Egeablog - Mot-clé - France2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1DotclearQuels intérêts français en Nouvelle-Calédonie ?urn:md5:da4ebd704ecc3ae4cea032a5836f2a5b2021-12-27T14:15:00+00:002022-03-15T12:22:28+00:00Olivier KempfDOM-COM et territoires extérieursAustralieChineFranceNouvelle-CalédonieOcéanieoutremerPacifique<p>En 2021, la France s’est intéressée au Pacifique pour deux raisons : d’une part à cause du revirement australien sur le contrat de sous-marins, d’autre part à cause du troisième référendum d’indépendance en Nouvelle-Calédonie. Gageons que 2022 connaîtra moins d’intérêt pour la zone car usuellement, la métropole ne porte guère attention à ces régions éloignées.</p>
<p><img src="https://outremers360.com/wp-media/uploads/2019/09/Capture-d%E2%80%99%C3%A9cran-2019-09-05-%C3%A0-12.03.15.png" alt="" /></p>
<p>La Nouvelle Calédonie est éloignée de 16.000 km de la métropole, quasiment à son opposé géographique du globe (aux antipodes). Cette île de 18.000 km² se situe au nord-est de la grande île australienne. Elle appartient donc de fait au continent océanien, tout comme la Polynésie d’ailleurs. C’est d’ailleurs tout le problème…</p> <p>En effet, l’Océanie est un continent mal perçu. Si l’on retrace l’histoire des continents, on s’aperçoit que leur nombre a évolué : ils sont passés de deux (cf. la Revue des deux-mondes : l’île Afro-asiatique, l’île Amérique) à trois (conception traditionnelle des Grecs avec l’Asie, l’Europe et l’Afrique) puis à quatre (jonction des deux approches précédentes : Afrique, Amérique, Asie et Europe) puis à cinq (adjonction de l’Océanie) et aujourd’hui à six (car on a découvert que l’Antarctique était un continent). Des six, l’Océanie est le plus problématique car elle est composée d’une agglomération d’îles où la dimension terrestre cède le pas à la dimension maritime. De plus, elle est disposée dans le Pacifique sud, océan lui-même très vaste et peu favorable à la navigation, à cause justement des étendues.</p>
<p>Ainsi, la Nouvelle-Calédonie est éloignée de 1.400 km de l’Australie, de 1.480 km de la Nouvelle-Zélande. L’île la plus proche, Vanuatu, est à 540 km. A titre de comparaison, la Corse est éloignée de 180 km de Menton, quand il faut parcourir 780 km pour aller de Marseille à Alger. En élevant la perspective, le géographe constate que la Nouvelles Calédonie se situe à 4.500 km de la Chine, soit en gros la distance entre Paris et Abidjan ou près de deux fois Paris-Moscou.</p>
<p>La conclusion est assez limpide : la Nouvelle-Calédonie est d’abord assez isolée dans un continent lui-même isolé. Elle ne fait pas vraiment partie de l’espace indopacifique dont on nous parle tant ces derniers mois. Pourtant, certains n’ont cessé de la citer comme pierre angulaire de nos intérêts dans la zone.
Cela pouvait avoir du sens quand elle s’insérait dans un réseau plus vaste. En ce sens, le grand contrat de sous-marins signé en 2016 avec l’Australie contribuait à cet objectif, tout comme les négociations toujours en cours avec l’Indonésie. Depuis l’accord AUKUS de l’été 2021 qui a vu la rupture de l’alliance australienne, cette stratégie est à plat et la Nouvelle-Calédonie est redevenue un isolat stratégique, trop loin de la métropole pour réellement appuyer une stratégie régionale.</p>
<p>La Nouvelle-Calédonie a toujours été négligée par la France. Tardivement colonisée, elle paraissait trop loin (même du temps de l’Indochine) pour susciter l’intérêt. Le dispositif militaire actuel est lui-même très juste : les Forces armées de Nouvelle Calédonie (les FANC) sont maigres : le régiment de service militaire adapté a plus un rôle social que militaire. Ne reste donc côté terrestre que le RIMa du Pacifique-Nlle Calédonie (RIMaP-NC), petit bataillon au matériel vieillissant et accueillant surtout des compagnies tournantes venant de métropole. La base aérienne 186 dispose de quelques appareils eux aussi hors d’âge. Quant à la Marine, elle compte une frégate de surveillance et deux patrouilleurs pour assurer le contrôle d’une zone qui fait la moitié de la Méditerranée. Ces bâtiments sont également obsolètes. Ce dispositif malingre ne démontre pas une grande stratégie, même si les enjeux régionaux ne semblent pas d’abord militaires.</p>
<p>Ils pourraient être économiques au travers du nickel, dont le Caillou est le troisième producteur au monde. Toutefois, le manque d’investissement à mis à mal les sociétés locales alors que le métal est de plus en plus recherché. Cependant, cette production minière permet à la Nouvelle Calédonie d’avoir la plus grande richesse des DOM COM avec un PIB / h de plus de 20.000 €/h. A noter que cette richesse est très inégalement répartie avec des disparités territoriales, ethniques et sociales criantes.</p>
<p>Alors, si la France n’a pas d’intérêt positif à la Nouvelle Calédonie, celle-ci demeure un enjeu. En effet, le débat ne porte pas tellement sur l’Asie orientale (le vrai sujet de ce qu’on appelle Indo-Pacifique) mais sur une partie du Pacifique, celui de la mer de Corail et alentours.
Un petit détour par l’histoire s’impose : pendant la Deuxième guerre mondiale, la guerre du Pacifique se déroule à proximité. Guadalcanal est à moins de 1.500 km et les Américains s’installent sur le caillou à partir de 1942, allant jusqu’à déployer 20.000 hommes (deuxième garnison du Pacifique après San Francisco). Ainsi, la Nouvelle-Calédonie est une base arrière de la lutte d’influence qui se déroule dans l’ouest du Pacifique, entre Micronésie et Mélanésie.</p>
<p>Tuvalu, Nauru, Fidji, Vanuatu, Tonga, Samoa : autant d’ex-colonies devenues indépendantes et qu sont désormais ciblées par le pouvoir chinois. En effet, Pékin ne cherche plus seulement à prendre le contrôle de la mer intérieure, celle qui sépare son rivage de la première chaîne d’îles partant du Japon jusqu’à Taïwan (mer de Chine Orientale) puis vers les Philippines et l’Indonésie (mer de Chine méridionale) : via la poldérisation des Spratleys et Paracels, l’objectif est quasiment atteint. Pékin veut aller plus loin et prendre pied sur la deuxième chaîne d’îles, comprenant notamment celles que je viens de citer. En vassalisant un certain nombre d’entre elles, la Chine desserrerait l’étau américain sur l’océan.</p>
<p>Observons ce qui s’est passé à Vanuatu : il s’agit du nom des anciennes Nouvelles Hébrides, ce condominium franco-britannique devenu indépendant en 1980. L’île de 12.000 km² compte 300.000 habitants et est surtout connue pour le risque qu’elle court de submersion, avec l’élévation des eaux des continents à la suite du réchauffement climatique. Si au début de son indépendance, Port-Vila (la capitale) noua de nombreux accords avec la France, elle se tourna ensuite vers l’Australie et désormais vers la Chine. Celle-ci prend une place de plus en plus importante, investit dans le secteur économique et construit des bâtiments symboliques et très visibles, en échange d’une dette colossale. On parle d’un port en eau profonde et d’un réseau de télécommunication et d’une base militaire , même si Vanuatu dément et rappelle être non-aligné. « De la Papouasie aux Tonga, cette diplomatie de la dette forme une "ceinture" très fermée. Qu’on en juge. D’ouest en est, la République populaire de Chine a installé son pouvoir financier en Papouasie, aux Etats fédérés de Micronésie, au Vanuatu, aux Fidji, aux Samoa, à Tonga, à Niue. Et plus récemment, en 2019, les îles Salomon et Kiribati sont entrées, à leur tour, dans le giron de Pékin » .</p>
<p>Dans cette perspective, la Nouvelle-Calédonie constitue un pion dans la ceinture entourant l’Australie et joignant Nouvelle-Zélande, Nouvelle-Calédonie, Papouasie-Nouvelle-Guinée et Indonésie. Le soutien probable de la Chine aux indépendantistes kanaks doit être compris à cette aune. Il s’agit bien d’une partie de jeu de go et les îles du Pacifique se prêtent particulièrement à ce calcul.</p>
<p>Ainsi, la Nouvelle Calédonie constitue-t-elle pour la France d’abord un atout passif « je l’ai moins pour ce qu’il me rapporte que par ce que tu obtiendrais si tu l’avais ».</p>
<p>C’est ce qu’on bien compris les indépendantistes. Pour eux, agiter sans cesse le spectre de l’indépendance, trouver les moyens de contester l’incontestable (en l’occurrence la légalité et la légitimité de la série des trois référendums tenus à la suite des accords de Nouméa), permet d’être toujours en position de négocier de nouveaux subsides avec Paris, dans un marchandage délétère qui ne porte aucun projet d’avenir. Et Paris, agacé mais n’en pouvant mais, de mettre la main au portefeuille.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2021/12/27/Quels-int%C3%A9r%C3%AAts-fran%C3%A7ais-en-Nouvelle-Cal%C3%A9donie#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2571Quelle puissance relative de la Franceurn:md5:4b24020898b5491fdf9af90d5e1289dd2021-03-25T14:59:00+00:002022-03-15T12:24:04+00:00Olivier KempfParoles orales et visuellesFranceGéopolitiqueVidéo<p>Voic le lien vidéo (<a class="spip_in" href="https://www.youtube.com/embed/RV4RT1Xh4V4?start=5">cliquez ici</a>) d'une conférence que j'ai donnée à l'automne dernier sur la puissance de la France.</p>
<p><img alt="https://www.diploweb.com/IMG/jpg/couverture-kempf-500.jpg" src="https://www.diploweb.com/IMG/jpg/couverture-kempf-500.jpg" /></p>
<p>Texte du résumé ci-dessous grâce à Diploweb (https://www.diploweb.com/Video-O-Kempf-Quelle-puissance-relative-de-la-France.html) . Enfin, on peut aller plus loin en lisant mon ouvrage Géopolitique de la France (<a class="spip_in" href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/12/04/G%25C3%25A9opolitique-de-la-France-%2528OK%2529">ici</a>)</p>
<p><img alt="https://products-images.di-static.com/image/olivier-kempf-geopolitique-de-la-france/9782710810001-475x500-1.webp" src="https://products-images.di-static.com/image/olivier-kempf-geopolitique-de-la-france/9782710810001-475x500-1.webp" /></p>
<p> </p> <p style="text-align: justify;">O. Kempf débute cette intervention en définissant <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/Video-B-Loyer-Existe-t-il-une-methode-geopolitique.html">la géopolitique</a> comme une question de <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/Troisieme-partie-Une-affaire-de.html">représentations</a>. La première représentation est cartographique. La seconde est celle qu’un peuple se fait de lui-même et celle que les autres peuples se font de lui, ce peuple pouvant être incarné ou non dans un État. Selon lui, il existe trois angles majeurs à <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/Dossier-geopolitique-et-strategique-La-puissance.html">la puissance</a> relative française.</p>
<h3 class="spip" style="text-align: justify;">La caractérisation de la puissance française</h3>
<p style="text-align: justify;">En effet, la France est une grande puissance géographique, économique, militaire, politique et d’influence. A tort définie comme une puissance moyenne, elle n’est pas pour autant une « hyper »<span class="spip_note_ref"> [<a class="spip_note" href="https://www.diploweb.com/Video-O-Kempf-Quelle-puissance-relative-de-la-France.html#nb1" id="nh1" rel="footnote" title="NDLR : Le concept d’hyperpuissance a été popularisé par H. Védrine pour la (...)">1</a>]</span> puissance de nos jours.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans un premier temps, la France est une puissance géographique mais n’est pas une géographie. La France s’est construite malgré sa géographie. Elle a su tirer profit de sa géographie à partir d’un petit noyau, l’Ile-de-France, anciennement le Vexin. Ce noyau s’est progressivement étendu vers le sud. Il faut prendre en compte la grande verticale entre la Picardie et le Languedoc et rappeler également les nombreuses volontés historiques françaises de repousser les frontières. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas forcément naturelles. La notion de frontière naturelle fut inventée durant la Révolution et fut réaffirmée suite à la mort du Roi, ce n’est pas un hasard. En effet, tout au long de l’Ancien régime, il était question de repousser l’Anglais à l’Ouest, l’Espagnol au Nord (les Pays-Bas espagnol) comme au Sud et d’agrandir le territoire à l’Est. La frontière originale était celle suivant le Rhône et la Saône, puis le territoire français s’est étendu d’environ 200 à 300 kilomètres à l’Est. La France est encore le plus grand pays d’Europe - si l’on écarte la Russie et l’Ukraine - de par sa taille et sa population projetée à 67 millions d’ici 2050. Elle est aussi un unique espace au carrefour du continent européen grâce à ces deux isthmes. Le premier est entre la Méditerranée et l’Atlantique et le second, rarement souligné, est entre la Méditerranée et la Mer du Nord. Enfin, la France est dotée de nombreux et divers écotypes. Une complexité naît de la double diversité des écotypes et du peuple français. Le fil rouge de l’histoire de la France est selon lui, le désir de construire un peuple commun comprenant ces diversités.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans un second temps, <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/-Etats-membres-.html">la France</a> est une grande <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/24-La-volonte-de-puissance.html">puissance</a> économique, classée au 6 ou 7ème rang mondial, selon les critères mondiaux retenus. Pourtant, depuis cinquante ans, il nous est répété que la France est en déclin. Finalement, ce n’est pas tant le cas, selon O. Kempf, et ce malgré, l’émergence. Cette puissance est agricole, notamment en raison de son industrie agroalimentaire. Certes, celle-ci est devenue plus faible mais elle reste une grande richesse. <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/Video-A-Degans-et-A-Voy-Gillis-Quelle-souverainete-economique-pour-la-France-du-XXIe-siecle.html">Elle est également industrielle</a>, elle compte de très beaux champions, à l’instar d’Airbus et Total. Ces derniers sont une force mais également une faiblesse car ce besoin de champions diminue l’intérêt accordé aux entreprises de taille moyenne. Cette puissance est enfin représentée par le secteur du luxe. LVMH, Kering et l’Oréal sont de grands groupes français mais sont également dans le top 10 mondial.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans un troisième temps, elle est une puissance militaire affirmée. La France est incontestablement la première armée de l’UE, une armée d’emploi, n’hésitant pas à aller en opération. Elle bluffe parfois les Américains, notamment lors de la réussite de l’opération Serval, qu’ils n’ont jamais comprise. Enfin, <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/Dossier-geopolitique-et-strategique-Le-nucleaire.html">la France possède la bombe atomique</a> et une industrie de défense imposante et respectée à l’échelle du monde. Ces atouts sont majeurs dans le critère de la puissance.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans un quatrième temps, la France se caractérise par sa puissance politique aux multiples noms, la « France terre d’asile », la « France des droits de l’Homme », la « France universaliste ». Elle est également l’un des cinq membres permanent du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies ; un des seuls pays à pouvoir encore dialoguer avec le Liban et partie intégrante du groupe de Minsk dans le cadre de la résolution du conflit en Ukraine. Au sein des institutions internationales, nul ne considère la France comme une puissance moyenne. O. Kempf insiste sur le fait que la France n’est pas la puissance dont le peuple rêverait mais elle reste une grande puissance.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans un dernier temps, l’influence française joue un rôle crucial dans le rayonnement de la puissance de l’Hexagone. Elle s’exprime au travers de quatre éléments. D’abord ses <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/Video-Y-Giron-Les-outre-mers-francais-et-les-nouveaux-risques-maritimes.html">outre-mer</a>, résultat de l’histoire française mais aussi de son influence dans le monde, relativement représentée au Proche-Orient même si celle-ci s’étiole mais largement établie au Maghreb et finalement en Afrique. Ensuite, sa langue qui est souvent brocardée, sera pourtant la langue la plus parlée au monde d’ici trente à cinquante ans en raison de la croissance démographique de l’Afrique. Puis il est question de son influence <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/Geopolitique-de-la-mondialisation-maritime-La-thalassocratie-criminelle-acteur-demasque.html">maritime</a>, la France possède la deuxième zone économique exclusive (ZEE) au monde. Enfin, la culture française est un élément central qui participe à son image, son rayonnement, ses succès économiques et son attrait.</p>
