer pour composer, faire avancer ses dossiers, obtenir des soutiens et les échanger. C’est pourquoi lui attribuer des arrière-pensées extrémistes décrit mal sa personnalité. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il est cependant roué, intelligent malgré sa brutalité, habitué aux négociations commerciales dures. Cette expérience explique en grande partie son instinct politique. Celui-ci dénonce la mondialisation. Pour les observateurs du reste du monde, une telle attitude surprend tant la mondialisation est comprise comme ayant été initiée par les Américains et diffusant un modèle américain. Longtemps, on s’est interrogé sur l’hyper-puissance américaine. Or, force est de constater un certain déclin, justement de cette hyper-puissance. Autrement dit, même si les États-Unis demeurent une puissance globale (et probablement la seule à ce niveau), ils sont moins dominateurs qu’ils ont pu l’être. Leurs interventions militaires sont au mieux des demi-réussites, ils ne réussissent plus à dicter les ordres politiques comme avant, des États n’hésitent plus à contester ouvertement leur direction… Certes, le <i>smart-power</i> profite à l’Amérique et les entreprises du digital inventent un nouveau modèle économique qui assure une avance insoupçonnée aux États-Unis. Pourtant, même ces grandes sociétés posent problème à D. Trump car il y voit l’expression d’une certaine mondialisation, technologique il est vrai, mais favorisant à la fois la désindustrialisation et l’évasion fiscale.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Autrement dit encore, D. Trump n’est pas contre « la » mondialisation, mais contre cette mondialisation-là. Il la juge déséquilibrée et au désavantage des États-Unis et veut donc corriger la balance en faveur de ses intérêts nationaux. Voilà au fond le principe fondateur de sa politique étrangère. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cibler l’Allemagne</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cela hiérarchise ses priorités, une fois évacuées les outrances de la campagne électorale. Il s’agit tout d’abord de peser sur les principaux bénéficiaires de la mondialisation : la Chine et l’Allemagne. Cela impose des attitudes différentes puisque la Chine est un challenger quand l’Allemagne est un allié. Mais la Chine est plus puissante que l’Allemagne même si celle-ci s’appuie sur l’Europe. Aussi D. Trump voudra-t-il peser et négocier avec Pékin. Il se permet d’être beaucoup plus direct avec l’Europe en général, l’Allemagne en particulier.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">De ce côté-ci de l’Atlantique, on ne soupçonne pas à quel point les Américains perçoivent d’abord l’Europe au travers de l’Otan. Dans leur inconscient collectif, l’Otan est principalement une organisation européenne (quand dans notre propre inconscient collectif, l’Otan est l’affaire des Américains). Cela explique les remarques désobligeantes de Trump contre l’Otan (jugée obsolète pendant la campagne) mais aussi pourquoi, une fois les corrections diplomatiques effectuées (l’Otan n’est plus obsolète, dit-il après avoir rencontré le Secrétaire Général Stoltenberg), il continue sa pression : les Européens doivent payer plus pour leur défense. On voit précisément à quel point cette question du rééquilibrage est centrale dans la pensée de Trump. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce n’est pas un hasard si cette demande d’augmentation s’adresse prioritairement aux Allemands. En effet, les Britanniques sont épargnés parce que leur budget de défense est élevé et surtout parce qu’ils ont décidé le Brexit, augurant des relations renouvelées avec l’Amérique. Quant aux Français, ils jouent le jeu avec leurs interventions militaires en Afrique et au Moyen-Orient et leur efficacité prime sur le montant de leur budget (même si cela leur sera rappelé en temps utile). Mais les Allemands ont un niveau de à 1,18 % du PIB en 2016, ce qui est fort éloigné de l’objectif des 2% décidé par les Alliés lors du sommet de Galles en 2014.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Réponse allemande</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, au lendemain de sa première rencontre avec Mme Merkel, le 45<sup>ème</sup> POTUS déclara, le 18 mars 2017, que l’Allemagne doit « d’énormes sommes d’argent à l’OTAN ». Et dans un tweet, il ajoutait : « <i>Les États-Unis doivent être plus payés pour la défense très puissante et très coûteuse qu’ils fournissent à l’Allemagne</i> ». La chancelière a beau avoir annoncé que l’objectif des 2% sera atteint en 2024 et qu’elle a augmenté son budget de 1,4 milliards d’euro en 2017, rien n’y fait. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il reste que voir un budget de défense allemand porté à 60 milliards d’euros (cible des 2%) poserait à coup sûr de sérieuses difficultés en Europe. Le budget français est aujourd’hui à 32 milliards et il resterait en dessous des 50 milliards si lui aussi atteignait, dans les temps voulus, le seuil de 2%. Autrement dit, avec un budget à 60 milliards, l’Allemagne serait la première puissance militaire européenne. L’Allemagne en est bien consciente et M. Sigmar Gabriel, ministre des affaires étrangères, l’observa crûment le 1<sup>er</sup> mars lors d’une visite en Estonie : « </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce serait notre suprématie militaire en Europe et je pense que nos voisins n’aimeraient pas cela</span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> ». </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ceci explique la position allemande : tout le budget de défense ne doit d’abord pas être dédié à l’OTAN, ce qui sous-entend qu’il faut à la fois renforcer les moyens de l’UE mais aussi les moyens nationaux. Surtout, il faut réfléchir en termes de sécurité globale ce qui passe non seulement par la sécurité intérieure (lutte anti-terroriste notamment) mais aussi par l’aide au développement afin de résoudre au loin les difficultés sécuritaires et économiques et d’éviter qu’elles se dégradent et provoquent migrations et terrorismes.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">III Et la France ?</span></span></span></u></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La traditionnelle posture ambivalente française</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La France est traditionnellement mal à l’aise avec les deux puissances.