<dl class="spip_document_2746 spip_documents spip_documents_center">
<dt style="text-align: justify;"><a class="spip_out" href="https://www.youtube.com/watch?v=RV4RT1Xh4V4" target="_blank" title="JPEG - 105.5 ko"><img alt="Vidéo. O. Kempf Quelle puissance – relative - de la France ? " height="281" src="https://www.diploweb.com/IMG/jpg/couverture-kempf-500.jpg" width="500" /></a></dt>
<dt class="spip_doc_titre" style="width: 350px; text-align: justify;"><strong>Oliver Kempf, général de brigade (2S), docteur en Science politique et chercheur associé à la FRS</strong></dt>
<dd class="spip_doc_descriptif" style="width: 350px; text-align: justify;">Image : James Lebreton</dd>
</dl>
<blockquote class="spip">
<p style="text-align: justify;">La thématique du déclin a au moins une vertu, celle d’aiguillon, qui incite la France à persister, résister, de réformer et s’adapter</p>
</blockquote>
<h3 class="spip" style="text-align: justify;">Le déclin français</h3>
<p style="text-align: justify;">Pourquoi alors entendons-nous un discours aussi négatif au sujet d’un déclin français ? se questionne O. Kempf. Déjà en 1845, existait ce discours annonciateur de déclin et cela est en quelque sorte rassurant. Cette pensée pessimiste est le reflet de la représentation collective de ce que le peuple français se pense être, une puissance perdue. Pourtant, il semble bon de rappeler certaines figures françaises, telles que Saint Louis qui arbitrait tous les conflits en Europe, Louis XIV ou encore Napoléon même si cela fut bref. Plus récemment, lors du défilé de la victoire de 1919, la France est encore la super puissance qui régit le monde. Ce temps-là est abrogé car depuis est né un sentiment de régression, résultat des deux grandes catastrophes que sont les deux Guerres mondiales. Ce sentiment est particulièrement net à partir de 1940. Le traumatisme est extrêmement fort, il retentit dans toute la France et créé le sentiment que plus rien n’est comme avant. Ce même sentiment se renforce lors des guerres de décolonisation, la puissance garantie par son empire colonial dans les années 1930 n’est plus, ce projet géopolitique s’écroule. Elle subit alors deux grandes avanies, la première à Diên Biên Phu en 1954, annonciateur de la fin de ce projet géopolitique puis la seconde lors de l’expédition de Suez en 1956 où elle s’imagine pouvoir agir et est finalement remise à sa place par les deux nouvelles grandes puissances que sont les États-Unis et l’URSS.</p>
<p style="text-align: justify;">Le général Charles De Gaulle a su, en se basant sur la Vème République redonner espoir aux français. Son discours de la puissance et du rang agit comme une grande thérapie de l’inconscient géopolitique français. Homme d’intuition, il a fait le pari européen, celui des années 1960. Il a parié sur l’Europe communautaire comme nouveau multiplicateur de puissance. Cependant <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/-Institutions--.html">l’Europe communautaire</a> qui est construite ne ressemble pas à celle dont la France rêvait et ne possède pas l’influence voulue.</p>
<p style="text-align: justify;">Enfin apparaît, à la fin de la Guerre froide, la mondialisation, qui a elle aussi bouleversée le modèle français. La peur de la domination de la langue anglaise, de la perte de la culture et de bien d’autres choses sont venus renforcer les doutes. Cette suite d’événements explique pourquoi le thème du déclin est si inlassablement repris. Toutefois, il est important de lui reconnaître <strong>une vertu, celle d’aiguillon, qui incite la France à persister</strong>, résister, de réformer et s’adapter afin de rester une grande puissance.</p>
<h3 class="spip" style="text-align: justify;">Comment exprimer ce rêve de puissance ? Quelle stratégie ?</h3>
<p style="text-align: justify;">En septembre 2020, nous vivons un nouveau bouleversement, qu’Olivier Kempf interprète comme celui de l’après après-Guerre froide. L’élection américaine de novembre 2020 est inquiétante non pas à cause d’une possible réélection de Donald Trump mais parce qu’elle va rendre plus visible la division américaine qui est pleine de danger. Le Brexit traduit ’une profonde entaille à la construction européenne. <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/-Chine--.html">La République populaire de Chine</a> devenue la nouvelle super puissance est au centre de la stratégie américaine. Selon O. Kempf, nous vivons finalement <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/L-Europe-strategique-de-1989-a-2019-de-l-eclatement-du-Bloc-de-l-Est-a-l-implosion-de-l-OTAN.html">la fin de l’Occident, entendu comme cette alliance euro-atlantique</a>.</p>
<p style="text-align: justify;">Ainsi la France a quatre axes d’intérêts dans lesquels rêver, orienter et définir sa puissance.</p>
<p style="text-align: justify;">Le <strong>premier</strong> est l’axe de l’UE qui lui confère un confort stratégique et une opportunité. Le vrai sujet n’est pas <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/Europe-puissance-comment-batir-un-projet-realiste.html">le pari de l’Europe selon lui, mais la façon dont parier sur l’UE</a>. Est-ce que les structures actuelles sont satisfaisantes ? Faut-il en réinventer de nouvelles ? Si oui, lesquelles ?</p>
<p style="text-align: justify;">Le <strong>deuxième</strong> est l’axe maritime :puisque la France possède aujourd’hui des bordures terrestres stabilisées, elle a peut-être l’occasion désormais de parier sur la mer. Certes, elle l’a toujours fait mais ce n’était que sa seconde priorité. Différents atouts sont à mettre en lumière, ses façades maritimes en premier lieu, ses territoires d’outre-mer, ses ZEE, en second lieu et surtout en troisième lieu la maritimisation résultante de la mondialisation. Quelle est alors la stratégie maritime à adopter ?</p>
<p style="text-align: justify;">Le <strong>troisième</strong> est l’axe méditerranéen et africain : la France s’illustre comme pivot européen vers la Méditerranée et l’Afrique. Ce continent connaît une explosion démographique et tend à atteindre la masse critique nécessaire pour faire le poids face aux autres masses critiques que sont les Amériques d’un côté et les Asies de l’autre. Que faire vers ce sud ? Que réinventer ?</p>
<p style="text-align: justify;"><strong>Enfin</strong> <a class="spip_in" href="https://www.diploweb.com/-Asie--.html">l’axe Asie</a> redevient un pôle de puissance. Reléguée pendant deux siècles, l’Asie est désormais à nouveau incontournable. L’Asie est l’autre extrémité du continent : comment faire articuler ces deux pôles, l’Asie à l’Est et l’Europe à l’Ouest ? quel rôle la France doit-elle tenir dans cette articulation ?</p>
<p style="text-align: justify;"><i>Copyright pour le résumé Mars 2020-Monti/Diploweb.com</i></p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2021/03/25/Quelle-puissance-relative-de-la-France#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2312France-Italie : une crise plus profonde qu'il y paraîturn:md5:1a8cfbd253fb71d30e169cd51c16f6402019-11-02T15:53:00+00:002019-11-02T15:53:00+00:00Olivier KempfItalieFranceItalieLibye<p>En février, j'avais été participer à Gênes à un festival de géopolitique organisé par Limes, la revue italienne de Géopolitique. J'étais intervenu sur le thème des rapports entre la France et l'Italie. On était alors au sommet de l'animosité qui s'est depuis calmée. Mais si ces rapports ne démangent plus trop et font moins de bruit, cela ne signifie pas que tout va pour le mieux. Bref, un texte publié 9 mois après.... A vous de vous faire votre idée.</p>
<p><img src="https://blog.flightsite.co.za/wp-content/uploads/2015/04/italy.jpg" alt="" /> <a href="https://blog.flightsite.co.za/italy-or-france-which-destination-is-right-for-you/">source</a></p> <p>France-Italie : une crise plus profonde qu’il n’y paraît</p>
<p>Le dissentiment entre la France et l’Italie était observable depuis plusieurs mois : la preuve, ce colloque est organisé depuis l’été et notre table ronde est prévue depuis ce temps-là. Cependant, l’escalade de ce début d’année a fait la une des journaux au point qu’il faille parler de crise « sans précédent depuis la fin de la guerre », selon les mots du quai d’Orsay.</p>
<p>Cette crise a pourtant plusieurs dimensions. Elle est évidemment une affaire de politique intérieure des deux côtés des Alpes, chacun des protagonistes faisant face à de profondes difficultés internes et ayant trouvé dans la dispute le moyen de se positionner. Le calcul politicien l’a largement emporté sur le calcul diplomatique, c’est une évidence. Mais le terreau était là.</p>
<p>Car la crise est aussi, plus profondément, une crise franco-italienne qui remonte loin. Il y a eu incontestablement une certaine arrogance française, il y a eu aussi des maladresses italiennes : il y a surtout un négligence réciproque sous-jacente qui est dommageable, tant elle témoigne de l’absence de vision régionale plus encore que bilatérale.</p>
<p>Car voici au fond le troisième caractère de cette crise : elle est européenne. Aussi bien une crise évidente de l’Union Européenne mais aussi, paradoxalement, une européanisation des débats politiques.</p>
<p><strong>Est-ce seulement une affaire de politique intérieure ?</strong></p>
<p>Le différend franco-italien n’aurait pas existé s’il n’y avait pas eu E. Macron, et s’il n’y avait pas eu L. Di Maio et M. Salvini. Les trois se ressemblent finalement par bien des aspects, malgré leur opposition profonde.</p>
<p><ins>Macron, le Jupiter inconscient</ins></p>
<p>Emmanuel Macron a en effet été élu par surprise au printemps 2017. Il a bénéficié d’un double écroulement : celui de la gauche, entraînée par le fond autant par la présidence de F. Hollande que par un logiciel idéologique épuisé ; celui de la droite qui avait campagne gagnée jusqu’à ce que le favori, François Filon, ne soit plombé par des soupçons sur sa moralité. Il ne restait que Marine Le Pen au deuxième tour. Macron l’emporta aisément mais pas très brillamment (60 % des suffrages au deuxième tour, dans un contexte de Front républicain) sachant que son socle électoral de premier tour était assez faible (24 %) et dans un contexte de grande abstention. Malgré les louanges incessantes de la presse, vantant un mélange de Kennedy et d’Obama, malgré son charme indéniable, malgré sa chance insolente, il n’avait pas convaincu plus que ça. Il crut cependant que son destin n’avait pas été seulement de renverser la table d’un jeu politique épuisé, mais qu’il le mandatait à conduire un programme de réformes finalement très conventionnel, dans la droite ligne du libéralisme européen.</p>
<p>L’état de grâce permit de conduire la réforme de la SNCF, déjà de façon crispée. Cependant, les macroniens étaient très inexpérimentés et leur manque de sens politique assez flagrant. Le président maniait tout le monde à la baguette. Se désignant Jupiter, il se croyait au moins l’égal de De Gaulle. C’était ne pas comprendre que les circonstances avaient changé. Le vieux pays encore ordonné des années 1960 avait beaucoup plus changé qu’on ne l’avait dit. Il se cabra.</p>
<p>C’est le propre des premiers révolutionnaires que de croire qu’ils peuvent maîtriser le flot dont ils ont ouvert les vannes. Quasiment toujours, ils sont finalement emportés par lui et d’autres viennent, encore plus radicaux ou habiles, qui les mettent à l’écart. On le sait depuis le passage de 1789 à 1793, plus tard des mencheviks aux bolcheviques. Elu sur le renvoi du vieux système, Macron croit qu’il pourra s’appuyer quand même sur les institutions.</p>
<p><ins>Une crise française persistante</ins></p>
<p>La crise s’annonça dès l’été. Le président connaissait une décrue dans les sondages, normale pensait-on. Voici qu’au début de l’été, un de ses conseillers, A. Benalla, était accusé d’avoir violenté des manifestants, sous un déguisement de policier. On découvrit alors un système très opaque de privilèges, un président isolé, un entourage mutique et apparemment sourd. Surtout, le président se raidit, couvrit son subordonné, clama d’une vois trop haut perchée, devant des députés réunis pour l’occasion : « Qu’ils viennent me chercher ». La France apprit que le macronisme n’était pas un programme, mais une bande autour d’un chef.</p>
<p>L’automne vint. Avec lui, les Gilets jaunes, mouvement improbable que personne n’avait vu venir et qui jeta des dizaines de milliers de manifestants dans les rues chaque samedi, sans même parler de l’occupation de ronds-points où se recréait une sociabilité perdue dans la vie moderne. Il ne s’agit pas ici d’analyser les ressorts du mouvement : toujours est-il que beaucoup voulaient justement « chercher » le président, qui était finalement le principal point commun des manifestants, à cause de l’hostilité qu’il inspirait.</p>
<p>Trois mois après, les manifestations continuent et le mouvement bénéficie toujours d’un large soutien de l’opinion, 70 % des Français « le comprenant ». Quant au président, il ne rassemble le soutien que d’un cinquième à un quart des Français, ne réussissant pas à élargir son socle électoral, malgré le désordre politique évident. Au fond, il apparaît plus comme un déclencheur que comme une solution : c’est gênant quand on se croit Jupiter.</p>
<p>E. Macron est donc dans une situation difficile car la crise intervient finalement très tôt dans son quinquennat. Il risque d’être bloqué dans sa volonté de réforme et ne veut pas terminer comme un roi fainéant. Aussi est-il enclin à rejouer, plus que jamais, le clivage qui lui a permis d’arriver en tête : celui de l’hostilité à l’extrême droite. Et puisque Marine Le Pen est habilement silencieuse à l’intérieure, il lui faut trouver un adversaire à sa mesure. Ce seront les dirigeants italiens. Passons sous le prétexte qui a causé le rappel de l’ambassadeur de France et l’émission d’un communiqué très dur du ministère des affaires étrangères. Il est vrai que l’expédition de M. Di Maio en France, à la rencontre des Gilets jaunes, est tout sauf courtoise et qu’il venait précisément rencontrer des acteurs de la vie politique intérieure française. C’est à l’évidence contre tous les usages et, à proprement parler, une incursion politique que Paris ne pouvait laisser passer.</p>
<p><ins>MM. Salvini et Di Maio, duettistes improbables</ins></p>
<p>Car à Rome aussi, on avait tout mis par terre. Le gouvernement de Matteo Renzi (élu finalement sur les mêmes prémisses que celui d’E. Macron, ce qui devrait attirer plus d’attention de la part des politistes) était devenu extrêmement impopulaire, perdant les élections qui virent la victoire de deux mouvements contradictoires mais partageant la même volonté de mettre bas le système.</p>
<p>D’un côté, une Lega renouvelée sous la houlette de Mateo Salvini, partie d’un mouvement régional nordiste pour s’élargir à l’ensemble de la péninsule. De l’autre, Luigi Di Maio, à la tête du mouvement Cinque Stelle, regroupement un peu anarchique des refuzniks du système. Deux mouvements marginaux ayant finalement peu de choses en commun, sinon le refus de l’existant et la volonté de passer à autre chose. Il ne s’agit pas ici de vous l’expliquer car vous êtes bien plus au fait de ces nuances, simplement d’exposer comment ces deux mouvements sont perçus de l’autre côté des Alpes.</p>
<p>Or, la dynamique de ces mouvements n’est pas homogène, tant M. Salvini prend des initiatives qui lui donnent l’avantage sur son allié mais concurrent, ce que l’on observe dans les élections régionales récentes. Là réside probablement la cause de l’initiative de M. Di Maio, désireux de trouver des alliés en Europe. En effet, la Lega se rapproche assez facilement des mouvements européens de droite radicale, et notamment du Rassemblement National de Marine Le Pen en France. Cinque stelle est un mouvement différent, sans ligne politique très claire et ayant donc des difficultés à trouver des alliés.</p>
<p>Il s’agissait donc pour M. Di Maio de faire un coup d’éclat, inspiré par deux considérations : tout d’abord, se démarquer de son partenaire de gouvernement qui est en même temps un concurrent sur la scène politique intérieure ; mais aussi démontrer que le mouvement a une signification européenne : de ce point de vue, le mouvement des Gilets jaunes procède finalement des mêmes racines que le M5S et cette rencontre revêtait une signification importante, dans la perspective des élections européennes à venir et au-delà, de la constitution de groupes parlementaires à Strasbourg.</p>
<p><strong>Une signification européenne</strong></p>
<p>Voici donc deux dynamiques politiques intérieures qui s’insèrent dans une perspective européenne, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. On ne peut en effet résumer la crise à une simple crise bilatérale, sur laquelle nous reviendrons. Elle possède en effet une dimension européenne.</p>
<p>E. Macron n’a cessé de clamer son programme européen, manifesté par exemple dans le discours de la Sorbonne, prononcé en septembre 2017, quelques mois seulement après son élection. Ce plaidoyer a pourtant eu du mal à s’incarner dans la réalité politique européenne : M. Macron s’est en effet fâché avec de nombreux gouvernements européens, notamment d’Europe centrale et orientale. Au fond, il émet une approche morale qui lui fait condamner les mouvements qui s’écartent, à ses yeux, de l’idéal européen : on pense bien sûr à la Hongrie de V. Orban, mais aussi à la Pologne et bien sûr, à l’Italie.</p>
<p>Il dénonce ainsi l’illibéralisme de ces partenaires, suggérant même (novembre 2017) de conditionner l’octroi des fonds européens au respect de l’Etat de droit, à l’occasion du prochain budget pluriannuel de l’Union, qui sera LE débat européen à partir de l’automne. De même, il n’hésite pas à se présenter comme « le principal opposant » de MM. Orban et Salvini sur le dossier des migrants : « Je ne céderai rien aux nationalistes et à ceux qui prônent ce discours de haine. S'ils ont voulu voir en ma personne leur opposant principal, ils ont raison » dit-il en août 2018. E. Macron voit ainsi une opposition politique qui traverse l’Europe, affirmant : « Il se structure une opposition forte entre nationalistes et progressistes ». Ainsi, Macron se voit à la tête d’un « arc progressiste ». Il y a là encore des arrière-pensées politiciennes puisque M. Orban fait partie du groupe PPE au Parlement européen, celui des conservateurs. Au fond, M. Macron souhaite reproduire en Europe le même dynamitage des clivages qui l’a conduit au pouvoir : faire éclater les groupes traditionnels pour constituer un groupe centriste majoritaire. Notons que cet éclatement du clivage ancien entre droite et gauche correspond très fortement à celui réalisé par l’attelage entre Lega et M5S. Au fond, même s’ils ont des lignes différentes, les dirigeants français et italiens ont des points communs.</p>
<p>Le seul problème d’E. Macron vient de ce que ses alliés naturels ne le suivent pas autant qu’il le voudrait : les Allemands poursuivent leur approche prudente qui convient à leurs intérêts et ne ils voient pas la nécessité du grand chambardement suggéré par le président français. Ce sont aujourd’hui les principaux bénéficiaires de la structure politique et économique européenne et ils se méfient de l’activisme d’E. Macron. Ce ne sont pas les seuls : à preuve, le gouvernement hollandais vient d’entrer subrepticement au capital d’Air France KLM, sans avertir Paris, afin de contrôler les initiatives de Paris sur ce dossier économique. Cette initiative défiante montre que l’Italie n’est pas le seul pays avec lequel Paris a des problèmes.</p>
<p>Économiquement en effet, la France continue de ne pas rassurer les tenants de l’ordo-libéralisme européen, rassemblés autour des Allemands. Si les Italiens ont testé les autorités européennes sur leur budget, constatons que les Français ne rassurent pas Bruxelles, surtout après avoir débloqué dix milliards d’euros pour calmer les Gilets jaunes et alors que les fondamentaux du pays ne sont pas des plus brillants.</p>
<p>L’auditeur italien pourra se dire que finalement, les situations des deux pays se rapprochent beaucoup, aussi bien vis-à-vis de la politique économique européenne que de l’établissement politique en place à Bruxelles et Strasbourg.</p>
<p>Ces considérations amènent à une conclusion partielle : la crise franco-italienne est la manifestation d’un débat plus large, européen, qui traverse tous les pays, avec bien sûr des expressions différentes mais qui toutes, tournent autour d’un débat commun : Quelle Europe voulons-nous ? Comment l’amender alors qu’elle est visiblement en crise ? Comment résoudre la « polycrise » décrite par J.-C. Juncker ? stagnation économique, poids dominant de l’Allemagne, crise des migrants, défis de l’Amérique trumpienne, développement de mouvements populaires antisystèmes, voisinage russe, voisinage méditerranéen en sont des expressions multiples mais qui pose une question d’abord européenne.</p>
<p>L’Europe fait évidemment partie de la réponse à ces questions géopolitiques. Mais force est de constater qu’il y a ici un particularisme franco-italien, qu’il s’agit de décrire.</p>
<p><strong>Différends géopolitiques de part et d’autre des Alpes</strong></p>
<p><ins>Obsessions françaises</ins></p>
<p>Il convient de revenir ici sur la psyché française. Elle tourne autour de la question de la puissance. La France a été une superpuissance, elle sait qu’elle ne l’est plus depuis la Seconde Guerre mondiale. Se pose alors la question de son rang : est-elle une grande puissance ou juste une puissance moyenne ?</p>
<p>Objectivement, elle demeure une grande puissance (poids économique, siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, langue internationale, rayonnement diplomatique mondial, possession de la bombe nucléaire, activisme militaire). Mais la crainte du déclassement l’obsède, surtout depuis le désastre de juin 1940. Cela explique son besoin d’un multiplicateur de puissance. Ce fut longtemps l’empire colonial mais sa disparition à la fin des années 1950 mit fin à ce rêve. Voici pourquoi elle choisit l’Europe, décision prise par le général De Gaulle au début des années 1960 : une Europe qu’il voulait contrôler afin de faire le poids vis-à-vis de Américains et des Soviétiques. Quelque furent les évolutions politiques depuis soixante ans, cette obsession demeure en France et explique par exemple que les élites parisiennes ne cessent de parler d’« Europe de la défense », expression ambiguë et intraduisible, donc totalement incomprise par nos partenaires européens.</p>
<p>Ce mythe de la puissance perdue explique également l’obsession allemande et corrélativement, la négligence envers les autres Européens. Au fond, il s’agit de tirer parti de la puissance économique allemande pour acquérir un poids politique suffisant et peser dans les affaires du monde. Ce faisant, la France adopte, sans s’en rendre compte, un complexe de supériorité envers les autres : c’est vrai des Belges, des Espagnols et bien sûr, des Italiens. Souvent, la France adopte envers beaucoup l’attitude dominatrice qu’elle reproche tant aux Américains, voire aux Allemands.</p>
<p><ins>Raidissements italiens envers l’expansionnisme économique</ins></p>
<p>Simultanément, la France se trouve très à l’aise avec ses voisins latins et ne se rend pas compte qu’elle agace. Les médias français ont beaucoup évoqué la rivalité entre MM. Macron et Salvini, bien peu ont remarqué à quel point la France était décriée en Italie, avant même l’arrivée d’E. Macron au pouvoir. Cela peut tenir à un certain expansionnisme économique (investissements de Bolloré dans Mediaset ou Telecom Italia, rachat de Moncler par Eurazeo, de Parmalat par Lactalis ou de Bulgari par LVMH). Ainsi, les acquisitions françaises en Italie (52 milliards d’euros entre 2006 et 2016 contre 7,6 milliards d’euros d’acquisitions italiennes en France durant la même période) nourrissent une méfiance croissante et des appels au patriotisme italien. Elles expliquent également la dispute sur la question du rachat des chantiers de l’Atlantique par Fincantieri, qui a été un temps bloqué par le gouvernement français ce qui a été mal vécu par Rome. On pourrait enfin évoquer la question de la ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin (le TAV), promue par les Français mais source de trouble chez les Italiens, non pas parce que cela vient de la France mais parce que les deux partenaires principaux de la coalition ont des points de vue différents sur le sujet, la Lega étant d’accord, le M5S s’y opposant.</p>
<p><ins>Méditerranée, cause de discorde</ins></p>
<p>Sur le versant plus géopolitique, les deux voisins ont manifesté leur désaccord notamment sur le problème des réfugiés. Il ne s’agit pas seulement de la question de l’immigration mais aussi des vagues de migrants traversant la Méditerranée et arrivant, pour beaucoup, en Italie. Or, la solidarité européenne et notamment française n’a pas fonctionné. Convenons que cela arrangeait bien Paris qui pouvait poursuivre ses manifestations publiques de vertu européenne sans accroître l’accueil interne de réfugiés, question également très sensible en France. Là encore, le différend bilatéral rend visible une question qui est d’abord européenne, même si les deux pays sont sortis temporairement de Schengen (la France sur la totalité de ses frontières, l’Italie pour sa frontière avec l’Autriche).</p>
<p>Mais ce sujet pose aussi la question de la Méditerranée, espace commun entre les deux pays, notamment la Méditerranée centrale et occidentale. Les deux pays devraient pourtant partager une approche commune et l’ont d’ailleurs longtemps eue (dialogue 5+5, EUROFOR, EUROMARFOR, Force de Gendarmerie européenne). Mais les choses se sont étiolées au cours de la dernière décennie, notamment à la suite de l’affaire libyenne. On sait qu’elle fut déclenchée par Nicolas Sarkozy, sans consulter ses alliés et que l’Italie s’y rallia, obtenant que cela passe sous commandement de l’OTAN. Pourtant, le chaos qui s’ensuivit a renforcé une certaine amertume romaine. D’une part, envers un déclenchement hâtif et des buts de guerre peu identifiés qui allèrent jusqu’à la chute du régime, avec le désordre consécutif, source première des migrations en Méditerranée centrale ; d’autre part, à cause de l’arrivée de la France en Libye, considérée comme un champ traditionnel d’influence italienne, depuis au moins la colonisation du début du XXème siècle. Or, les initiatives diplomatiques de Paris et de Rome se succèdent sans coordination, démontrant une sorte de rivalité latine et de lutte des egos assez infantile et surtout, sans guère d’effets sur le terrain. Mais si le dossier libyen est marginal pour Paris, beaucoup plus préoccupée de la bande sahélo-saharienne ou du Proche-Orient, elle est au contraire beaucoup plus centrale dans la politique extérieure de Rome qui est donc beaucoup plus susceptible sur ce dossier. Ceci explique également les sorties un peu outrées de Matteo Salvini sur le franc CFA ou le néocolonialisme français en Afrique, qui trahit plus l’impensé italien que la réalité actuelle, malgré tout fort éloignée de la « Françafrique » du général De Gaulle.</p>
<p><strong>Conclusion</strong></p>
<p>Nous pourrions évoquer cette psyché italienne qui anime sa géopolitique contemporaine : ce n’est ni le lieu ni le moment mais notons ici que s’il y a des obsessions françaises, il y a également des obsessions italiennes qui jouent incontestablement dans les rapports franco-italiens.</p>
<p>Ces dynamiques de fond s’insèrent dans un double contexte. Il est européen, en arrière-plan mais déterminant car la plupart des discussions entre Paris et Rome portent aussi sur l’Europe que les deux pays fondateurs envisagent pour la construction européenne. Mais il est aussi le fait des circonstances marquées par les personnalités au pouvoir dans les deux voisins transalpins. Les personnalités sont marquées et fortement différentes, tirant d’ailleurs parti de leur opposition qu’elles mettent volontiers en scène. Cependant, elles font courir un risque, celui d’abimer durablement une relation qui est naturellement celle de la proximité ; au-delà de la culture, il s’agit d’abord d’une communauté de tempérament qui font Français et Italiens si proches et si complices. Les responsabilités de cette crise sont évidemment partagées mais il est plus que temps de sonner le holà et de revenir à de meilleurs sentiments et des rapports plus courtois. Il semble que les deux capitales en aient pris conscience et soient en train de raccommoder les choses. Mais les temps sont désormais tellement imprévisibles que l’embellie actuelle reste encore bien fragile.</p>
<p>Olivier Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2019/11/02/France-Italie-%3A-une-crise-plus-profonde-qu-il-y-para%C3%AEt#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2273Les Algériens de Franceurn:md5:a6cca5d6e8cb9b9c1125c2545c4daf0d2019-10-20T12:02:00+01:002019-10-28T12:10:44+00:00Olivier KempfLivres et écritsAlgérieAlgérienFranceLimes<p>J'ai publié, dans la revue italienne <a href="http://www.limesonline.com/?refresh_ce">Limes</a>, un article qu'ils m'avaient demandé pour leur numéro de juin consacré à l'Algérie. Je ne vais pas poster ici la version italienne (voir <a href="http://www.limesonline.com/cartaceo/i-mille-volti-degli-algerini-di-francia?prv=true">I mille volti degli Aglierini di Francia</a>) mais le texte français d'origine, plus accessible au lecteur français.</p>
<p><img src="http://cdn.gelestatic.it/limesonline/www/2019/07/619_cover-370x522.jpg" alt="" /></p> <p>Semaine après semaine, le renouvellement des manifestations à travers l’Algérie a relancé l’intérêt pour ce pays maghrébin. Cependant cet intérêt n’a pas donné lieu à une mobilisation médiatique en France, comme si les Français regardaient d’un air distant ce pays, ancienne colonie qui au fond ne compterait plus, tant elle s’est enfermée dans un nationalisme ombrageux. Dans le même temps, des signes ont montré que les « Algériens de France » s’étaient quant à eux mobilisés, que ce soit par des manifestations répliquant place de la République celles d’outre-Méditerranée, ou par les voyages de ceux retournant régulièrement à Alger pour descendre dans la rue.
Autant de réactions qui varient de la négligence à l’implication la plus passionnée et qui illustrent des relations ambiguës, complexes et entrecroisées entre les deux pays et leurs deux peuples. Au point que l’expression « Algériens de France », pourtant utilisée abondamment, recouvre une réalité malaisée à définir, tant on ne sait pas ce que sont ces « Algériens de France », ni si l’expression désigne la même chose à travers l’histoire, ni même si elle a pareil sens en France ou en Algérie. Or, la question est extrêmement sensible tant elle croise des lignes de passion politique qui ont traversé et traversent encore notre pays, qu’il s’agisse de la guerre d’indépendance algérienne, de l’immigration ou de la place de l’islam et de ses variantes radicales.