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Elle a certes toujours soutenu les États-Unis (qui se souviennent peu que leur indépendance est largement due à l’appui du roi Louis XVI) mais cette amitié ancienne est toujours entachée de soupçons et récriminations. Certes, les Américains sont venus en 1917 ce qui contribua sans conteste à la victoire. Mais leur retrait rapide, leur dureté financière et la non-ratification du traité de Versailles sont couramment vus, du côté de Paris, comme la manifestation d’un manque qui explique en grande partie la crise économique des années 1930 mais aussi la montée du nazisme. De même, la libération du territoire avec les débarquements de 1944 est toujours célébrée avec pompe (les Français, comme tous les Européens de l’Ouest, croient n’avoir été libérés du nazisme que grâce aux Américains, oubliant l’effort incroyable fourni par les Soviétiques sur le front Est) mais l’ordre imposé à l’issue et le manque de soutien lors des guerres de décolonisation (Indochine, Suez, Algérie) provoquèrent le sursaut gaulliste, la recherche d’une indépendance et le pari nucléaire. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, pour les États-Unis, la France a toujours été un allié indocile. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Vis-à-vis de l’Allemagne, les relations sont encore plus compliquées. Elles viennent du fond de l’histoire : les Francs étaient des Germains qui se sont autonomisés dès le V<sup>e</sup> siècle, ce que l’on vit lors du partage de l’empire carolingien en 843 (Charlemagne est revendiqué par les deux nations). Toutefois, au cours des siècles, l’Allemagne resta le plus souvent désunie : Saint-Empire Romain Germanique et empire austro-hongrois assuraient une complexité des affaires allemandes qui convenait tout à fait à Paris. Paradoxalement, ce furent les Français qui lancèrent l’unification allemande. La bataille d’Iéna en 1806 lança la prise de conscience par l’Allemagne de la nécessité de s’unifier : y assistent Hegel et Clausewitz tandis que Fichte prononce son <i>Discours à la nation allemande</i> en 1807 à la suite de l’invasion du pays par Napoléon. Le reste du XIX<sup>e</sup> siècle écrit l’histoire de cette unification achevée à Versailles en 1871. L’empereur croit alors clore une longue prise de conscience. Il ouvre simultanément les germes d’une discorde profonde qui donnera deux guerres mondiales.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Face à un tel passif bi-séculaire, la réconciliation franco-allemande constitue une nouvelle option. Elle est rendue possible par les deux défaites : celle des Français en 1940, celle des Allemands en 1945. Certes, la méfiance dure dix ans, jusqu’à l’échec de la CED. Mais dès 1950, le discours de l’horloge par Robert Schuman lance les germes d’un autre projet, celui de la construction européenne. On en connaît les étapes (CECA en 1951, CEE en 1957, Acte unique en 1986, Maastricht en 1992, Euro en 2002).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il est surtout rendu possible par la trajectoire française : en effet, la fin de la décolonisation au bout des années 1950 et l’arrivée du général De Gaulle obligent à trouver une nouvelle voie géopolitique : ce sera l’Europe et le nucléaire. Autrement dit, alors que la France suit à peu près le dynamisme économique allemand, elle compense son retard par sa puissance militaire et diplomatique. La France équilibre son grandissant retard économique, rendu patent avec la crise pétrolière des années 1970, par sa position politique et stratégique.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La rupture des années 2000</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce système fonctionna bien jusqu’au milieu des années 2000. Plusieurs éléments affaiblirent cet équilibre. En premier lieu, les réformes économiques allemandes déjà mentionnées aggravèrent la disparité de compétitivité. Ensuite, le référendum sur la Constitution européenne, refusé en 2005 par les Français, fut approuvé technocratiquement par le traité de Lisbonne en 2006, portant un coup à la réputation démocratique de l’UE. Enfin, la crise de 2008 fut comprise par beaucoup comme la preuve que l’UE et l’ouverture économique ne protégeaient pas contre les chocs.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Du côté des relations franco-américaines, les choses évoluèrent différemment. Après la tension maximale à cause de l’affaire d’Irak (en 2003, le <i>French Bashing</i> atteint des sommets outre-Atlantique), la France se raccommoda peu à peu avec l’Amérique. Le philo-américanisme d’un Sarkozy joua beaucoup, lui qui décida sans prévenir de rejoindre le commandement militaire intégré de l’Otan. Son successeur, François Hollande, renoua avec la tradition atlantiste des socialistes français et ne modifia pas la ligne de son successeur. Au fond, une grande part des élites françaises était néo-conservatrice et s’accommodait bien d’un certain interventionnisme, que ce soit en Libye (2011) ou en Syrie (2013, lorsque F. Hollande était prêt à bombarder Damas ce que B. Obama refusa au dernier moment). De même, les interventions françaises en Afrique furent appuyées par les Américains qui y virent un fort moyen de consolider l’endiguement des djihadistes du Sahel. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, la France devint finalement plus à l’aise avec les Américains et plus gênée avec l’Allemagne qu’il lui fallait pourtant suivre. Chacun a pu voir l’épuisement du « moteur franco-allemand » et son incapacité à tirer l’Europe. De même, tout le monde a noté la discrétion française au moment de la crise des migrants lorsqu’Angela Merkel se débattait avec une opposition intérieure très vive. Le Premier Ministre français, Manuel Valls, avait eu des mots assez durs laissant à l’Allemagne ses responsabilités. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Par conséquent, vu de Paris, il y avait une certaine disjonction d’intérêts. La France était obligée de suivre l’Allemagne sur l’orthodoxie européenne (budgétaire) mais s’accommodait de la politique d’Obama. Elle réussissait à capitaliser sur sa puissance politique et militaire auprès des États-Unis pour compenser sa faiblesse économique, d’autant que ce n’était pas un critère déterminant pour Washington à l’époque.