C’est pourquoi ce texte doit l’apprécier sous un triple regard : démographique, politique et géopolitique.</p>
<p><strong>Des immigrations algériennes</strong></p>
<p>Les Algériens de France sont d’abord le résultat de vagues successives d’immigration (1).</p>
<p>Elles existent très tôt, alors même que les trois départements algériens sont sous administration directe de la métropole. On distingue ici plusieurs vagues de cette immigration des populations autochtones et musulmanes (2) (à distinguer donc des colons), vers la métropole. La première vague, de 1905 à 1913, envoie une dizaine de milliers de personnes dans des emplois de main d’œuvre industrielle. Lors de la Première Guerre mondiale, 80.000 travailleurs algériens et 170.000 soldats viennent en métropole. Après la guerre, la France rapatrie 250.000 d’entre eux vers les colonies. Mais l’immigration reprend dès 1920 jusqu’à 1939, puis à nouveau à l’issue de la Seconde Guerre, jusque 1954, notamment pour accompagner la reconstruction et les Trente glorieuses.</p>
<p>Le flux s’interrompt à l’occasion de la Guerre d’Algérie (1954-1962). La fin de celle-ci (accord d’Evian) organise le « rapatriement » qui n’est pas à proprement parler une immigration mais constitue incontestablement un mouvement migratoire d’ampleur. En effet, les populations en question sont pour la plupart de nationalité française (depuis la loi de 1870 pour les juifs, celle de 1889 pour les Européens et celle de 1947 pour les musulmans). Toutefois, il faut bien distinguer les Pieds-Noirs et les Harkis (3) : l’administration française demande en effet à ces derniers une reconnaissance de nationalité. Entre 1962 et 1965, environ un million de Français d’Algérie arrivent en France (dont 100.000 juifs et 45.000 harkis).</p>
<p>Simultanément à ces rapatriés, une immigration algérienne proprement dite se développa dès 1962, elle aussi en plusieurs vagues. Entre 1962 et 1982, la population algérienne vivant en France passe de 350.000 à 800.000 personnes, principalement des travailleurs venus fournir de la main-d’œuvre à la croissance industrielle des Trente Glorieuses. A partir de 1980, les allers et retours ne sont plus possibles et les Algériens travaillant en France veulent y rester : ils font donc venir leur famille. Les entrées sont désormais principalement le fait du regroupement familial même si d’autres phénomènes ont lieu : soit la fuite de la guerre civile au cours de la décennie noire des années 1990, soit des commerçants illicites entre les deux rives (trabendo) soit même des immigrés clandestins (harragas).</p>
<p><strong>Combien sont-ils ?</strong></p>
<p>Il est difficile de connaître avec précision le nombre de ces Algériens de France.</p>
<p>En 2012, selon une estimation de l’INSEE, les immigrés algériens et leurs enfants (au moins un parent né en Algérie) étaient 1.713.000. Selon d’autres spécialistes, le nombre de résidents d’origine algérienne peut être estimé à 4 millions dont deux millions de binationaux. Enfin, Michèle Tribalat, dans une étude de 2015 (4), estime à 2,5 millions les personnes d’origine algérienne sur trois générations : 737.000 immigrés, 1,17 millions de descendants de 1ère génération, 565.000 descendants de deuxième génération. Sur trois générations, ces personnes représentent donc 4,6 % de la population française. Cette étude inclut donc les harkis et leurs descendants mais exclut les descendants des rapatriés.</p>
<p>Les chiffres les plus récents de l’INSEE datent de 2015 (5) : Il y aurait ainsi en France 6,2 Millions d’immigrés (nés à l’étranger) dont 3,8 millions de nationalité étrangère et 2,4 millions de binationaux. 12,8 % seraient nés en Algérie soit 793.000 (486.000 de nationalité algérienne, 307.000 binationaux).</p>
<p>Les descendants de harkis seraient aujourd’hui entre 500.000 et 800.000. Les descendants de pieds-noirs seraient quant à eux au nombre de 3,2 millions en 2012.</p>
<p>Si l’on conjugue toutes ces études, en additionnant les Français d’origine algérienne et ceux ayant des origines pied-noir, on obtient le chiffre de 5,7 millions de personnes ayant des racines directes en Algérie.</p>
<p>Mais ces chiffres ne doivent pas cacher que ces différentes origines et statuts, mais aussi les différences entre les références chronologiques (vagues d’immigration, générations de 1er, 2ème ou 3ème rang), rendent impossible l’unité des réactions de ces différentes populations. Aussi l’expression « Algériens de France » est-elle trompeuse en ce qu’elle suggère une homogénéité et donc la similitude des comportements.</p>
<p><strong>Liaisons historiques</strong></p>
<p>En effet, les Algériens en France ont très tôt eu un rôle dans l’accession à l’indépendance. En 1926, de jeunes immigrés algériens créent, du côté de Nanterre, l’Etoile nord-africaine, premier mouvement indépendantiste algérien. Messali Hadj, son leader, le transforme en Parti du peuple algérien en 1937 puis en Mouvement National Algérien à partir de 1954. Après la Seconde Guerre mondiale, les revendications nationalistes montent en puissance pour aboutir au déclenchement de la guerre d’Algérie (on parle en Algérie de « Révolution algérienne ») en novembre 1954.</p>
<p>Le Front de libération nationale (FLN) crée des régions militaires (des wilayas) pour conduite son combat. A ce titre, la Wilaya 7 est la branche française du FLN, sous le nom de Fédération de France du FLN, qui va sensibiliser la communauté algérienne en France et en Europe. Les premières années, il s’agit de prendre l’avantage sur l’autre mouvement nationaliste, le MNA (Messali Hadj) ce qui entraîne des règlements de compte meurtriers (on parle de 4.000 morts) afin notamment de collecter « l’impôt révolutionnaire ». En 1961, elle organise des manifestations durement réprimées (plusieurs dizaines de morts). Simultanément, des Français, en général des intellectuels de gauche, soutiennent le mouvement indépendantiste (cf. le réseau Jeanson ou encore ce qu’on a appelé les « porteurs de valise »).</p>
<p>Les Algériens en France ou les Français soutenant les Algériens ont donc joué un rôle important au cours de la guerre d’Algérie. Le souvenir en a laissé des traces dans l’histoire politique mais il s’est estompé, notamment en France, au point qu’il n’agit plus aujourd’hui comme une référence dans le débat public. Quasiment deux générations ont passé et les passions d’hier se sont globalement apaisées. D’autres ont pris le relais.</p>
<p><strong>Nouveaux malaises</strong></p>
<p>En juillet 1998, la France gagnait la coupe du monde de football. Certains, prenant appui sur la figure de Zinedine Zidane, parlait de France black-blanc-beur, y voyant le triomphe d’une France multiculturelle et intégrée. En 2001, le premier match de football entre la France et l’Algérie, joué au stade de France, au même endroit que la finale trois ans plus tôt, renversait cette hypothèse : Lors de la diffusion des hymnes nationaux, de nombreux sifflets se firent entendre au cours de la Marseillaise et le match fut arrêté à la 76ème minute, alors que le terrain était envahi par des milliers de supporters. Les « jeunes de banlieues » avaient ainsi démontré leur piètre attachement à leur pays de nationalité, la France. Étaient-ce des Algériens de France ? ou plutôt des Français de France aux racines algériennes ? En tout cas, cela révélait le trouble identitaire de nombreux segments de la population française.</p>
<p>Ces matchs montraient le malaise d’une partie de la population immigrée et notamment celle d’origine algérienne. Quelques années plus tard, la série des attentats terroristes à Paris renforçait cette impression : en effet, la plupart d’entre eux furent commis par des citoyens français, même si leur origine immigrée (et pour le coup, pas spécialement algérienne) leur donnait souvent un point commun. Le malaise quittait le terrain de l’immigration pour aller vers celui de l’islam et notamment de ses versions extrémistes.</p>
<p>Incidemment, cela posait la question de l’organisation de l’islam de France. Ainsi, la Grande mosquée de Paris est juridiquement indépendante mais reste traditionnellement liée, culturellement et culturellement, à l’Algérie. Cependant, la Grande mosquée de Paris perd de l’influence dans la représentation de musulmans de France (alors qu’elle avait une primauté traditionnelle), notamment au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM). Alors que l’islam algérien avait traditionnellement eu le plus d’influence en France, voici qu’il est désormais minoritaire.</p>
<p><strong>Algérien de France ou Algérien en France ?</strong></p>
<p>Ces différents points montrent un trouble. Pourtant, ce trouble ne semble pas propre aux seuls Algériens de France puisque ces questions d’identité traversent le pays (et même l’ensemble des pays d’Europe). En 2007, juste arrivé au pouvoir, Nicolas Sarkozy décide de créer un ministère de l’identité nationale (intitulé exact : ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire). Cela illustre la difficulté de ce nouveau thème politique de l’identité.</p>
<p>Il ne s’agit pas ici d’écrire une nième dissertation sur le sujet : tout a été dit de ces identités multiples, défiées par les conditions contemporaines de la mondialisation qui intensifie les échanges et les mélanges, qu’il s’agisse des cultures, des idées ou des personnes. Cette intensification est géographique mais elle constitue également une accélération, qui laisse moins de temps à la sédimentation, à l’accoutumance et à l’apaisement. Enfin, un certain relativisme occidental accélère cette dissolution des identités, qu’elles soient nationales, régionales ou individuelles. Le refus de la norme sociale rend plus difficile l’intégration.</p>
<p>S’agissant des immigrés et spécialement des Algériens, on peut également pointer les attitudes différentes entre ceux de première génération, qui ont encore les références de leur pays d’origine, et ceux de deuxième et de troisième génération, pour qui ces références sont plus éloignées et donc fantasmées ou reconstruites.</p>
<p>Nombreux sont les témoignages de ces beurs algériens « retournant » au bled (même à l’occasion de leur premier voyage), qui rêvent beaucoup de ce voyage et sont finalement très déçus de ce qu’ils vivent : il y a un choc culturel intense entre la représentation et la réalité, sans même parler de l’accueil qui leur est réservé et qui n’est pas toujours bon.</p>
<p>Les voici donc obligés de construire une identité composite, à la fois algérienne et française, ou plus exactement Français d’origine algérienne (FOA), même si l’insertion dans la société française est difficile. Très souvent en effet, un FOA fait partie de la France périphérique, celle qui a du mal à joindre les deux bouts et qui s’est révélée aux yeux de tous lors de la manifestation des Gilets Jaunes.
Et pourtant, les choses ne sont pas aussi simples : ainsi, on vit peu de beurs au sein de ces Gilets Jaunes, de même qu’on en vit peu lors des grandes manifestations à la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo : signe d’une division qui demeure profonde et qui touche la France de l’immigration en général, et plus particulièrement celle d’origine maghrébine, et donc algérienne.</p>
<p><strong>Retournements d’identité</strong></p>
<p>Le cas des binationaux est symptomatique de ces difficultés. Ainsi, un grand débat public eut lieu en 2016 à propos de la déchéance de nationalité des terroristes. Rapidement, le sujet dériva vers la question des binationaux (pas seulement des Algériens). Or, il faut constater leur « double absence » (selon le mot du sociologue algérien Abdelmalek Sayad), ici et là-bas, particulièrement dans le cas des Algériens.
Regardés avec suspicion par un certain nombre d’hommes politiques français, ils le sont également par les hommes d’Etat algériens qui dénoncent régulièrement le <em>Hizb frança</em> (le parti de la France), nouvelle cinquième colonne qui agirait cette fois non au profit de l’Algérie mais contre elle. « <em>De ce point de vue, les récents débats contradictoires autour des articles 51 et 73 du nouveau projet de Constitution en Algérie sont bien la preuve que les binationaux ne constituent pas uniquement des victimes expiables dans l’ancien État colonial (la France) mais aussi des boucs-émissaires de l’État anciennement colonisé (l’Algérie). En effet, le pouvoir algérien a présenté récemment un nouveau projet de constitution afin de « démocratiser » et de « moderniser » les institutions politiques du pays. Or, parmi les réformes envisagées, l’une vise précisément à exclure les binationaux de certains mandats électifs et des postes à haute responsabilité engageant la souveraineté de l’État. L’argument principal avancé par les auteurs de la réforme est que la binationalité serait susceptible d’introduire un conflit d’allégeance entre l’État d’origine et l’État d’accueil</em> » (6). Les binationaux sont donc soupçonnés d’être considérés comme peu fiables et pas assez loyaux.</p>
<p>Ils sont ainsi un peu des deux pays mais finalement, ils ne seraient d’aucun des deux ? Qu’y peuvent-ils, d’ailleurs, si le droit leur donne deux nationalités, sans qu’on leur ait demandé leur avis et même si beaucoup y trouvent un avantage ? En fait, « <em>leur statut juridique et symbolique fait problème, en ce qu’il témoigne de la péremption des conceptions traditionnelles de l’État-nation territorial qui se combine paradoxalement à un retour en force des nationalismes fondateurs, ce que l’on pourrait appeler également les nationalismes primordiaux</em> ». Les binationaux sont un problème géopolitique très contemporain.</p>
<p>Dans le même temps, on évoque parfois « <em>les centaines de milliers d’Algériens vivant en Algérie mais ayant secrètement la nationalité française</em> (7) ». Il y aurait ainsi des Algériens Français en Algérie même… Sont-ils Algériens de France ou autre chose ?</p>
<p>D’un autre point de vue, les pieds-noirs sont également des Algériens de France : Mais l’expression pied-noir étant jugée péjorative par certains d’entre eux, ils lui préfèrent l’expression de « <em>Français d’Algérie</em> ». Mais ces Français d’Algérie ne sont-ils pas également des Algériens de France, même si leur rapport avec l’Algérie indépendante est très différent de celui des FOA ?</p>
<p><strong>Une normalisation en cours ?</strong></p>
<p>Ainsi, ces parcours très variés montrent que l’expression « Algériens de France » est bien délicate à manier.</p>
<p>Et pourtant, l’observateur peut déceler une certaine normalisation. Le déroulé du hirak (Mouvement) algérien l’illustre. Ainsi, de nombreux binationaux se sont-ils rendus régulièrement à Alger pour participer aux manifestations, occasion pour eux de participer à la vie politique de leur pays, mais dans le sens d’un rapprochement de nature politique. En effet, l’attente d’une forme de démocratisation du régime semble réunir les deux rives.</p>
<p>Ainsi que nous l’avons montré (8), les Algériens (comme tous les Maghrébins) sont imprégnés de culture française et ils observent la vie politique, médiatique et sportive française quotidiennement, grâce aux télévisions par satellite et Internet. D’une certaine façon, ils vivent en France par procuration. Quant aux Algériens de France, ils représentent d’une certaine façon ceux qui prouvent qu’on peut y arriver, à l’instar des nombreux Français d’origine algérienne qui ont réussi (pour les personnalités récentes (9) : les footballeurs Zidane, K. Benzema, N. Fékir, les chanteurs K. Farah, Sheryfa Luna, les politiciens F. Amara, A. Begag, N. Berra, R. Dati, F. Lamzaoui, L. Aïchi, K. Delli, les acteurs M. Achour, A. Belaïdi, F. Khelfa, Smaïn, Ramzy, L. Bekhti, Dany Boon, Kad Merad, …). C’est d’ailleurs ce qui incite probablement les binationaux à se préoccuper de l’évolution politique de l’autre côté de la Méditerranée, car elle représente une évolution qui permet de réduire les distances entre les deux sociétés.</p>
<p><strong>Vers la cicatrisation …</strong></p>
<p>La France se désintéresse de l’Algérie, écrivions-nous. Peut-être les évolutions en cours annoncent-elles un renouveau, activé par ces Algériens de France qui ont besoin, plus que d’autres, de réconcilier non seulement leurs racines mais surtout deux histoires si proches. Car au fond, beaucoup d’Algériens demeurent attachés à la France, tout comme il y a une part très importante de Français qui conservent des liens avec l’Algérie. Ces Algériens de France constitueront alors une richesse géopolitique permettant un rapprochement entre les deux pays que tout rapproche et que l’histoire a un temps éloigné.</p>
<p>Venant d’un « nulle-part identitaire », ils permettront une alchimie créatrice au profit des deux rives.</p>
<p>(1) Les éléments de cette partie sont tirés notamment de Wikipédia, de l’INSEE et de E. Blanchard, Histoire de l’immigration algérienne en France, La Découverte, 2018, 128 pages.
(2) Jusqu’en 1947, les autorités parlent des « musulmans » qui sont des sujets français. On parle à la suite du statut de l’Algérie (adopté en 1947) de Français musulmans d’Algérie. Ils ne deviennent à proprement parler Algériens qu’à la suite de l’indépendance en 1962.
(3) Les pieds-noirs désignent les Français d’ascendance européenne originaires d’Algérie. Les harkis sont les anciens musulmans combattants, auxiliaires ou supplétifs de l’armée française au cours de la guerre d’Algérie : on les désigne aussi de Français de souche nord-africaine.
(4) Michèle Tribalat, « Une estimation des populations d’origine étrangère en France en 2011 », Espace populations sociétés, 2015/1-2.
(5) https://www.insee.fr/fr/statistiques/3633212
(6) Vincent Geisser, « Une controverse peut en cacher une autre : Les binationaux suspects « ici et là-bas » ? », Migrations Société 2016/1 (N° 163), pages 3 à 12.
(7) http://www.slateafrique.com/2063/en-france-la-binationalite-au-banc-des-accuses
(8) « L’Algérie, le hirak et la France », Dossier stratégique n° 11, La Vigie, 18 mai 2019, accessible à https://www.lettrevigie.com/blog/2019/05/30/dossier-n-11-lalgerie-le-hirak-et-la-france-gratuit/
(9) Voir https://www.facebook.com/personnalitespubliquesdoriginealgeriennelapage/</p>
<p>Olivier Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2019/10/28/Les-Alg%C3%A9riens-de-France#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2269Dialogue franco-russeurn:md5:9b36b8d9649bffe93ab0332d17c59d0c2019-09-06T21:47:00+01:002019-09-06T21:47:00+01:00Olivier KempfRussieDialogueFranceRussie<p>J'ai évoqué récemment dans La Vigie (<a href="https://www.lettrevigie.com/blog/2019/09/04/lv-124-du-bon-pied-une-belle-sequence-diplomatique-lorgnette-acheter-le-groenland/">N° 124, ici</a>) une belle séquence diplomatique, qui envisage entre autre une relance du dialogue franco-russe. On se doit d'être circonspect, non pas sur l'objectif mais sur la manière dont il va être conduit.</p>
<p><img src="https://www.ifri.org/sites/default/files/styles/image_contenu_article/public/thumbnails/image/vladimir_poutine_emmanuel_macron_versailles_2017_v2.jpg?itok=E6ssFZQQ" alt="" /></p> <p>En effet, pour le dialogue avec la Russie, force est de constater que beaucoup de dirigeants français l'ont évoqué et même initié. Sans que cela soit très satisfaisant. Probablement aussi par ce qu'on n'a pas évalué assez finement les présupposés de la Russie.</p>
<p>En fait, l'analyse de la Russie est divisée en deux visions très caricaturales :</p>
<p>- une vision atlantiste qui y voit la perpétuation de l'URSS menaçant ( ce qu'elle n'est à l'évidence plus) ;</p>
<p>- une vision irénique (souvent caricaturale car elle doit lutter pour s'extraire de la vision politiquement dominante) qui considère que la Russie est une puissance de paix, avec quelques présupposés : elle se pense européenne - elle est cohérente - sa politique européenne peut se distinguer de sa politique vis-à-vis des États-Unis ou de la Chine - la question des minorités et de l'islam se pose pareillement chez nous et chez elle.</p>
<p>Or, aucun de ces présupposés n'est étudié avec soin avant de lancer le <em>reset</em>, ce qui provoque inévitablement des déceptions : on se lance dans une manœuvre de revers sans examiner les intérêts réels du partenaire (par rapport à nos et par rapport au partenaire que l'on essaye de contourner).</p>
<p>Je crains que quelles que soient les velléités audacieuses du pdt Macron, il ne verse dans ses travers classiques.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2019/09/06/Dialogue-franco-russe#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2263Retour sur l'affaire Legrierurn:md5:aeeccd3769678e9db53b8da100b12da72019-07-29T14:37:00+01:002019-07-29T14:37:00+01:00Olivier KempfCommandementAppui-feuCEMAETats-UnisFranceLegrierliberté d expressionSTratégieSYrie<p>L’affaire Legrier a fait à nouveau parler d’elle en ce creux d’été. En effet, le CEMA a été interrogé à son sujet par la commission de la défense de l’Assemblée et il a eu des mots très fermes à ce sujet (voir ici). D’autres commentateurs se sont crus obligés de commenter, le vernis de leur style cachant mal le vide de leur pensée et leur satisfaction de donner des leçons d’élégance morale et de « j’vous l’avais bien dit ».</p>
<p><img src="https://i1.wp.com/www.lavoixdelain.fr/photos/galeries/30463/7578-tab.jpg?resize=840%2C473&ssl=1" alt="" /></p>
<p>Or, cette affaire couvre quatre dimensions, mal isolées par les commentateurs qui confondent souvent tout : Communication, commandement, stratégie et géopolitique sont ainsi les axes de l’affaire (sans même parler de la notion de liberté d’expression, victime collatérale de l’affaire, comme si on n’avait rien appris : mais elle vaudrait à elle seule un développement et elle a déjà été abordée dans ce blog : laissons-la de côté pour l’instant.</p> <p><ins>Commandement</ins> : c’est le principal argument du CEMA et on ne peut ici que lui donner raison. En effet, le colonel Legrier a publié son texte alors qu’il était encore en train de commander son bataillon en opération. Cela pose problème vis-à-vis de ses hommes (ce que relève le CEMA) mais aussi vis-à-vis de la hiérarchie : faut-il rappeler que le commandement consiste dans un double « dialogue » : du haut vers le bas (les ordres) et du bas vers le haut (le compte-rendu). Or, le colonel Legrier a fait part publiquement de ses impressions avant même d’avoir rendu compte (et donc écouté les arguments contraires de sa hiérarchie.</p>
<p>Accessoirement, la prudence et la maturation imposent un certain temps de latence entre une opération et son analyse. Quiconque a été en Opex sait qu’on s’y agace de beaucoup de choses, que les relations humaines ne sont pas toujours simples, que la tension et la fatigue altèrent le jugement. Aussi n’est-ce pas un hasard si les analyses sont publiées après l’opération, pour permettre au temps de faire son œuvre et au cerveau de décanter, ruminer et produire l’essentiel. C’est ainsi pour ma part que j’ai procédé et que font la plupart des auteurs que je connais qui s’essaient à dégager les leçons qu’ils ont apprises de leur opération : le processus est indispensable et d’ailleurs, distinct du processus codifié du Retour d’expérience, tel qu’il est pratiqué dans nos armées.</p>
<p><ins>Communication</ins> : L’accumulation d’erreurs en la matière est confondante : d’une part, la publication de l’article par la revue est maladroite car la RDN aurait dû noter cette question du commandement. Un article publié un mois plus tard, l’affaire aurait été différente. Ensuite, la réaction du cabinet (on ne sait d’ailleurs plus très bien de quel cabinet il s’agit : celui de la ministre, celui du CEMA ?). Demander le retrait d’un article (surtout quand il y a une version imprimée) à l’heure du numérique, c’est immanquablement susciter un effet Streisand, ce qui n’a pas manqué : outre les grands médias nationaux, le Washington Post, le New York Times, Reuters, Sputnik et Al Jazeera ont signalé l’article et analysé la question soulevée. Accessoirement, cela a démenti les propos du CEMA incitant les officiers à écrire et penser, ce qui est une de ses profondes convictions : il a dû entrer dans une casuistique désagréable et tirer des bords pour expliquer dans quel cas ceci dans quel cas cela. La question revient d’ailleurs trois mois plus tard avec cette audition parlementaire où on le sent très agacé au moins autant par le colonel Legrier que par la rémanence de l’affaire.</p>
<p><ins>Stratégie</ins> : Là, pour le coup, le débat est ouvert. J’ai entendu un certain nombre de commentateurs évacuer d’un revers de main les arguments du colonel Legrier. J’en ai entendu d’autres, au moins aussi avisés (et en général, plus avertis des affaires stratégiques que les premiers), dire qu’il y avait au moins débat. Ce n’est pas un hasard si le CEMAT belge a diffusé le texte aux officiers de son état-major (ici). Car il y a matière à réflexion. Tout d’abord parce que je ne suis pas persuadé qu’on a autant gagné que ça contre les djihadistes. Ne soyons pas désagréables, n’évoquons pas Barkhane et restons au Moyen-Orient. Sommes-nous si persuadés d’avoir trouvé la bonne méthode face aux Djihadistes ? Sont-ils effectivement éradiqués d’Irak (sans même parler de la Syrie) ? Autrement dit, la stratégie adoptée notamment sous direction américaine a-t-elle été convaincante ?</p>
<p>Tentons de la résumer : beaucoup d’appui feu à des troupes au sol qui combattent par procuration (des proxies), un peu aidées par quelques forces spéciales. Cela a permis d’obtenir des effets sur le terrain, incontestablement et après beaucoup d’efforts, l’Etat Islamique a été chassé de Mossoul et du nord de l’Irak. Mais ce succès est-il durable ? si l’on observe d’autres théâtres (Afghanistan, BSS), il est permis d’en douter. Car au fond, on fait la guerre loin des populations, laissant à d’autres le soin d’aller constater les dégâts au sol, sans trop se préoccuper du volume de ces dégâts. ON est donc très loin de la guerre « au milieu des populations » dont on nous expliquait hier qu’elle caractérisait une approche française, distincte de l’approche américaine. Au fond, telle est la question : y a-t-il encore une approche française de la guerre ?</p>
<p>Par ailleurs, Le débat de l’appui feu renoue avec celui initié, entre les deux guerres, par Giulio Douhet. Celui-ci prétendait que l’arme aérienne allait constituer l’arme fatale, celle qui allait décider du cours des batailles par l’intensité du feu déployé. On sait, près d’un siècle plus tard, qu’il s’agit d’une illusion (pas tout à fait : seule l’arme nucléaire a obtenu ce pouvoir d’anéantissement et d’effroi qui a modifié la stratégie ) ; pour le reste, on demeure dans la guerre dite conventionnelle où l’accumulation d’armes complique la guerre mais ne résout pas l’affrontement premier entre deux camps, le fameux duel de Clausewitz. L’appui feu est un appui, voici ce que rappelle le colonel Legrier : il appuie une force au sol qui va risquer l’essentiel pour prendre l’ascendant moral sur l’ennemi. Observons que ce débat est aussi celui des drones et demain de la robotique de bataille. Autant dire que ce n’est pas un débat aussi anodin que d’aucuns l’ont affirmé.</p>
<p>On peut ici s’interroger sur l’intervention russe en Syrie : là encore, quelques milliers d’hommes et beaucoup d’appui feu : au fond, le même schéma que les Américains. Le résultat global est finalement assez proche de celui obtenu par les Etats-Unis en Irak. Dans les deux cas, on n’a pas l’impression que le gouvernement en place maîtrise pleinement le pays ni que la guerre soit pleinement gagnée (les combats actuels autour de la poche d’Idlib l’illustrent assez bien). De même, la résolution politique de la guerre semble très imprécise. En fait, il semble bien que des puissances d’intervention en opération extérieure n’aient guère le choix : comment concentrer les efforts pour peser tout en conservant une économie de moyens nécessitée par l’enjeu relatif, au vu de l’intérêt national ? Telle est la question posée à des pays aussi différents que la Russie, les Etats-Unis ou la France. L’appui feu semble ici constituer une option raisonnable, même si on sait qu’elle ne résout pas tout. La question stratégique complémentaire devient donc la suivante : comment compléter un appui feu pour transformer des succès militaires localisés en une réussite politique ?</p>
<p><ins>Géopolitique</ins> : Voici enfin la dernière question, sous-jacente et qui a probablement provoqué l’ire de beaucoup. Au fond, que faisons-nous au Moyen-Orient ? En Irak, nous sommes appelés par un gouvernement légal et l’aidons à faire la guerre à des rebelles (qui se trouvent être aussi nos ennemis, du moins les désignons-nous comme tels). Nous suivons pour cela une direction américaine où, avec des moyens minimes, nous réalisons de belles performances, laissant logiquement la direction stratégique à nos alliés : Ce n’est pas avec 3% ou 5 % des forces que l’on peut réellement peser sur une stratégie ! Il est donc logique que nous soyons en retrait et qu’il n’y ait donc guère d’autonomie stratégique (mais opérative), ce que semble regretter le colonel Legrier.</p>
<p>Mais un autre débat sous-tend l’affaire : celui de notre présence en Syrie. Force est de constater que la ligne française a particulièrement été maladroite ces dernières années. Qu’on a assisté à un retour à une discrétion de bon aloi ces derniers mois, ce dont il faut se féliciter. Que cependant, nous intervenons en Syrie dans un cadre légal douteux car je n’ai pas entendu dire que le gouvernement légal de Damas (celui qui tient le siège de la Syrie aux Nations-Unies) ait demandé notre venue, y compris contre l’Etat Islamique. De même, l’argument de nos alliés kurdes combattant au sol pose évidemment problème : s’agit-il de combattants « réguliers » avec qui nous aurions passé une alliance ?</p>
<p>Pour conclure : le texte du colonel Legrier pose évidemment beaucoup de vraies questions. Il ne s’agit pas de les évacuer sous des prétextes de forme, même s’il y a eu, reconnaissons-le, beaucoup de maladresses. C’est bien parce que nous les avons pointées que nous pensons pouvoir aller au-delà, à l’essentiel, aux points soulevés par le colonel Legrier. L’heure doit désormais être au débat serein.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2019/07/29/Retour-sur-l-affaire-Legrier#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2260France et Italieurn:md5:f1c1e0e293f105e7f5ca21a0537465b52019-03-06T09:20:00+00:002019-03-07T09:21:44+00:00Olivier KempfColloques et conférencesColloqueFranceItalieLimes<p>Je participerai au festival de géopolitique organisé par la revue italienne Limes, ce weekend à Gênes.</p>
<p><img src="http://cdn.gelestatic.it/limesonline/www/2019/02/Locandina-A3-LIMES-2019-agg-1-724x1024.jpg" alt="" /></p>
<p>Quelques éléments pour comprendre :</p> <p>J'y évoquerai les difficiles relations entre la France et l'Italie. Sujet d'actualité, direz-vous ? Oui, mais nous avions décidé de ce sujet, avec Lucio Caracciolo, l'été dernier lors de son passage à Paris, alors que nos constations déjà qu'il y avait de la friture sur la ligne. Les récents événements n'ont fait que rendre visible ce qui était déjà patent pour qui savait observer.</p>
<p>Mon intervention aura trois thèmes successifs :</p>
<ul>
<li>des histoires de politique intérieure (des deux côtés des Alpes)</li>
<li>une histoire paradoxalement européenne</li>
<li>des réalités géopolitiques bien plus profondes et finalement inquiétantes</li>
</ul>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2019/03/07/France-et-Italie#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2236La France face au numérique : une souveraineté rénovée ? (RIS n° 110)urn:md5:265de7c16a06e710bcc4cfc9ed6da2fd2018-07-27T17:28:00+01:002018-07-27T17:28:00+01:00Olivier KempfLivres et écritsFranceRISSouveraineté numériquetechnologieTransformation digitale <p>Le dernier numéro de la <ins>Revue Internationale et Stratégique</ins> était consacré à "Géopolitique et technologie (<a href="https://www.cairn.info/revue-internationale-et-strategique.htm">ici</a>). J'y ai signé un article consacré à la souveraineté numérique...</p>
<p><img src="https://www.cairn.info/static/includes/vign_rev/RIS/RIS_110_L204.jpg" alt="" /></p>
<p>En matière d’informatique, si le quinquennat de François Hollande avait surtout été marqué par la cyberdéfense, la souveraineté numérique et la transformation digitale semblent constituer les priorités du quinquennat d’Emmanuel Macron. On a en effet d’abord assisté à une prise de conscience de la notion de souveraineté numérique au cours des cinq dernières années. Elle fut particulièrement visible lors de la dernière campagne présidentielle, et le nouveau président de la République a très tôt voulu très tôt marquer ses priorités, que ce soit au travers de la Revue stratégique ou à l’occasion du grand discours de la Sorbonne. De premières mesures ont été prises, qu’il s’agisse du Plan d’action 2022 de réforme de l’État, des assignations de Google par le ministère de l’Économie et des Finances ou encore du rapport Villani sur l’intelligence artificielle. L’Union européenne (UE) se mobilise également, ce qui constitue un tournant, notamment par le règlement général sur la protection des données (RGPD) ou la proposition de « présence numérique » pour taxer le chiffre d’affaires des géants du secteur.</p>
<p>Trois dimensions s’articulent autour de cette question de la souveraineté numérique : le stockage et la possession des données que nous générons à chaque instant et qui sont pourtant utilisées « par quelqu’un » ; le pouvoir de l’État, restreint à ses frontières et donc limité pour contraindre les grandes compagnies transnationales ; le niveau technologique d’une nation.</p>
<p>Plus <a href="http://www.iris-france.org/publications/ris-110-ete-2018/">ici</a>.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2018/07/23/La-France-face-au-num%C3%A9rique-%3A-une-souverainet%C3%A9-r%C3%A9nov%C3%A9e-%28RIS-n%C2%B0-110%29#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2196Les failles du CloudActurn:md5:ddc86af12bd41e8c1e8f7e6ed35de1fe2018-05-23T22:29:00+01:002018-05-23T22:29:00+01:00Olivier KempfCYber et économieAmériqueCloudCloudactEtats-UnisEuropeextraterritorialitéFranceNuageOVHSouveraineté numérique<p>En décembre 2017, Amazon AWS annonçait l’ouverture - promise de longue date - de sa “région de Paris” s’appuyant sur 3 centres de données. En Mars 2018, Microsoft suivait, ouvrant deux nouvelles régions Azure en France, à Paris et à Marseille. Leur objectif, au delà des besoins techniques de latence et de haute-disponibilité (assurés pour la très grande majorité de leurs clients par leurs régions européennes), était d’offrir aux entreprises françaises la possibilité d’héberger leurs données sur le territoire national, nouvelle gouvernance oblige, selon le mot d’ordre de la Souveraineté numérique.</p>
<p><img src="https://www.eff.org/files/cloud-leaky.png" alt="" /> (<a href="https://www.eff.org/deeplinks/2018/03/responsibility-deflected-cloud-act-passes">source</a>)</p> <p>Cependant, le <em>CloudAct</em> (<em>clarifying lawful overseas use of data act</em>), adopté dans la nuit en mars par le Congrès et le gouvernement américains, organise le cadre de la communication de données personnelles hébergées par les fournisseurs de cloud américains. Selon cette loi, les fournisseurs d’infonuagiques (<em>cloud providers</em>) doivent mettre à disposition du gouvernement américain, sur sa demande, les données de leurs clients même si celles-ci sont hébergées à l’extérieur des États-unis, et ce sans avertir les clients. Nuance, cependant, les <em>cloud-providers</em> disposent de 14 jours pour 1) rejeter la demande si le client n’est pas américain et ne réside pas sur le sol américain, et 2) pour contacter le pays hébergeant les données afin d’apporter la preuve que fournir lesdites données enfreindrait la loi du pays d’accueil de celles-ci. Cela étant, cette “protection” est légère et le <em>Cloudact</em> ressemble à une nouvelle forme d’extraterritorialité, conformément à ce que l’on observe par ailleurs avec le régime des sanctions : l’actualité géopolitique nous l’a rappelé avec le retrait américain de l’accord nucléaire avec l’Iran.</p>