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le cycle électoral 2016-2017</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">En quelques mois, énormément de choses ont changé. La Grande-Bretagne a voté sa sortie de l’Union Européenne, ce qui redistribue les équilibres européens : en effet, les trois capitales (Berlin, Londres et Paris) jouaient un jeu presque vaudevillesque de relations bilatérales pour contrer la puissance supposée du troisième. Ce schéma de comédie disparaît avec la mise à l’écart du troisième : Berlin et Paris sont désormais obligés de se rapprocher, pour la simple nécessité de préserver l’acquis européen qui autrement se déliterait rapidement, d’autant que les populismes sont en force partout, comme on l’a vu dans toutes les récentes élections. Dès lors, les deux sont obligés de composer et de faire des efforts pour ici adoucir des règles trop rigides, là trouver un nouveau projet mobilisateur. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Peu après, Donald Trump était élu. Comme on l’a dit, il est moins politique et plus porté sur les questions économiques. S’il vise l’Allemagne, c’est au fond le rival européen qu’il cible. Dès lors, la coopération bilatérale franco-américaine peut perdurer dans le champ militaire, l’essentiel se situe sur le terrain politique et économique. D. Trump s’était de plus déclaré assez partisan de M<sup>me</sup> Le Pen, y voyant le pétard final qui allait achever l’UE, après la détonation du Brexit.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">C’est ici qu’intervient le troisième choc, celui de l’élection surprenante d’E. Macron. Pétri de culture économique, partisan de l’UE qu’il a défendue tout au long de la campagne, promoteur de réformes libérales, il est finalement assez proche de l’ordo-libéralisme allemand et du pragmatisme américain. Il n’a en tout cas aucun complexe, ce qui change beaucoup des mentalités du personnel politique français. Simultanément, c’est peu de dire qu’il ne goûte pas la posture de Donald Trump. Aussi va-t-il très rapidement rejoindre M<sup>me</sup> Merkel pour organiser un front commun. Celui-ci pourra survivre aux élections allemandes de l’automne puisqu’entre Angela Merkel et Martin Schultz, peu de différences essentielles se font jour, vues de Paris. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pour Berlin, l’arrivée d’E. Macron est une divine surprise. Alors que l’Allemagne était en difficulté avec Washington, voici que le couple franco-allemand pourra afficher un front uni face à la Maison Blanche. D’une certaine façon, les exigences de Trump vont forcer l’UE à se réformer, ce qui semble d’autant plus possible qu’enfin elle sort d’une terrible décennie économique passée à digérer les excès de la crise de 2008. Partout en effet, les taux de croissance reviennent en Europe, tout comme l’investissement, ce qui laisse augurer enfin d’une baisse du chômage. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cet alignement des planètes économiques et politiques constitue une grande surprise. Il reste aux dirigeants des deux pays de savoir en tirer profit.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"> </p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Olivier Kempf</span></span></span></p>
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<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/07/10/La-crise-des-relations-germano-am%C3%A9ricaines-vue-de-France#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri","sans-serif"">[1]</span></span></span></a> Voir <i>La Tribune</i>, Comment 90 ans après l’hyperinflation pèse dans la conscience allemande, 18 novembre 2013, <a href="http://www.latribune.fr/espace-abonnes/la-chronique-du-jour/20131118trib000796341/comment-90-ans-apres-l-hyperinflation-pese-dans-la-conscience-allemande.html">http://www.latribune.fr/espace-abonnes/la-chronique-du-jour/20131118trib000796341/comment-90-ans-apres-l-hyperinflation-pese-dans-la-conscience-allemande.html</a> . Voir également Frederick Taylor<b>, </b><i>The Downfall of Money</i><b>, </b>Bloomsbury 2013, 432 pages.</p>
</div>
</div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/07/10/La-crise-des-relations-germano-am%C3%A9ricaines-vue-de-France#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/214117/16 Otan et Russie, Obama et l'Europe, îlots divers et Ukraine, affiches et liberté d'expressionurn:md5:916c679beef85440d8241aeccb1764ba2016-04-24T21:54:00+02:002016-04-24T21:54:00+02:00adminMiscellanéesAllemagneEgyptefrontièresGrande-BretagneISraëlObamaOTANRUssieTurquieUkraine<p>Conseil OTAN-Russie. Ce n'était qu'une réunion sans grand objet mais l'important n'était pas là, mais dans sa tenue. Le titre du Monde était excellent (vous noterez que je ne dis pas toujours du mal du Monde) : "un dégel glacial". Les uns et les autres se sont dit leurs quatre vérités, l’important étant qu'ils puissent se le dire. Ce n'est pas un retour à la normalité ou à la coopération (il est encore trop tôt pour cela) mais un petit signe, supplémentaire, du retour de la Russie dans le dialogue international. On s'éloigne encore, s'il était besoin de le signaler, de "l'isolement" de la Russie. Enfin, on notera que la diplomatie française, par la voix de M. Ayraut, a demandé une nouvelle réunion du COR "avant le sommet" (qui est prévu début juillet). Autrement dit, la France pousse les feux pour cette normalisation. Il faut dire qu'elle est membre du format Normandie qui préside aux accords de Minsk et qu'elle voit l'utilité de la Russie en Syrie, tout en se sentant bien moins préoccupée par le réarmement russe que ne peuvent l'être les PECO. Cette petite initiative, qui n'aura pas été remarquée par la plupart, confirme en tout cas le changement de ton depuis le départ de M. Fabius.</p>
<p><img src="https://pbs.twimg.com/media/CgysmnfXEAAeEFy.jpg" alt="" /> <a href="https://twitter.com/ATA_Macedonia/status/724143436555800576">source</a></p> <p><strong>Pensées fugaces</strong></p>
<p>Allez! mon petit quart d'heure révolutionnaire. L'affiche de la CGT brocardant les CRS n'est pas du meilleur goût mai enfin, souvenez-vous : il y a un an, que n'a-t-on entendu après Charlie sur le "droit à blasphémer" et ce genre de choses ? Les mêmes, un an plus tard, s'époumonent et s'indignent : "de quoi, dire du mal des policiers" ? Cherchez la contradiction. Il est loin le temps où l'on trouvait "super" le slogan de mai 68 "CRS - SS". Le plus drôle et que ce soit un gouvernement de gauche qui clame le plus son indignation. Mais il n'est pas à une contradiction près. Où sont les "Je suis Charlie" ?</p>