<p>Ainsi, nous serions en présence d’une nouvelle manifestation de cette puissance américaine qui édit son droit et le ferait valoir urbi et orbi.</p>
<p>Ce que peu observent pourtant, c’est que le <em>CloudAct</em> met un frein à la stratégie des <em>cloud-providers</em> américains vers la France (et au-delà, l’Europe), puisqu’ils ne peuvent plus répondre aux exigences de leurs clients en matière de gouvernance et de souveraineté de leurs données. Leurs centres de données, même s’ils sont établis en France, ne garantissent plus que ces données resteront en France quoiqu’il advienne. Et les grands comptes français, déjà frileuses à l’idée du cloud, vont être d’autant plus difficiles à convaincre. Les annonces rassurantes d’AWS ou d’Azure ne tarderont probablement pas, assurant respecter la législation du pays d’accueil et prenant à cœur la confidentialité des données de leurs clients. Cela risque d’être insuffisant pour convaincre leurs clients. Aujourd’hui en tout cas, les collaborateurs des grands fournisseurs américains ne savent pas encore quoi très bien répondre et devront probablement botter en touche en attendant les premières applications du texte.</p>
<p>Cependant, le <em>CloudAct</em> est un règlement qui n’a pas encore été appliqué. A l’inverse du RGDP européen, qui a été pensé de longue date et qui a accompagné les entreprises dans la transformation qu’il nécessite en leur accordant un délai de préparation, il faudra attendre les premières jurisprudences pour savoir comment le règlement américain sera appliqué. Ses failles potentielles (notamment la nécessité de respecter la loi du pays hébergeant les données) peuvent amener à rendre le <em>CloudAct</em> impuissant et inutilisable : il est en tout cas parfaitement dissuasif et contraire probablement à ce que recherchaient les autorités de Washington. Il est toutefois trop tôt pour le dire, et il est peu probable que les sociétés françaises veuillent tenter le pari, surtout en ces temps de sanction transatlantique.</p>
<p>Il y a pourtant un gagnant dans toute cette affaire : OVH. Le fournisseur français s’est en effet efforcé de n’installer aucun de ses centres de données sur le territoire américain, allant jusqu’à créer une entité différente (OVH US) pour attaquer le marché états-unien. “<em>C’est par le biais de cette entité et uniquement qu’il sera possible de commander un service OVH hébergé aux États-Unis. Ce cloisonnement des données est clair et permanent</em>” affirme l’hébergeur sur <a href="https://www.ovh.com/fr/discover/us.xml">son site.</a> On peut retrouver une stratégie similaire chez Microsoft qui, avec son offre Office 365 “<em>acloud</em>”, offrent toutes les fonctionnalités d’Office 365, mais sans <em>OneDrive</em>, le <em>cloud</em> de Microsoft.</p>
<p>Aujourd’hui, OVH est le seul fournisseur <em>cloud</em> à être hors d’atteinte du <em>CloudAct</em>, ce qui offre à la France d’héberger un des “Paradis fiscaux de la données”, un <em>Data Paradise</em>, hors de portée des États-Unis. A terme, on pourrait même voir les acteurs européens s’y déplacer, préférant rester sous le giron protecteur de l’UE plutôt que d’être soumis à une justice américaine plus instable. La volonté d’indépendance des groupes français par rapport aux États-Unis est une réalité que les experts français du cloud rencontrent depuis plusieurs années. Alors que l’adoption du cloud s’accélère, c’est souvent des solutions hybrides que les groupes choisissent. Et si OVH leur offre les avantages de souplesse et de haute-disponibilités des fournisseurs américains tout en leur assurant l’indépendance d’hébergement de leurs données, nul doute qu’ils préféreront ce fournisseur.</p>
<p>Quant à OVH, si Octave Klaba a été visionnaire, il ne lui reste qu’à s’assurer d’offrir le même potentiel d’agilité sur les services associés. Le <em>DevOps</em> n’attend pas !</p>
<p>Paul-Antoine Kempf</p>
<p>NB : Egea est heureux d'accueillir ce billet d'actualité, par un bon expert du sujet (K junior!) : merci à lui. OK</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2018/05/23/Les-failles-du-CloudAct#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2187Deux articles dans Limes sur la Franceurn:md5:1984817df4e6280f34b1425116baa5812018-04-18T10:34:00+01:002018-04-18T10:34:00+01:00Olivier KempfLivres et écritsDébat stratégiqueFranceLimesNucléaire<p>Quand Lucio Caracciolo, le directeur de Limes, m'appelle au cours des vacances de Noel pour me parler de son projet de numéro spécial sur la France (<a href="http://www.limesonline.com/sommari-rivista/la-francia-mondiale">passionnant sommaire ici</a>), une longue conversation s'engage : il y a matière à trois ou quatre articles tant le sujet est passionnant ou, plus exactement, tant le regard d'un Italien sur notre géopolitique soulève énormément d'idées nouvelles.</p>
<p><img src="http://www.egeablog.net/public/.Limes_04_2018_m.jpg" alt="Limes_04_2018.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" title="Limes_04_2018.jpg, avr. 2018" /></p>
<p>Finalement, je lui propose deux articles : un sur le nucléaire, l'autre sur le débat stratégique. Voici ci-dessous les introductions en français et les résumés en italien.</p> <p><a href="http://www.limesonline.com/cartaceo/la-strategia-che-non-ce?prv=true">LA STRATEGIA CHE NON C’È</a></p>
<p><strong>Quel débat stratégique en France en 2018 ?</strong></p>
<p>L’arrivée au pouvoir du président Macron est apparu à beaucoup comme un brusque bouleversement des logiques politiques habituelles : si la chose est patente en France, elle paraît aussi très réelle sur la scène internationale où la magie médiatique de ce jeune président a donné à beaucoup le sentiment d’un « Kennedy à la française ». Sous les apparences, qu’en est-il pourtant au fond ? Les premières décisions reflètent-elles un débat stratégique préalable ? ont-elles au contraire alimenté ce débat en France ? Pas vraiment, il faut en convenir, même si les actes et les déclarations ont mis les questions de défense dans le cercle d’attention des médias, pas toujours pour les bonnes raisons.</p>
<p><em>L’ascesa di Macron non ha innescato una vera riflessione sugli obiettivi da assegnare alle Forze armate. Fornire fondi adeguati ai militari non basta a fare una strategia. E nemmeno la vecchia novità dell’Europa della difesa. Il servizio nazionale universale.</em></p>
<p>A molti l’ascesa alla presidenza di Emmanuel Macron è apparsa come portatrice di un brusco sconvolgimento delle consuete logiche politiche. Tanto in Francia quanto all’estero, dove il luccichio mediatico trasmette l’immagine di un «Kennedy à la française». Al di là delle apparenze, quanto c’è di vero? Le prime decisioni prese dall’Eliseo sono il riflesso di un ragionamento strategico? O, al contrario, ne alimentano uno sulla traiettoria del paese? Bisogna ammettere che non è così. I primi gesti e le prime dichiarazioni dell’inquilino dell’Eliseo hanno puntato i riflettori sull’ambito della difesa. Ma non sempre per buone ragioni.</p>
<p>Il presidente e i militari</p>
<p>La confusa campagna elettorale della primavera 2017 non aveva innescato un intenso dibattito strategico, essendo troppo concentrata sulle personalità e sui colpi di scena per dedicare attenzione ai dettagli dei programmi. Non che ce ne fosse bisogno: questa volta molto più di altre i temi della difesa occupavano un posto risibile nei documenti propositivi dei candidati. Solo il capo di Stato maggiore delle Forze armate, il generale Pierre de Villiers, aveva sostenuto in un discorso accademico a settembre 2016 e in una lunga intervista nel dicembre successivo la necessità di raggiungere il 2% del pil per la spesa militare. Tutti i concorrenti per l’Eliseo l’avevano ripreso per indossare la maschera del responsabile difensore del paese di fronte alle crescenti minacce. La Francia era ancora scossa dagli attentati di Parigi e la sicurezza continuava a essere un tema portante.</p>
<p>Una volta eletto, Macron ha fatto alcune mosse volte a collocarlo all’altezza dell’eredità di Charles de Gaulle. Dalla sua intronizzazione, si è circondato di simbolismi: risalita degli Champs Elysée…</p>
<p><a href="http://www.limesonline.com/cartaceo/giu-le-mani-dalla-force-de-frappe">Giù le mani dalla forc de frappe</a></p>
<p><strong>Le nucléaire militaire français : de l’assurance mais des incertitudes</strong></p>
<p>En Europe, la France est avec la Grande-Bretagne l’un des deux pays qui, du fait de sa maîtrise de la bombe, possède une école stratégique nucléaire fournie. Le débat y est classiquement articulé entre partisans et opposants, selon un clivage ancien qui n’a pas beaucoup évolué. Régulièrement, les opposants publient une tribune ou se saisissent d’un événement de l’actualité internationale pour faire valoir leur inquiétude : ce fut par exemple le cas en janvier dernier lorsque les scientifiques américains, avancèrent « l’horloge de la fin du monde » d’une demi-heure vers l’apocalypse. On en parle au mieux une journée, le débat tombe à plat et l’on continue comme avant. De l’autre côté, les partisans de l’arme nucléaire publient régulièrement ouvrages et analyses . La France est d’ailleurs probablement le seul pays d’Europe à produire autant de documents de conception stratégique, d’une part pour confirmer les thèses, d’autre part pour les faire évoluer de micro avancées tenant compte des évolutions récentes, qu’elles soient techniques, géopolitiques ou tout simplement politiques.</p>
<p><em>Macron vuole ravvivare la discussione pubblica sul deterrente atomico. Le posizioni interne. Il dibattito in America e Regno Unito. L’improbabile condivisione della Bomba francese con Berlino. Ma l’ortodossia nucleare per ora non si tocca.</em></p>
<p>In Europa, la Francia è assieme al Regno Unito l’unico paese che, grazie al possesso della Bomba, ha una scuola strategica nucleare degna di tale nome. Il dibattito nel nostro paese è classicamente diviso fra partigiani e oppositori, secondo un’antica linea di faglia che non si è molto evoluta nel tempo. Di tanto in tanto, gli oppositori 1 pubblicano commenti o si rifanno a un fatto d’attualità internazionale per comunicare la propria inquietudine, come quando lo scorso gennaio gli scienziati americani hanno spostato «l’orologio della fine del mondo» mezz’ora avanti verso l’apocalisse. Se ne parla un giorno, quando va bene, poi il dibattito muore lì come se nulla fosse. Sull’altra sponda, i partigiani divulgano con molta più assiduità le proprie opere e analisi 2. La Francia è probabilmente l’unico paese d’Europa a produrre un numero apprezzabile di documenti strategici che da un lato confermano le tesi principali dei pro-nuclearisti e dall’altro fanno loro compiere piccoli passi in avanti per riflettere le più recenti evoluzioni tecniche, geopolitiche o semplicemente politiche.</p>
<p>Il dibattito è comunque praticamente immobile, anche perché l’arma nucleare gode di un solido sostegno presso l’opinione pubblica: il 61% dei francesi ritiene che il possesso della Bomba sia un punto forte dei n…</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2018/04/17/Deux-articles-dans-Limes-sur-la-France#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2176Décès de Christian Malisurn:md5:3d98c4974844768e5c840c8d6fee47682017-11-25T20:35:00+00:002017-11-26T13:06:49+00:00Olivier KempfAuteur invitéAuteur inviteFranceMalisStratégie <p>Christian Malis vient de décéder. La communauté stratégique perd un de ses membres éminents et moi un ami.
<img src="http://cerclearistote.com/wp-content/uploads/2013/04/Christian-Malis.jpg" alt="" /></p>
<p>Nous nous sommes connus il y a quelques années, lorsqu'il a monté avec Stéphane Dossé et moi le premier colloque français de cyberstratégie. Stéphane le considérait comme l'un des meilleurs penseurs stratégiques actuels qui se ne distinguait pas uniquement pas ses compétences mais aussi par sa modestie et son ouverture d'esprit. Le sujet était alors totalement nouveau car s'il y avait déjà quelques approches de cybersécurité, la partie étendue incorporant la défense n'existait pas vraiment. Avec les membres d'AGS dont beaucoup ont depuis rejoint <a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/11/25/Echoradar.eu">EchoRadar</a>, nous étions une bande de passionnés qui s'interrogeaient sur ce domaine émergent. Christian est venu nous trouver, appuyé par le Centre de Recherche des Ecoles de Coëtquidan, pour monter ce colloque qui a donné lieu à <a href="https://www.economica.fr/livre-le-cyberespace-nouveau-domaine-de-la-pensee-strategique-dosse-stephane-kempf-olivier-malis-christian,fr,4,9782717865684.cfm">un livre dans la collection Cyberstratégie</a> que je lançais simultanément chez Economica.</p>
<p>Il s'est suivi une amitié durable, des échanges sur le cyber mais aussi la stratégie. Je lui avais demandé son propre ouvrage de cyber et il m'avait répondu qu'il travaillait sur autre chose, un livre de stratégie générale. Cela a donné "<a href="http://www.fayard.fr/guerre-et-strategie-au-xxie-siecle-9782213670782">Stratégie au XXIème siècle</a>", un livre qui n'a pas retenu l'attention de la critique spécialisée à l'époque alors qu'il était pourtant très profond. Mais n'est-ce pas, un auteur francophone et discret, cela ne plaît pas forcément. J'en ai dit immédiatement du bien (<a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/08/18/Guerre-et-strat%C3%A9gie-au-21%C3%A8me-si%C3%A8cle-%28Ch.-Malis%29">voir ici</a>), non pas parce qu'il était un ami mais aussi parce qu'il valait le détour. Or, je constate depuis que petit à petit, ce livre fait son chemin et je le vois régulièrement cité dans des articles ou dans des fiches plus discrètes. Signe de cette valeur.</p>
<p>Il avait beaucoup échangé avec les membres d'Echoradar : Charles Bwelé explique qu'il "était un gars vraiment sympa, humble, curieux, très enrichissant... Et prêtait attention aux modestes blogueurs que nous étions/sommes. Son bouquin "Guerre et stratégie au XXIème siècle" est un vrai bijou. Une discrète comète nous a quitté...". Thomas Schumacher "offre d’ailleurs son bouquin à nos auditeurs…". "Son ouvrage avait même reçu une distinction nationale" rappelle Yannick Harrel (prix Maréchal Foch de l'Académie française en 20115, <a href="http://academie-francaise.fr/christian-malis">voir ici</a>). Eric Hazane ou Nicolas Mazzucchi se souviennent des longues conversations avec lui.</p>
<p>Et puis il a eu une longue maladie. Commencée il y a quelques mois, puis une rémission l'an dernier et une rechute avant l'été. Il était lucide et les quelques brefs échanges que j'ai eus disaient beaucoup par leur laconisme. Il était catholique et sa foi l'a porté jusqu'au bout. Ses obsèques ont lieu lundi après midi.</p>
<p>RIP, Christian, tu me manques déjà (Christian était latiniste et savait bien que RIP signifie Requiescat in pace...). A Dieu.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/11/25/D%C3%A9c%C3%A8s-de-Christian-Malis#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2155Une vision méditerranéenne de la Franceurn:md5:f9ed8b9c24642696e462a00df92821362017-08-03T16:50:00+01:002017-08-03T16:50:00+01:00Olivier KempfLivres et écritsFranceItalieMéditerranée<p>Voici l'article livré à l'excellente revue italienne Limes qui consacre son <a href="http://www.limesonline.com/sommari-rivista/mediterranei">numéro de juin à la Méditerranée</a>.</p>
<p><img alt="cover-617" class="attachment-edicola-medium wp-post-image" height="523" src="http://www.limesonline.com/wp-content/uploads/2017/07/cover-617-370x523.jpg" width="370" /></p>
<p>J'y signe un article sur "Une vision méditerranéenne de la France". En italien, cela donne : <strong><em>Il destino della Francia si gioca nel Maghreb.</em></strong></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La France, comme les autres pays riverains, est fille de la Méditerranée. Pas seulement pourtant : elle naît à la fin de l’Empire Romain de l’alliance entre une terre profondément romanisée et la vigueur politique d’une peuplade germaine, les Francs, qui s’allie avec la puissance en devenir de l’époque, l’Église. Il s’ensuit une France duale, à la fois du Nord et du Sud, séparée non par la Loire mais par le Massif Central. Cet héritage historique pèse plus que son rivage méridional puisque la France n’est pas d’abord le fruit de sa géographie. En cela, elle diffère de bien d’autres Etats méditerranéens qui sont en premier des enfants du <i>Mare Nostrum</i>. Cependant, c’est une Nation profondément méditerranéenne.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’histoire montre justement un vif engagement français en Méditerranée (croisades, engagements des Anjou à Naples et en Sicile, guerres d’Italie, alliance ottomane, lutte contre l’empire espagnol, échelles du Levant, expédition de Bonaparte, colonisation de l’Afrique du Nord, affaires de Grèce et de Crimée, armée française d’Orient). Sans l’oublier tant cette mémoire fonde notre société, venons-en à l’époque contemporaine et plus exactement à celle qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, puis à la façon dont la perception française de la Méditerranée a évolué.</span></p>
<p style="text-align:justify"><b><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">I Sortir d’une vision coloniale (1945-1960)</span></b></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La Méditerranée a été la porte d’ouverture de la France au monde (bien plus que l’Atlantique). Grâce à cette mer, elle découvre Maghreb, Afrique, Inde, Indochine, Océanie. Ce tropisme est entier en début de période puisque la Méditerranée permet richesses, échanges, puissance. </span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Alors, la France tient des positions sur tout le pourtour maritime, outre bien sûr son propre rivage et l’avant-poste corse. Certes, le Liban est devenu indépendant en 1943 mettant fin au mandat confié par la SdN après la dislocation de l’empire Ottoman. Pourtant la France conserve encore des intérêts à Smyrne, autour du canal de Suez, deux protectorats bienveillants en Tunisie et au Maroc, une colonie de peuplement en Algérie (avec ses trois départements). Elle ressemble en cela à d’autres puissances européennes : la Grande-Bretagne tient alors la Palestine (qu’elle va rapidement abandonner) et conserve des intérêts en Egypte, des avant-postes à Chypre, Malte et bien sûr Gibraltar. La Grèce tient encore les îles de la mer Egée ainsi que la Crète. L’Espagne a, outre son long rivage, ses îles Baléares mais aussi les présides de Ceuta et Melilla et d’évidents intérêts au Maroc (Tanger est comme Oran une ville plus espagnole que française, Franco est le fils de la guerre du Rif). L’Italie enfin a ses côtes, ses îles (Sardaigne, Sicile, Lampedusa) et des intérêts en Tunisie et surtout en Libye et en Egypte sans compter des influences (Croatie ou Istanbul). </span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le contexte est donc impérial. La France, comme ses voisins Européens mais plus difficilement, va d’abord devoir abandonner ses possessions outre-Méditerranée. Cette expérience est plus douloureuse que pour d’autres. Si la perte du Liban est attribuée aux « profits et pertes » de la Deuxième Guerre mondiale, la France en garde la perception d’une porte d’entrée dans le « monde arabe ». Il reste que c’est surtout en Afrique du Nord que tout va se nouer. Pendant une décennie, elle conserve l’illusion qu’elle pourra « maintenir le dispositif ». Si elle se résout à abandonner l’Indochine (« la perle de l’Empire ») à l’autre bout de la planète, elle pense que la situation est différente au Maghreb. Pourtant, l’éclatement de l’insurrection algérienne en 1954 change radicalement la donne.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">En effet, l’Algérie est vécue en France non comme une colonie mais comme une terre française, puisque les trois départements algériens ont été érigés comme tels en 1848. C’est une terre de peuplement qui a accueilli beaucop de Français en difficulté comme de latins en général, ce qui explique le déchirement beaucoup plus profond provoqué par cette dissidence algérienne par rapport aux autres possessions ; D’ailleurs, longtemps la France parlera officiellement des « événements » et non pas de la « Guerre d’Algérie ». </span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’affaire suscite toutefois énormément d’effets collatéraux. Pour marquer justement la différence, la France décide l’indépendance des colonies et protectorats des pays voisins (Maroc et Tunisie) en 1956. De même, toujours pour marquer sa volonté, elle organise l’affaire de Suez en 1956, s’alliant pour cela aux Britanniques et aux Israéliens. Réagissant à la nationalisation du canal par Nasser, la France croit qu’un coup de force suffira à rétablir ses intérêts. Le manque de soutien des Américains et le coup de bluff des Soviétiques la forcent à un retrait piteux. Il conduira la IV<sup>ème</sup> République finissante à lancer les travaux d’une bombe atomique. </span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le général De Gaulle, arrivant au pouvoir deux ans plus tard (à la faveur d’ailleurs des troubles algériens), en tirera toutes les leçons : à la fois celle d’un retrait du dispositif impérial (indépendances africaines en 1960, indépendance algérienne en 1962) mais aussi la promotion d’une voie indépendante y compris des Américains, jugés piètres alliés en Indochine, en Algérie ou à Suez. Au fond, l’expérience méditerranéenne de ces années-là a largement contribué non seulement à l’arrivée au pouvoir de De Gaulle mais aussi à la promotion de sa ligne autonome de politique internationale de non-alignement sur les Grands qui marque depuis toute la politique française.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Vu de l’extérieur, on peut se moquer de cette « France du rang et de la puissance », cette arrogance d’un coq dressé sur ses ergots mais avec un panache qu’il faut bien lui reconnaître ! Il reste que cela induit un changement de perception radical envers le sud et particulièrement la Méditerranée.</span></p>
<p style="text-align:justify"><b><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">II L’aventure européenne (1960-2008)</span></b></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pendant longtemps, la France a vu son rapport au monde sous le prisme de la domination et de l’empire. Ce brutal et douloureux abandon entraîne une conversion vers d’autres horizons. Ce n’est pas un hasard si c’est dans les années 1960 que le terme d’Hexagone désigne populairement la France. Elle se recentre sur son territoire métropolitain, sur ce « petit cap de l’Asie » qui ne la rejettera pas, croit-elle. Voici donc venu le temps de l’aventure européenne.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Là encore, tout se noue dans la décennie 1950. Après l’échec de la CED en 1954, les Européens se réunissent à Messine pour une conférence européenne qui va bientôt donner le traité de Rome, en 1957. La Communauté Economique Européenne est née. Le prisme européen n’est donc pas politique, il s’inscrit de plus dans un noyau de six pays dont un seul autre est proprement méditerranéen, l’Italie. A bien y regarder, on trouve en fait des racines carolingiennes dans ce groupe initial. La grande affaire qui suit est celle de l’intégration de la Grande-Bretagne qui avait lancé une alliance concurrente mais rejoint en 1972 (une fois que De Gaulle a cédé le pouvoir à Pompidou) la CEE avec l’Irlande et le Danemark : que des pays du Nord. Le subtil équilibre nord-sud des six d’origine se perd peu à peu. </span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les choses se rééquilibrent avec le sud puisque la Grèce rejoint les 9 en 1981, suivie en 1986 de l’Espagne et du Portugal (assimilé à l’espace méditerranéen), Chypre et Malte (en 2004) puis la Croatie (en 2013) bien plus tard. Aujourd’hui, sur 28 pays, 8 seulement sont méditerranéens (9 bordent l’Atlantique, 9 la Baltique, 2 la mer Noire).</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cette tendance générale agit particulièrement sur la France pour qui l’essentiel réside désormais dans la relation avec l’Allemagne. La France suit au début le rythme de croissance puis s’épuise à partir de la crise pétrolière des années 1970. Les années 1980 voient s’enraciner un complexe envers l’Allemagne dont la puissance économique impressionne et conduit à l’Acte Unique Européen de 1986. La réunification allemande accélère le mouvement et force la France à faire un saut d’intégration, celui du traité de Maastricht et de l’Union Européenne. S’ensuivent quinze belles années optimistes jusqu’à ce que la crise financière de 2008 bloque le dispositif : nous y sommes encore.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il reste que ce primat européen et, pour dire les choses, l’obsession allemande, illustre à quel point la Méditerranée devient relative aux yeux de Paris. </span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Aussi ne peut-on pas vraiment caractériser la politique française d’alors envers la Méditerranée. Certes, il y a bien quelques efforts : le 5+5 ou l’appui au processus de Barcelone pour la Méditerranée occidentale des années 1990, mais aussi des relations compliquées et finalement proches avec les trois pays maghrébins. Il faut surtout noter un phénomène qui va rapprocher les peuples beaucoup plus intimement que des décennies de colonisation : l’immigration voit des centaines de milliers de Maghrébins traverser les flots pour venir s’installer en France, en revenir rarement sinon pour les vacances, mais conserver des contacts étroits (souvent par l’envoi de subsides) avec la famille restée « au pays ». </span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">En Méditerranée orientale, les choses sont encore plus distantes. Certes, la France imagine à partir de 1967 une « politique arabe » voulant s’établir à juste distance entre Israël et le peuple palestinien. Cette doctrine énoncée par De Gaulle est vainement invoquée par ses successeurs qui peu à peu n’ont plus une seule idée originale sur la question, à l’instar d’ailleurs des Européens, sortis du jeu malgré le processus d’Oslo. Le Liban est l’autre grande affaire qui là encore suscite bien des déceptions. L’éclatement de la Guerre civile en 1975 amène les Français à soutenir les chrétiens maronites ce qui entraîne bien des avanies, souvent dramatiques (enlèvement, assassinat d’ambassadeurs, attentats contre un poste militaire français de l’ONU tuant des dizaines de soldat). La solution de la crise se fait sans la France qui perd dans l’affaire beaucoup d’illusion et d’influence, ayant voulu jouer un jeu dont les règles avaient changé.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Au fond, pendant ces années là, la France s’est moins engagée de la Méditerranée, n’y accordant qu’une faible priorité, que ce soit dans les relations avec ses voisins européens (Italie et Espagne n’ont pas vraiment été considérées comme des partenaires majeurs à Paris) ou avec les partenaires maghrébins, même si des réseaux fournis permettent de conserver de bonnes (et souvent fructueuses) relations avec les élites au pouvoir de ces différents pays.</span></p>
<p style="text-align:justify"><b><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">III Un retour est-il possible ? (depuis 2008)</span></b></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Depuis dix ans, de nombreuses choses ont changé, en France, en Europe, en Méditerranée.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> La France tout d’abord s’est raidie, incapable de se réformer en profondeur. Du coup, le débat politique s’est centré sur un triple thème : celui de la sécurité et de l’immigration, celui de l’insatisfaction envers une Europe jugée inefficace et sous domination allemande, celui enfin d’une mondialisation menaçant les fondements du pays. Force est de constater que ce triple débat existe, peu ou prou (bien que sous des formes et incarnations différentes), dans tous les pays européens, et que la Méditerranée n’y tient pas une grande part.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">S’agissant du cas français, la crise financière de 2008 a été mal vécue. Constatons que la crise de l’euro qui s’est ensuivie ainsi que le « sauvetage » de la Grèce ont fait la part belle aux intérêts nationaux. Il reste que la France pâtit de la même réputation que « les pays du club Méd » même si les élites de Francfort ou d’Hambourg ne le disent pas trop ouvertement. Le coq gaulois est relativement marginalisé du fait de ses piètres performances économiques. D’un mot, à Paris, la voie européenne a touché ses limites.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Par ailleurs, la population française montre une sensibilité très forte à la question migratoire, associée à l’insécurité, selon un thème agité depuis des années par des franges de plus en plus importantes de la classe politique. Les attentats qui ont touché la France en 2014 et 2015 ont ravivé les plaies d’une population déjà à cran. De même, l’immigration en France vient principalement des anciennes possessions du Maghreb et d’Afrique Noire notamment. Un amalgame se fait entre des facteurs et des effets profondément divers. Cela amène pourtant la France à observer à nouveau le sud avec intérêt, notamment la Méditerranée où les choses ont changé.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les révoltes arabes de 2011 ont ainsi attiré à nouveau le regard vers elle ce qui a suscitéune politique parfois maladroite : on pense bien sûr à l’intervention en Libye suivie d’un désintérêt pour ce pays, mais aussi à la politique dure en Syrie au risque de l’inefficacité. Cependant, ces initiatives témoignent d’un regain d’intérêt pour la région et la recherche d’opportunités. Le cas le plus évident se voit en Egypte puisque la France a réussi à y vendre du matériel (des navires de projection et des avions Rafale) quitte à adouber le Maréchal Sissi et ses manières autocratiques.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, l’attitude française en Méditerranée Orientale paraît-elle plus déliée qu’auparavant, prête à saisir les opportunités, ici avec le Liban, là avec Israël. L’idéologie et les principes sont moins affichés. L’opportunisme semble de mise ce qui témoigne d’un changement de regard.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les choses sont moins simples en Méditerranée occidentale où les jeux sont plus enracinés et les réseaux plus solides. Observons que le soutien à la Tunisie reste principalement verbal, que les relations avec l’Algérie demeurent compliquées tandis que les liens avec le Maroc sont solides. Pour autant, constatons un autre phénomène majeur, celui de la télévision par satellite et désormais internet qui transmet les informations sur la vie démocratique et culturelle riche et variée du Nord, venant combler les aspirations de populations du Sud souvent enfermées dans des systèmes rigides voire autoritaires. Ainsi, la francophonie se développe-t-elle le plus rapidement au sud de la Méditerranée, ce que peu de décideurs perçoivent.</span></p>
<p style="text-align:justify"><b><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pour conclure</span></b></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Quelle voie envisager dès lors ?</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le président Sarkozy avait proposé de créer une Union Méditerranéenne qui regrouperait tous les pays riverains. L’idée était bonne puisqu’elle suggérait un cadre différent dont on espérait de nouvelles dynamiques. Malheureusement, l’Allemagne ne vit pas cela d’un bon œil et força le projet à se transformer en une Union Pour la Méditerranée regroupant tous les pays de l’UE avec les autres. L’affaire perdait son sens et l’égalité de départ laissait place à une dissymétrie évidente reprenant les vieux schémas des rapports Nord-Sud. Personne ne s’étonne donc que l’affaire végète. Une possibilité d’émancipation a été tuée dans l’œuf. </span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Dix ans plus tard, un nouveau président moderniste et partisan du changement arrive à l’Elysée. Il bénéficie d’un état de grâce incontestable d’autant plus que tout le monde attend de lui une relance européenne. La chose est peut-être nécessaire par ailleurs mais constatons qu’elle cantonne la Méditerranée à son rôle habituel. Le changement à Paris, ce ne sera peut-être pas d’abord au Sud.</span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il faut dès lors espérer que les plus lucides comprennent la nécessité d’un co-développement avec la rive sud, puisque ces pays du Maghreb ne constituent plus désormais des pays d’émigration, sinon de manière résiduelle. Ils sont eux aussi menacés par les vagues migrantes venues d’une Afrique noire qui n’a pas terminé sa transition démographique. Le continent noir comptera deux milliards d’âmes d’ici la fin du siècle et le destin de la France et, plus largement, des Etats Européens, dépend désormais des relations structurelles que nous sauront nouer avec les pays maghrébins pour résoudre ce défi du siècle. </span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Au fond, ils sont en première ligne du nouvel horizon français qui se trouve à nouveau au Sud. Mais il est évident que la France, avec ses voisins euro-méditerranéens, ne pourra agir seule et qu’il faudra qu’elle invente de nouvelles choses avec les pays de la rive sud. Le 5+5 doit être élargi ou dupliqué, par exemple au G5 Sahel, mais aussi à des thèmes qui ne soient pas exclusivement sécuritaires ou économiques. Au fond, Espagne, France et Italie doivent jouer un rôle d’avant-garde. Ce devrait être une priorité politique du même rang que la relance européenne. Espérons que le récent regain d’intérêt pour la Méditerranée encourage de tels projets.</span></p>
<p style="text-align:justify"> </p>
<p style="text-align:justify"><b><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Olivier Kempf est docteur en Science Politique, chercheur associé à l’IRIS. Il dirige la lettre stratégique <i>La Vigie</i> (</span></b><a href="http://www.lettrevigie.com"><b><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">www.lettrevigie.com</span></b></a><b><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">). Il a publié « <i>Géopolitique de la France</i> » (Technips, Paris, 2012).</span></b></p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/08/03/Une-vision-m%C3%A9diterran%C3%A9enne-de-la-France#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2144La crise des relations germano-américaines vue de Franceurn:md5:17639b35593a954eea5120a79e3c4f0b2017-07-10T21:11:00+01:002017-07-10T21:11:00+01:00Olivier KempfLivres et écritsAllemagneEtats-UnisEuropeFranceItalieLimes<p style="text-align: justify;">L'excellente <a href="http://www.limesonline.com/">Limes</a>, revue italienne de géopolitique dont il n'existe pas de vrai équivalent en France, m'a demandé un article pour sa <a href="http://www.limesonline.com/sommari-rivista/usa-germania-duello-per-leuropa">dernière livraison consacrée à la rivalité germano-américaine</a>. Elle m'autorise à publier ici la version française mais je vous incite à aller acquérir de toute urgence le numéro en italien car il vaut le détour, avec tout plein de cartes comme on les aime. De la géopolitique, je vous dis. OK</p>
<p style="text-align: justify;"><img alt="Copertina di Laura Canali" class="attachment-edicola-medium wp-post-image" height="522" src="http://www.limesonline.com/wp-content/uploads/2017/06/cover_517-370x522.jpg" width="370" /></p>
<p style="text-align: justify;"><a href="http://www.limesonline.com/wp-content/uploads/2017/06/cover_517-370x522.jpg">Source</a></p>
<div class="detail">
<h2 class="post-title"><a href="http://www.limesonline.com/cartaceo/la-francia-serve-a-berlino-contro-trump" title="LA FRANCIA SERVE A BERLINO CONTRO TRUMP">LA FRANCIA SERVE A BERLINO CONTRO TRUMP</a></h2>
<p>Parigi non è mai stata del tutto a suo agio né con gli Stati Uniti né con la Germania. Ma nello scontro fra i due può giocare da sponda per Angela Merkel. Con la speranza di ammorbidirne il rigorismo economico, condizione per far ripartire l’Esagono.<span class="pre_autore"> di Olivier Kempf</span></p>