<p>Tant qu'on y est, l'observateur appréciera les revirements de notre ministère de l’intérieur qui, il y a quatre mois, ne cessait de louer la qualité des services d'intervention ("Circulez, il n'y a rien à voir") alors que chacun notait les mirifiques succès du Raid ou de la BRI qui intervenaient tard, avaient du mal à faire sauter des explosifs le long d'une porte et défouraillaient à tout va contre un terroriste armé au mieux d'un pistolet (5000 cartouches, puis finalement 1500, pour arriver à une démolition d'immeuble). Ailleurs, dans un monde normal, le patron de l'unité en question aurait été rapidement débarqué. Et puis voici que cette semaine on apprend qu'il est nécessaire de procéder à une réarticulation desdits services, comme ça, l'air de rien, toujours sur l'air de la normalité assumée ("Il y a quelque chose à voir ?"). Ça ne trompe personne sauf peut-être Emilie qui regarde placidement la télé. Je dois certainement faire du mauvais esprit et voir le mal où il n'est pas.</p>
<p>Angela Merkel <a href="http://www.lorientlejour.com/article/982682/berlin-veut-des-zones-de-securite-en-syrie-pres-de-la-turquie.html">vient de se prononcer</a> en faveur de l'établissement de zones de sécurité en Syrie pour que les réfugiés y trouvent un abri. Elle rejoint ainsi la position ancienne de la Turquie sur la question, marquant par là un alignement allemand sur la ligne turque. Cela constitue un nouveau pas de la profonde réorientation allemande, en réponse à la crise des réfugiés. Mme Merkel a ainsi passé une alliance profonde avec la Turquie et la Grèce pour contenir le flot de réfugiés qui venait d'Anatolie et au-delà, du Moyen-Orient. Elle échange un soutien financier à Athènes contre la retenue des migrants. Accessoirement, constatons que le "front du blocage" orchestré par l'Autriche contribue, sans le dire, à cette stratégie. Vous avez dit "realpolitik" ?</p>
<p>Avec la Turquie, l'alignement est plus frappant encore. L'Allemagne dit oui à toutes les revendications turques (libéralisation des visas, transferts monétaires, etc.) et les fait avaliser sans réelle opposition par les "institutions" européennes. La déclaration de samedi n'est qu'une étape supplémentaire dans cette politique. La Turquie a bien raison de constater que "l'UE a plus besoin de nous que nous n'avons besoin de l'UE".</p>
<p>Puisqu'on parle de l'Autriche, les élections de ce soir donnent l'extrême droite à 36 % , les partis traditionnels éliminés, une candidate indépendante ou un Vert historique qualifié pour le deuxième tour. Pourtant, le gouvernement autrichien n'avait pas cessé de durcir le ton, menaçant de bloquer aussi la frontière avec l'Italie, y compris sur le Brenner, au risque de bloquer tout le trafic transalpin. On a d'ailleurs eu une manifestation italienne ce jour sur ledit Brenner, stoppée par la police autrichienne (même si quelques manifestants sont entrés en force sur le territoire autrichien). Tout ceci se passe en Europe aujourd'hui. Ce n'est plus le début de la fin, mais la fin du début.</p>
<p>Obama et le Brexit : le président Obama est donc venu prononcer à Londres un discours opposé au Brexit. On ne s'étonnera pas de l'éventuelle ingérence dans les affaires de politique intérieure d'un pays, tant ce principe appartient désormais au passé. Accessoirement, cette question de politique intérieure se porte sur une posture essentielle de politique extérieure, il est donc assez "normal" que les puissances extérieures s'expriment aussi. Obama appuie là où cela fait mal : une GB dégagée de l'UE n'aurait pas forcément de meilleures options stratégiques, notamment avec le grand allié. Cela tient du constat, si l'on se place du strict point de vue britannique. L'important ne me semble pas là : simplement, cette prise de position témoigne à quel point l'UE appartient à la sphère américaine et est devenue un agent essentiel de l'atlantisme. Ceci devrait sonner comme un signal de rappel à tous ceux qui voient dans la construction européenne le moyen d'une plus grande indépendance, sans même parler de ceux qui se désolent du manque de géopolitique de l'UE. Enfin, elle témoigne de la profonde inquiétude de l'ensemble de cet établissement transatlantique envers l'affaiblissement européen en général, qui serait irrémédiablement renforcé avec un départ britannique. Là aussi, on est dans le constat.</p>
<p>Le même Obama qui va ensuite dire en Allemagne que Merkel a raison sur toute la la ligne. Décidément, il est loin son début de mandat où il pensait que l'Europe n'est ni le problème, ni la solution. Aujourd’hui, elle est clairement un problème, pas seulement pour elle, mais aussi pour le grand allié.</p>
<p>En parlant d’Israël et d’annexions, on avait plutôt à l’esprit les colonies implantées en Cisjordanie, sur le territoire du futur et très hypothétique Etat palestinien. Aussi, la déclaration de B. Netanyahou change-t-elle de « front » : il déclare que l’occupation du Golan n’est pas négociable, autrement dit que ce plateau, nommément syrien, fait désormais partie du territoire israélien. Autrement dit, il s’agit d’une annexion, qui ne suscite pas plus de réactions que cela. Il reste que cela confirme un mouvement de fond qui est en train de se dérouler au Proche-Orient (et ailleurs) : celui des modifications de frontières, le plus souvent par la force. Il s’est agi bien sûr des projets de l’État Islamique qui avait abattu le mur de sable séparant la Syrie et l’Irak ; ou encore de l’échange subreptice de quelques îles de la mer Rouge, passées d’Égypte en Arabie.</p>
<p>Ces phénomènes sont inquiétants. D’une part parce qu’ils interviennent dans une région qui connaît déjà la violence armée à grande échelle, où les Etats sont faibles et où personne n’aurait à gagner à une gigantesque révision. Au-delà du Proche Orient, ces signes manifestent surtout des atteintes répétées au dogme de l’intangibilité des frontières, ce qu’on a déjà observé en Crimée ou en mer de Chine du sud. Ce qui est pour le coup très inquiétant, puisque cela ouvre la voie à toutes sortes d’actions armées afin de se saisir de tel ou tel bout de territoire, que l’on présentera bien sûr faire « historiquement partie du pays » (voir mot bobo ci-dessous).</p>
<p>Au passage, constatons que le transfert des îles égyptiennes à l’Arabie n’a pu se faire sans l’approbation d’Israël, qui a été mis dans la confidence des négociations. Pour mémoire, le traité de paix israélo-égyptien qui règle la question du Sinaï interdisait toute modification de frontière. Tel-Aviv s’est longtemps opposé à cet échange : voici qu’il l’approuve. Signe du bel alignement de vue stratégique entre les trois pays, <a href="http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2016/04/israel-al-sisi-egypt-saudi-arabia-islands-transfer-alliance.html">ce que remarque Al Monitor</a>. Qui explique deux choses : d’une part, l’alliance entre sunnites et israéliens contre les deux empires de la région, l’Iran et la Turquie (cela, tout le monde l’avait remarqué) ; d’autre part, la possibilité de futurs échanges de territoires entre Israël et l’Égypte (voire la Jordanie) pour résoudre la question palestinienne. Fichtre ! On n’en est pas là mais ces îlots ne sont pas anodins.</p>
<p>Puisqu’on parle d’îlots : la Chine continue donc son aménagement des îles, îlots et récifs de la mer de Chine méridionale, au grand dam des pays riverains mais aussi des Américains. Ainsi, des avions de ligne ont atterri sur un des îlots nouvellement aménagés, signe des capacités de la piste. Toutefois, la priorité semble donnée au nord de la zone, principalement autour de l’archipel des Paracels. En effet, cette zone se trouve juste au sud de l’ile de Hainan où sont stationnés les sous-marins nucléaires chinois. La vraie raison est là : donner une profondeur stratégique à cet outil essentiel de la dissuasion chinoise, en grande voie de modernisation. Cela explique la brutalité chinoise qui pratique à grande échelle le fait accompli.</p>
<p>Ukraine : ainsi, le PM Yatsenouk a démissionné, carbonisé dans les luttes picrocholines de la « scène politique ukrainienne », qui fait passer le théâtre d’avant-garde pour des bluettes émoustillant les rosières du XIXème siècle. Un nouveau PM est appelé à régner. A régner ? Plutôt à équilibrer entre les différentes tendances à l’œuvre, tout en étant l’homme lige de Porochenko. Il n’a pas beaucoup de marges de manœuvre, le pauvre, encore moins de marges de réformes. Son seul mérite : éviter de nouvelles élections parlementaires et donner un interlocuteur vaguement présentable lors des négociations avec les bailleurs internationaux. Au fond, dans ce théâtre d’ombres, tout le monde doit faire semblant que la « jeune démocratie ukrainienne, se débattant dans des difficultés difficiles, poursuit néanmoins son chemin vers le progrès ». D’accord on ne mettrait aujourd’hui pas le mot « progrès » dans cette langue de bois puisque progrès, c’est un peu passé de mode chez les communicants. Mais peu importe : le prétexte sera là pour, en fronçant les sourcils, continuer à perfuser le pays failli et payer par là une « stabilité minimale » qui consiste surtout à éviter de nouveaux troubles sociaux qui feraient la une des journaux et forceraient à faire semblant de s’occuper de l’Ukraine. En fait, l’Ouest paye pour qu’on le laisse tranquille. La corruption continuera comme devant et le peuple sera insatisfait.</p>
<p><strong>Articles, sites et liens</strong></p>
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<li><a href="http://www.thestrategybridge.com/the-bridge/2015/12/29/why-saudi-arabia-may-be-the-next-syria">Why Saudi Arabia May Be the Next Syria</a></li>
<li><a href="http://www.causeur.fr/antiterrorisme-armee-sentinelle-37868.html">Antiterrorisme: le syndrome des tranchées</a></li>
<li>François Hollande est un grand homme, un grand leader. C'est <a href="http://time.com/4301844/francois-hollande-2016-time-100/">BHL qui le dit</a>. Et il le dit sérieusement (c'est du BHL) avec l'air de le penser.</li>
<li><a href="http://www.lesechos.fr/journal20160419/lec2_industrie_et_services/021849379186-les-geants-de-la-defense-poussent-leurs-pions-dans-la-cybersecurite-1214713.php#">Les géants de la défense poussent leurs pions dans la cybersécurité</a></li>
<li><a href="http://galacteros.over-blog.com/2016/04/les-porte-avions-sont-ils-devenus-des-cimetieres-flottants.html">Les porte-avions sont-ils devenus des cimetières flottants ?</a></li>
</ul>
<p><strong>Mot bobo</strong></p>
<p>Droits historiques</p>
<p><strong>Mot gourmand</strong></p>
<p>Intérêts de puissance</p>
<p><strong>Culture</strong></p>
<p>Nous sommes allés voir (avec Mme Le Chardon) "Médecin de campagne". Je craignais un de ces films un peu franchouillards qui dressent le tableau d'une France disparue, où pâturage et labourage sont les mamelles etc. J'ai été agréablement surpris de voir une France rurale qui n'est pas simplement agricole mais péri-urbaine, où la proximité de la grande ville et du monde moderne est évidente, mais où les gens simples qui habitent dans ces territoires étendus ont des difficultés liées à un relatif éloignement et à l'espace. Car voilà au fond l'enjeu de ce "monde rural" : celui de l'occupation des territoires, ces zones "vides" entre grandes métropoles où désormais "tout" se fait. De ce point de vue, le film est très bien ficelé, sobre, évitant tout pathos larmoyant, suggérant énormément de choses, tout de sentiments contenus. Très bon jeu d'acteurs. Une belle surprise d'intelligence.</p>
<p><strong>Événements</strong></p>
<p><ins>28 avril</ins> ANAJ IHEDN. <ins>Influence et la protection de la gastronomie française</ins>. Michel DURRIEU Directeur de la Sous-Direction du Tourisme Direction des entreprises, de l’économie internationale et de la promotion du tourisme Ministère des Affaires étrangères et du Développement international Claude DUCHEMIN Chef de bureau – Qualité et valorisation des denrées alimentaires Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes Fabien ROUILLARD Ex-chef pâtissier de Fauchon Laetitia GOUTTENOIRE Fondation Paul Bocuse Modérateur : Ali LAIDI Journaliste chez France 24 Chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) Jeudi 28 avril 2016 19h30 à 21h30 Ecole militaire Amphithéâtre Des Vallières. <a href="http://link.simple-mail.fr/c/443/496056f11d97c3d0c285f84a697de860d6709bc9251cf5c2c980f2be379f84fe">Inscritions</a></p>
<p><ins>23 mai</ins> Dans le cadre des "Lundi de l'IE", organisés par le Cercle d'Intelligence Economique du MEDEF ILE-DE-FRANCE, : <ins>Le phénomène blockchain quels enjeux, quels usages ?</ins> Lundi 23 mai de 18h00 à 20h00 (Accueil à partir de 17h30). Intervenants : • Introduction par Henri d'Agrain, Directeur général du Centre du CHECy; • Blockchain et cryptomonnaies par un auditeur du comité 1 ; • Blockchain et "contrats intelligents" par un auditeur du comité 2 ; • Blockchain et "organisations autonomes distribuées" par un auditeur du comité 3. Lieu : MEDEF IDF - Salle Pradeau (niveau -1) 10 rue du Débarcadère, 75017 Paris Participation gratuite - Inscription obligatoire b.laurent@medefhautsdeseine.org</p>
<p><ins>25 mai</ins> Cesdip & Université de Montréal. <ins>Colloque « Cybercriminalité »</ins> Le 25 mai 2016 de 9h00 à 16h00 Lieu : Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH), 190-196, Avenue de France, 75013, Paris. Salle 638, 6° étage. <a href="http://www.gern-cnrs.com/programme/projet-nouvelles-technologies/cybercriminalite">Programme</a> Inscription obligatoire par mail à daniel.ventre(a)cesdip.fr</p>
<p>A. Le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/04/24/17/16#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2554L’opération Anarchist vue d’Allemagne : quel drone adopter ? (T. Wattelle)urn:md5:33021e80f6444231f7a5ce235aeabd992016-03-04T20:59:00+00:002016-03-05T14:39:41+00:00Olivier KempfIsraëlAllemagnedroneEspionnageEtats-UnisHeronIsraëlNSAROyaume-UniSnowden<p>L'opération <em>Anarchist</em> a été récemment révélé par <em>The Intercept</em>, le journal en ligne de Glenn Greenwald, sur la base de révélations Snowden (<a href="https://theintercept.com/2016/01/28/hacked-images-from-israels-drone-fleet/">voir ici</a> : les Américains et les anglais auraient observé pendant de nombreuses années les évolutions opérationnelles du drone israélien Heron. Or, l'Allemagne a décidé d'acheter les mêmes drones. Quelles conséquences <em>Anarchist</em> aura-t-il sur ce contrat ? C'est l'analyse que nous propose Tancrède Wattelle. Merci à lui. O. Kempf</p>
<p><img src="http://media.defenceindustrydaily.com/images/AIR_UAV_Heron-TP_Israeli_lg.jpg" alt="" /> <a href="http://media.defenceindustrydaily.com/images/AIR_UAV_Heron-TP_Israeli_lg.jpg">Source</a></p> <p><em>Un « tremblement de terre »</em></p>
<p>Considérée comme l’une des pires failles du renseignement israélien, l’existence de l’opération Anarchist est révélée en janvier 2016 par une étude poussée des documents publiés par Edward Snowden. Lancé en 1998, ce pilier de la coopération suivie entre la NSA américaine et le GCHQ britannique a notamment consisté dans la surveillance des mouvements de troupes israéliens durant leurs différentes offensives et opérations contre le Liban (2006) ou la bande de Gaza (2008, 2012, 2014). Le piratage de ces données, mais aussi d’autres systèmes de communication égyptiens, turcs, iraniens ou syriens permit entre autres d’obtenir des images précieuses d’un drone de fabrication iranienne. A partir de la base aérienne britannique de Troudos (Chypre), Londres et Washington visaient en particulier les communications pourtant cryptées entre les drones israéliens et leur centre de commande. Les techniques employées relevaient parfois d’une simplicité étonnante. Ainsi, au lieu d’employer des moyens lourds pour décrypter les données, les intercepteurs ont préféré utiliser des logiciels connus comme <em>ImageMagick</em> ou <em>AntiSky</em> pour regrouper les pixels et ainsi reconstituer les photographies aériennes prises par les drones. De plus, un rapport de 2010 du GCHQ notait qu’il était possible mais difficile d’avoir accès aux vidéos prises en direct par les engins. Durant l’opération israélienne dans la bande de Gaza (2008), les Britanniques réussirent même à obtenir une vidéo de 14 secondes du cockpit d’un F-16 en mission de bombardement. En plus des drones et des avions de combat, une attention particulière était portée à l’utilisation de missiles <em>Black Sparrow</em>.</p>
<p>De même, le mouvement des drones israélien était surveillé depuis la base satellite de Menwith Hill, connu pour être un haut lieu du système ECHELON (1), mais aussi d’interopérabilité et de coopération anglo-américaine en termes de surveillance des communications. En plus de cela, l’un des documents qui a fuité indiquait un intérêt certain pour le retour d’expérience issu de l’utilisation sur le terrain de ces drones à des fins commerciales. En effet, les concurrents du drone israélien <em>Heron TP</em> ne sont autres que les américains <em>Reaper</em> et <em>Predator</em> (produits par <em>General Atomics</em>), les trois étant en concurrence pour de nombreux marchés, notamment en France, aux Pays-Bas et en Allemagne.</p>
<p><em>L’Allemagne achète israélien</em></p>
<p>En effet, en attendant l’aboutissement du projet de drone MALE (2) tripartite (France, Allemagne, Italie), la ministre de la défense Ursula von der Leyen a annoncé le 12 janvier dernier que son pays allait acquérir entre 3 et 5 drones <em>Heron TP</em> auprès de son constructeur <em>IAI</em>. Si cette décision a surpris ses partenaires européens qui se sont tous positionnés pour le MQ-9 <em>Reaper</em>, elle s’inscrit dans la continuité d’un partenariat de longue date avec le constructeur, à qui elle avait déjà commandé des Heron 1, mais aussi entre les deux pays. En effet, la défense est un axe privilégié et historique de leur coopération, qui s’est traduit récemment par l’achat à des conditions très généreuses de sous-marins <em>Dolphin</em> (3). En ce qui concerne les drones, <em>Airbus</em> et <em>IAI</em> avait signé un accord d’association en mai 2014 pour fournir la <em>Luftwaffe</em> en drones, cette dernière ayant le choix entre l’achat et la location. C’est donc un contrat de <em>leasing</em> de 580 millions d’euros qui a été paraphé pour des livraisons d’appareil s’étalant jusqu’en 2018 (4), mais qui reste à être validé par le parlement allemand. D’un côté, il est intéressant de noter que Berlin a sensiblement réduit son ambition, passant de 16 appareils à seulement 5. De l’autre, contrairement à la position française (5), l’Allemagne aux positions ordinairement éthiques a souhaité contre toute attente que ses drones soient armés. En attendant l’Eurodrone, notre voisin semble donc obligé d’assumer son choix et de faire face aux limites décelées, sous réserve d’un vote positif du <em>Bundestag</em>.</p>
<p><em>Une problématique de plus outre-Rhin</em></p>
<p>Au-delà du scandale que provoque l’espionnage d’un allié historique des États-Unis par son principal soutien, l’Allemagne peut exprimer ses inquiétudes autour de son futur drone MALE. La révélation par les journaux <em>Der Spiegel</em> (6), <em>The Intercept</em> et <em>Jedioth Achronoth</em> de l’existence de l’opération <em>Anarchist</em> témoigne de l’existence d’une brèche grave de sécurité qui nuit à un éventuel emploi. En effet, comme en témoigne l’article du journal allemand, les Allemands, probablement influencés par la révélation des écoutes américaines de la chancelière, s’étaient décidés après mûre réflexion pour le <em>Heron</em> en mettant en avant la possibilité d’une « porte de derrière » dans le <em>Predator</em> permettant à la NSA d’accéder aux données du drone. C’est donc un contrecoup sérieux pour la <em>Bundeswehr</em> et pour l’exécutif qui n’avait cessé de se déplacer entre Israël et la Californie depuis 2 ans par l’entremise de Katrin Suder, secrétaire d’état à l’armement. De manière optimiste, les responsables avancent qu’<em>Airbus</em> devait de toute façon réaliser un système de sécurité différent de celui en vigueur. L’élaboration et la mise en place de ce dernier, qui tenaient de la routine, seront donc particulièrement observées. Néanmoins, la morosité est de mise, comme en témoigne un officier de la <em>Bundeswehr</em>, selon lequel « les Américains peuvent tout pirater » (7). Face au condominium américano-israélien sur le marché du drone et aux limites qui en découlent, il semble donc urgent d’accélérer le programme du nouveau MALE européen, qui verra le jour à l’horizon 2025, d’autant que cette problématique ne concerne pas seulement nos voisins allemands, mais aussi l’Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la France et probablement l’Espagne, tous dotés de drones de fabrication américaine <em>MQ-9 Reaper</em>.</p>
<ol>
<li>Système mondial d’interception des communications mis en œuvre par les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni</li>
<li>Medium Altitude Long Endurance</li>
<li>Wattelle Tancrède, « L’exception germano-israélienne », Revue Défense Nationale, n°642</li>
<li>Belan Guillaume, « L’Allemagne choisit le drone Heron TP », Air Cosmos, 13/01/2016</li>
<li>Cabirol Michel, « La France va-t-elle se doter d’un drone armé », La Tribune, 27/10/2015</li>
<li>Gebauer Matthias, Repinski Gordon, Stark Holer, « Operation Anarchist », Der Spiegel, n°5, 30/01/2016</li>
<li>Ibid</li>
</ol>
<p><strong>Tancrède Wattelle</strong>, étudiant à Science-Po Paris, Vice-Président Sciences Po Défense et Stratégie, Ambassadeur de la Marine Nationale</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/03/01/L%E2%80%99op%C3%A9ration-Anarchist-vue-d%E2%80%99Allemagne-%3A-quel-drone-adopter#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2081La Vigie 25 est sortie : De l'Allemagne, entre vertus et rigueurs | Fronts d'Asieurn:md5:377f13dabb65577b28c495a27c2266062015-09-16T21:57:00+01:002015-09-16T21:57:00+01:00Olivier KempfLa VigieAllemagneAsieVigie <p><a href="https://www.lettrevigie.com/?p=920">La Vigie 25</a></p>
<p><img src="https://www.lettrevigie.com/wp-content/uploads/2015/09/Vigie-25-image.png" alt="" /></p>
<p><strong>De l’Allemagne, entre vertus et rigueurs</strong></p>
<p>L’Allemagne est de retour. Certes, l’affirmation a de quoi surprendre tant on n’a jamais eu l’impression, ces dernières années, qu’elle ait été vraiment absente. Au contraire, chacun pouvait constater à quel point elle avait pris la direction de l’Europe, pour le meilleur comme pour le pire. Chacun s’accordait à penser que sa puissance économique lui conférait des privautés politiques, notamment pour diriger la barque européenne. Mais personne ne la jugeait pour autant aimable. Au contraire, on dénonçait son égoïsme et le traitement de paille de fer qu’elle imposait au reste de l’Europe.</p>
<p>Voici donc qu’à l’occasion de la crise des réfugiés, l’Allemagne se découvre aimable, (…)</p>
<p><strong>Fronts d’Asie</strong></p>
<p>L’Histoire a trois fonctions principales, l’académique (relater scientifiquement une réalité d’hier), la politique (donner du sens aux faits d’alors) et la nationale (convoquer une dynamique collective d’aujourd’hui). Ainsi en va-t-il de la réintégration du 9 mai et du 3 septembre 1945 dans la chronologie de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Marquée par d’importantes cérémonies politiques et des grandes parades militaires à Moscou et Pékin, elle est à lire dans le contexte stratégique actuel.</p>
<p>Au retour de Pékin après le 3 septembre, voici quelques réflexions à partager. (…)</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2015/09/16/La-Vigie-25-est-sortie-%3A-De-l-Allemagne%2C-entre-vertus-et-rigueurs-%7C-Fronts-d-Asie#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2047Angélisme(s) et cheyssonismeurn:md5:999ec01260040bd6df0b79665027ba5e2014-03-04T23:13:00+01:002014-03-05T00:06:59+01:00adminUkraineAllemagneUkraine<p>Ainsi, après le coup de force russe en Crimée, on a entendu des déclarations ulcérées. Que BHL et les Femen disent du mal de la chose, cela incite somme toute le Français moyen à se dire que peut-être Poutine a des raisons... Que John Kerry explique qu'envahir un pays fasse penser au XIX° siècle et pas au XXI° nous enseigne que 2003 (l'Irak) date du XIX° siècle. Mais laissons de côté ces fariboles angéliques et allons au choses sérieuses : celles qui parlent de rapport de force et de vraie diplomatie, pas celles des déclarations émotives et moralisantes qui constituent plutôt des obstacles que des aides à la solution de la crise. Pour cela, quelques considérations méritent réflexion (cliquer sur le titre pour lire la suite).</p>
<p><img src="http://s1.lemde.fr/image/2014/03/03/534x0/4376837_5_3588_un-militant-prorusse-le-3-mars-devant-les_9bcbf90e16a293b9297f51fadd512fc0.jpg" alt="" /> <a href="http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2014/03/03/le-coup-de-force-de-poutine-en-crimee-s-inscrit-dans-une-volonte-de-marchandage_4376791_3214.html">source</a></p> <p>Comme <a href="http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2014/03/pour-lunion-il-faut-faire-comprendre-aux-russes-quils-ont-perdu-kiev-et-aux-ukrainiens-quils-ont-per.html">le signale Jean Quatremer</a>, les discours radicaux de certains ne sont pas la meilleure chose à faire : ainsi, entendre la Pologne ou les pays Baltes dire qu'ils se sentent menacés est un peu surjoué. Utiliser l'Otan n'est de même pas la meilleure façon de faire baisser la tension, surtout quand on n'a pas l'intention d'engager une intervention militaire, puisque les États-Unis ne le veulent pas (voir ce qui était dit sur ce blog il y a peu) et que bien d'autres Européens ne le souhaitent pas non plus. Bref, surjouer le retour à la guerre froide est déplacé et inutile.</p>
<p>Car Poutine a bien fait attention à ne pas aller trop loin : ses unités ne sont pas reconnaissables à dessein, comme <a href="http://www.guerres-influences.com/soldats-russes-ukraine-crimee-cagoules/">l'explique bien R. Mielcarek</a>. De même, s'il a fait un coup de forces, il n'a pas tiré un coup de feu <a href="http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article9355">ce que rappelle P. Boniface</a>. D'une certaine façon, l'affaire paraît bien moins violente que ce qui s'est passé à Kiev et rien d'irrémédiable n'a été commis. Comme si V. Poutine se gardait bien d'aller trop loin, comme s'il pensait que l'ensemble de l'Ukraine était récupérable. Ou encore : une partition serait finalement à son détriment car il n'aurait que la Crimée. Il veut plus et parie probablement sur les limites du pouvoir ukrainien qui n'a que très peu de moyens et des soutiens faibles et désargentés. Autrement dit encore, Moscou peut espérer rejouer la séquence 2004 2010 où, après avoir essuyé la révolution orange, les "pro-Russes" avaient ensuite regagné le pouvoir démocratiquement Bon, ç'avait été pour mettre en place Yanoukovitch qui est tout sauf un grand homme politique... M. Poutine choisira quelqu'un de plus habile la prochaine fois.</p>
<p>Regardons alentour : la Chine reste plutôt derrière la Russie, et la Turquie explique qu'elle n'a pas de problèmes avec la Russie (voir <a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/03/03/: http://fr.ria.ru/world/20140303/200632134.html">ici</a>). Il faut dire qu'elle cogère la mer Noire avec Moscou et se satisfait très bien de ce duopole, et qu'elle nourrit quelques ressentiments envers l'UE...</p>
<p>Bref, M. Poutine est à la fois un stratège (but général : contrôler l'étranger proche avec L'Ukraine comme point pivot) et un très bon tacticien puisqu'il a du "tact", selon la définition d'Alain : il sait jusqu'où ne pas aller trop loin. Du coup quand on lit des journalistes voire des hommes politiques dire qu'il est devenu fou, on se met à penser que ce sont eux qui n'ont aucune profondeur réflexive et rationnelle et qu'ils sont emportés par leur passion. Vladimir est un joueur d'échec, qui est adepte du rapport de forces car il sait l'évaluer.</p>
<p>Dès lors, toutes les jérémiades officielles ne sont que des injonctions pour les médias. J'entends ainsi certains critiquer vertement notre ministre des affaires étrangères : c'est le prendre au pied de la lettre alors qu'il ne fait qu'animer la scène sans y jouer de rôle réel. Au fond, il fait du cheysonnisme, à la suite de cet excellent ministre de François Mitterrand, débarqué au bout de trois semaines pour avoir dit la vérité sur le théâtre d'ombres : "et à la fin, naturellement, nous ne ferons rien" (on ne lui reprochait pas un mensonge, on lui reprochait au contraire d'avoir dit tout haut la vérité : à l'époque déjà, on faisait attention au paraître, nihil novi sub sole). Bref, gardez vous de confondre l'angélisme officiel, le cheyssonisme de rodomontades et la réalité des prix qui se joue derrière les rideaux.</p>
<p>Pendant ce temps là en effet, le vrai angélisme est en action : celui d'Angela Merkel. Oserai-je le mot : il s'agit de Realpolitik. En cela d'accord avec B. Obama, Angela négocie "en vrai" avec V. Poutine, car elle sait qu'il 'est rationnel. Elle parle russe, il parle allemand et même si l'un et l'autre ne s'apprécient pas, ils savent reconnaître en l'autre l'existence d'un vrai politique. (Il y a des absents dans la photo ? oui, je sais, n'insistez pas).</p>
<p>Quel est l'objet des négociations ? Selon ce <a href="http://www.debka.com/article/23724/Moscow-will-halt-military-steps-in-Ukraine---only-after-a-US-guarantee-not-to-post-missile-shield-there-">billet</a> qui n'a pas été confirmé ni repris par la presse, il s'agit principalement de bouclier antimissile, avec quatre revendications. (1. The Kiev government whichever form it takes must sign an obligation to abstain from any ties with NATO. 2. Neither the US, NATO or any other power will deploy X-Band or BX-1 radar stations on Ukraine territory whether on land, sea or air. This guarantee would additionally cover elements of an anti-missile missile shield and ballistic missiles placing Russia in their sights. 3. Restrictions will govern the types of weapons allowed the Ukrainian army. 4. Local military bodies will be established to protect the Russian-speaking and ethnic Russian regions of Ukraine).</p>
<p>On observe (si ces revendications sont réellement celles exprimées) beaucoup de réalisme mais aussi une porte de sortie et d'interprétation dans le dernier point. Cela reste à discuter. Car il s'agit au fond d'obtenir le scénario le plus probable, qui satisferait tout le monde. J. Pinatel <a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/crise-ukrainienne-4-scenarios-entre-lesquels-avenir-pays-se-joue-jean-bernard-pinatel-997179.html?page=0,2">suggère</a> en effet quatre scénarios : une Ukraine dans l'UE (très improbable), une partition (non désirée), une Ukraine trait d'union entre Europe et Eurasie (peu probable étant donné la faillite de l’État et la faillite financière de l'Ukraine)et une finlandisation, qui apparaît comme la moins mauvaise des solutions.</p>
<p>Ainsi, pour Poutine, une finlandisation permettrait de préserver l'avenir et de revenir au scénario post 2004 : après cinq ans de pouvoir de l'actuelle opposition, marquée par une corruption et une division exceptionnelles, le parti des régions avait gagné l'élection présidentielle en 2010 et les élections législatives de 2012 avec une vraie majorité, qu'on ne peut pas simplement attribuer à de l'achat de vote. Pour les États-Unis qui ne cherchent qu'à se désengager des anciens théâtres, pour l'Allemagne qui ne veut pas se charger d'un nouveau poids financier et qui veut maintenir de bonnes relations avec la Russie, la finlandisation apparaît également comme une bonne solution.</p>
<p>Risquons nous à dire qu'elle ne désobligerait pas les intérêts français. Être finalement en dehors du jeu présente quelques avantages. Continuons donc à clamer notre sévérité (cela plait aux Européens de l'est) en nous gardant bien d'entraver le processus de négociation en cours (autrement dit, ne refaisons pas le coup de Genève lors des négociations avec l'Iran).</p>
<p>PS : si vous regardez bien, l'Ukraine a un revenu per capita inférieur à l'Albanie. Avec plus de 40 millions d'habitants. Est-ce le moment de les intégrer dans l'UE ? Égoïstement, est-ce l'intérêt de l' UE ???</p>
<p>Le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/03/03/Ang%C3%A9lisme%28s%29-et-cheyssonisme#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2356