</div> <p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les relations entre l’Europe et l’Amérique traversent une période délicate. On peut les ramener à une crise germano-américaine mais ce point de vue mérite, d’emblée, quelques précisions. En effet, il suppose que l’essentiel repose sur une relation bilatérale, selon le vieux vocabulaire des puissances. Il n’est pas faux mais il ne suffit pas. L’Allemagne est effectivement une puissance européenne importante mais c’est son rôle prééminent en Europe qui dépasse son seul cadre national qui intéresse les autres puissances du continent. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pourtant, si elle est indubitablement européenne, l’Allemagne moderne est aussi très américaine : le parrainage des États-Unis a en effet présidé à sa renaissance après la dernière guerre et il y a une reconnaissance permanente de la part des élites allemandes. Or, cette relation privilégiée a été profondément mise en cause par le nouveau président américain, Donald Trump à cause de son approche de la mondialisation. Vue de Paris, cette crise surprend mais l’élection d’E. Macron devrait susciter un renouveau de la relation franco-allemande et au-delà de la construction européenne, effet paradoxal des exigences du président américain.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">I Des relations germano-américaines marquées par l’histoire et l’économie</span></span></span></u></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’Allemagne apparaît en effet aujourd’hui comme le chef de file du continent. L’expression recouvre beaucoup d’ambiguïtés tant l’Allemagne prend soin à justement ne pas « diriger ». Il y a plusieurs raisons à cette abstention apparente. La première tient évidemment au poids de l’histoire. L’Allemagne porte encore la faute du III<sup>e</sup> Reich. Si elle a pu discuter la sanction de la Première Guerre mondiale (le fameux diktat de Versailles joua beaucoup dans la montée de l’extrémisme nazi), elle admet sans barguigner sa responsabilité majeure dans le déclenchement de la Seconde mais aussi les fautes de sa propre conduite totalitaire. De plus, l’Allemagne voulut conquérir l’Europe et ne laissa nulle part de bons souvenirs. Est-ce un hasard si régulièrement à Athènes, des manifestants dénoncent encore les atrocités nazies ? </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">L’Allemagne sait qu’elle devra durablement porter le fardeau de son histoire et que par conséquent son rôle européen devra constamment être abaissé. L’histoire récente force l’Allemagne à jouer « profil bas », dans une humilité structurante qui prend le pas sur sa place géographique au centre de l’Europe. On rappelle souvent que les pays font la politique de leur géographie, selon le mot attribué à Napoléon. Elle serait alors seulement européenne. Dans le cas de l’Allemagne, elle fait la politique de son histoire récente : à ce titre, elle dépend profondément des Américains. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le poids de l’histoire</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Or, son histoire récente est celle d’une rédemption qui passe par deux canaux : l’Europe (et la réconciliation franco-allemande) mais plus encore, l’alliance américaine. Il convient en effet de regarder les dates : l’immédiat après-guerre est d’abord vécu sous la crainte d’un sursaut allemand et d’une répétition du ressentiment des années 1920. Aussi les puissances européennes décident de mettre en place un système de sécurité initialement tourné contre l’Allemagne : traité franco-britannique de Dunkerque en 1947, élargi au Benelux en 1948 dans le cadre du traité de Bruxelles de l’Union Occidentale. L’Allemagne est alors occupée par les quatre puissances qui avaient gagné la guerre. Le coup de Prague et l’émergence d’une « guerre froide » en 1948 changent peu à peu les priorités. Ainsi, les Européens signent-ils avec les Etats-Unis le traité de Washington (l’Alliance Atlantique) en avril 1949 : l’Allemagne n’en est pas partie prenante et déjà, la question soviétique pèse sur la sécurité européenne. Cependant, ce traité est aussi le résultat du blocus de Berlin ouest qui dure de juin 1948 à mai 1949. La République Fédérale d’Allemagne est fondée le 23 mai 1949 à partir des trois zones occidentales, poussant les Soviétiques à créer la République Démocratique d’Allemagne en octobre de la même année. Ainsi, l’Allemagne contemporaine renaît grâce au parapluie américain. Politiquement, la RFA est peut-être un nain, mais elle existe à nouveau.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La crise de la Communauté Européenne de Défense (CED) apparaît trois ans plus tard, en 1952. En jeu, le réarmement de l’Allemagne. On pense au début à une armée européenne qui intégrerait des unités allemandes mais les Français, pourtant à l’origine du projet, se raidissent et la refusent en 1954. Là encore, l’insistance américaine joue à plein. La RFA adhère logiquement à l’Alliance Atlantique en mai 1955 entraînant la création par les Soviétiques du Pacte de Varsovie. L’Allemagne peut à nouveau jouer un rôle militaire, dix ans après la fin de la guerre, toujours grâce aux Américains ! Ceux-là seront encore présents au moment de la construction du mur de Berlin (1962) ou de la crise des euromissiles (1979). </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce bref rappel historique démontre une chose : l’Allemagne contemporaine s’est toujours vue alliée aux États-Unis et n’a jamais cru à d’autres systèmes d’alliance. Ainsi, quand les Français proposent le traité de l’Elysée au début des années 1960, le Bundestag vote une résolution marquant qu’il sera toujours subordonné à l’alliance germano-américaine. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il y eut bien sur quelques tensions : l’<i>Ostpolitik</i> de Willy Brandt des années 1970 fut mal vue à ses débuts et la position commune franco-allemande (entre Chirac et Schröder) au moment de l’affaire d’Irak (2003) apparut à beaucoup comme la fin d’une époque. Cependant, dans la durée, ces petites escarmouches ne sauraient affecter une relation pérenne qu’Angela Merkel (élevée dans l’Allemagne de l’Est et peu encline à critiquer les Américains, perçus comme les vainqueurs de la Guerre froide et donc les libérateurs de l’Allemagne de l’Est), s’attacha à renforcer.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Géoéconomie allemande</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ceci étant dit, l’Allemagne trouva également confortable de ne pas « diriger » l’Europe, du moins pas de façon flagrante Car si l’Allemagne refuse la géopolitique, elle accepte volontiers la géoéconomie. C’est d’ailleurs sur ce point-là que le bât blesse avec l’Amérique.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Rappelons que c’est parce que l’Allemagne a une dette morale qu’elle n’a pas de dette économique. Le mot allemand <i>Schuld</i> veut dire à la fois « faute » et « dette ». Inconsciemment, pour les Allemands, ne pas avoir de dette c’est ne pas être en faute. D’autant que là encore, l’histoire allemande est cruelle : l’hyperinflation de 1923 est perçue aussi comme une conséquence des « dettes de guerre » décidée par le traité de Versailles au titre des réparations. Il est vrai que les deux efforts de guerre, allemand et français, avaient été gagés par de la dette et qu’au slogan « l’Allemagne paiera », si populaire en France, répondait celui de « la France paiera », tout aussi vivace entre 1914 et 1918 de l’autre côté du Rhin<a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/07/10/La-crise-des-relations-germano-am%C3%A9ricaines-vue-de-France#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">[1]</span></span></span></a>. La fortune des armes décida. Rappelons au passage que si les « réparations » ont été décidées par le traité de Versailles, l’intransigeance américaine dans le paiement intégral de la dette a aussi beaucoup pesé en 1923 : le fait est aujourd’hui bien oublié en Europe mais il dénote un état d’esprit que l’on retrouve aujourd’hui chez Donald Trump.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Rappelons également le rôle américain dans la reconstruction monétaire de l’Allemagne après la guerre. Là encore, les dettes accumulées pendant la Deuxième Guerre mondiale étaient présentes et la pénurie faisait rage. Au cours de l’année 1947, les Américains préparent dans le plus grand secret la réforme monétaire qui aura lieu dans les trois zones occidentales (hors zone soviétique, donc). Le passage à un Deutsch Mark unique est annoncé en juin 1948 et il va permettre la réforme économique préparée par Ludwig Erhard, celui qui va orchestrer le « miracle allemand » et poser les bases de l’ordo-libéralisme. Ainsi, le pilier actuel de la puissance allemande, l’économie, trouve ses racines dans l’appui américain. Il permet également la création de la RFA un an plus tard. La monnaie précède l’Etat. Symboliquement, elle le crée.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ceci explique le culte allemand du Mark fort et l’obsession pour l’exportation. Ajoutons-y les réformes Schröder (dites Hardt IV) qui ont introduit, au début des années 2000, une forte dose de libéralisme qui a dans les faits pesé sur le coût du travail. Autrement dit, faible coût du travail, monnaie forte, excellente image de marque, obsession pour l’exportation : l’Allemagne s’est parfaitement adaptée à la mondialisation qui avait été organisée au cours des années 1990. Elle a su prendre le tournant de la concurrence chinoise au point qu’aujourd’hui, elle est la principale bénéficiaire avec la Chine (et l’Inde) de la mondialisation.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Mais ce triomphe pèse sur les partenaires de l’Allemagne, en Europe et aux États-Unis. Certaines puissances européennes ont bien essayé de secouer le cadre jugé trop rigide de l’euro ou des règles de Maastricht. L’honnêteté oblige à dire que là n’est pas l’essentiel mais dans la dissymétrie de puissance économique avec l’Allemagne, dans ses trop forts excédents et dans son manque de consommation intérieure. Au fond, l’Allemagne est tellement efficace que ses succès se nourrissent des difficultés des autres qui n’arrivent pas à tenir le rythme ou ne réussissent pas à effectuer des réformes : France, Italie, Espagne…. Mais c’est également le cas avec les États-Unis qui accumulent depuis des décennies des déficits énormes (avec le monde entier mais particulièrement l’Allemagne). La seule différence tient au dollar, à la puissance des nouveaux géants technologiques (GAFA et NATU) et à la puissance de la place financière américaine.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pour autant, l’équilibre est imparfait. C’est ce sentiment de déséquilibre qui anime le plus profondément Donald Trump. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">II Les difficiles relations entre MM<sup>me</sup> Trump et Merkel</span></span></span></u></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La remise en cause par Trump de la mondialisation</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Les commentateurs se sont beaucoup interrogés sur la ligne politique de D. Trump. L’homme est en apparence imprévisible et en même temps bardé de certitudes. Sa communication par les tweets témoigne à la fois de beaucoup d’assurance et d’une profonde méconnaissance des affaires du monde. On l’a décrit populiste, réactionnaire voire fascisant. À rebours, observons tout d’abord qu’il n’y a aucune idéologie chez Trump. Chacun aura remarqué que ce n’est pas un intellectuel et qu’il n’en a pas la prétention. De même, ce n’est pas un homme politique classique, habitué aux campagnes électorales mais aussi aux nécessaires jeux d’alliance qu’il faut pratiquer pour composer, faire avancer ses dossiers, obtenir des soutiens et les échanger. C’est pourquoi lui attribuer des arrière-pensées extrémistes décrit mal sa personnalité. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il est cependant roué, intelligent malgré sa brutalité, habitué aux négociations commerciales dures. Cette expérience explique en grande partie son instinct politique. Celui-ci dénonce la mondialisation. Pour les observateurs du reste du monde, une telle attitude surprend tant la mondialisation est comprise comme ayant été initiée par les Américains et diffusant un modèle américain. Longtemps, on s’est interrogé sur l’hyper-puissance américaine. Or, force est de constater un certain déclin, justement de cette hyper-puissance. Autrement dit, même si les États-Unis demeurent une puissance globale (et probablement la seule à ce niveau), ils sont moins dominateurs qu’ils ont pu l’être. Leurs interventions militaires sont au mieux des demi-réussites, ils ne réussissent plus à dicter les ordres politiques comme avant, des États n’hésitent plus à contester ouvertement leur direction… Certes, le <i>smart-power</i> profite à l’Amérique et les entreprises du digital inventent un nouveau modèle économique qui assure une avance insoupçonnée aux États-Unis. Pourtant, même ces grandes sociétés posent problème à D. Trump car il y voit l’expression d’une certaine mondialisation, technologique il est vrai, mais favorisant à la fois la désindustrialisation et l’évasion fiscale.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Autrement dit encore, D. Trump n’est pas contre « la » mondialisation, mais contre cette mondialisation-là. Il la juge déséquilibrée et au désavantage des États-Unis et veut donc corriger la balance en faveur de ses intérêts nationaux. Voilà au fond le principe fondateur de sa politique étrangère. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cibler l’Allemagne</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cela hiérarchise ses priorités, une fois évacuées les outrances de la campagne électorale. Il s’agit tout d’abord de peser sur les principaux bénéficiaires de la mondialisation : la Chine et l’Allemagne. Cela impose des attitudes différentes puisque la Chine est un challenger quand l’Allemagne est un allié. Mais la Chine est plus puissante que l’Allemagne même si celle-ci s’appuie sur l’Europe. Aussi D. Trump voudra-t-il peser et négocier avec Pékin. Il se permet d’être beaucoup plus direct avec l’Europe en général, l’Allemagne en particulier.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">De ce côté-ci de l’Atlantique, on ne soupçonne pas à quel point les Américains perçoivent d’abord l’Europe au travers de l’Otan. Dans leur inconscient collectif, l’Otan est principalement une organisation européenne (quand dans notre propre inconscient collectif, l’Otan est l’affaire des Américains). Cela explique les remarques désobligeantes de Trump contre l’Otan (jugée obsolète pendant la campagne) mais aussi pourquoi, une fois les corrections diplomatiques effectuées (l’Otan n’est plus obsolète, dit-il après avoir rencontré le Secrétaire Général Stoltenberg), il continue sa pression : les Européens doivent payer plus pour leur défense. On voit précisément à quel point cette question du rééquilibrage est centrale dans la pensée de Trump. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce n’est pas un hasard si cette demande d’augmentation s’adresse prioritairement aux Allemands. En effet, les Britanniques sont épargnés parce que leur budget de défense est élevé et surtout parce qu’ils ont décidé le Brexit, augurant des relations renouvelées avec l’Amérique. Quant aux Français, ils jouent le jeu avec leurs interventions militaires en Afrique et au Moyen-Orient et leur efficacité prime sur le montant de leur budget (même si cela leur sera rappelé en temps utile). Mais les Allemands ont un niveau de à 1,18 % du PIB en 2016, ce qui est fort éloigné de l’objectif des 2% décidé par les Alliés lors du sommet de Galles en 2014.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Réponse allemande</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, au lendemain de sa première rencontre avec Mme Merkel, le 45<sup>ème</sup> POTUS déclara, le 18 mars 2017, que l’Allemagne doit « d’énormes sommes d’argent à l’OTAN ». Et dans un tweet, il ajoutait : « <i>Les États-Unis doivent être plus payés pour la défense très puissante et très coûteuse qu’ils fournissent à l’Allemagne</i> ». La chancelière a beau avoir annoncé que l’objectif des 2% sera atteint en 2024 et qu’elle a augmenté son budget de 1,4 milliards d’euro en 2017, rien n’y fait. </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il reste que voir un budget de défense allemand porté à 60 milliards d’euros (cible des 2%) poserait à coup sûr de sérieuses difficultés en Europe. Le budget français est aujourd’hui à 32 milliards et il resterait en dessous des 50 milliards si lui aussi atteignait, dans les temps voulus, le seuil de 2%. Autrement dit, avec un budget à 60 milliards, l’Allemagne serait la première puissance militaire européenne. L’Allemagne en est bien consciente et M. Sigmar Gabriel, ministre des affaires étrangères, l’observa crûment le 1<sup>er</sup> mars lors d’une visite en Estonie : « </span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce serait notre suprématie militaire en Europe et je pense que nos voisins n’aimeraient pas cela</span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif""> ». </span></span></span></p>
<p style="text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ceci explique la position allemande : tout le budget de défense ne doit d’abord pas être dédié à l’OTAN, ce qui sous-entend qu’il faut à la fois renforcer les moyens de l’UE mais aussi les moyens nationaux. Surtout, il faut réfléchir en termes de sécurité globale ce qui passe non seulement par la sécurité intérieure (lutte anti-terroriste notamment) mais aussi par l’aide au développement afin de résoudre au loin les difficultés sécuritaires et économiques et d’éviter qu’elles se dégradent et provoquent migrations et terrorismes.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><u><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">III Et la France ?</span></span></span></u></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La traditionnelle posture ambivalente française</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La France est traditionnellement mal à l’aise avec les deux puissances.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Elle a certes toujours soutenu les États-Unis (qui se souviennent peu que leur indépendance est largement due à l’appui du roi Louis XVI) mais cette amitié ancienne est toujours entachée de soupçons et récriminations. Certes, les Américains sont venus en 1917 ce qui contribua sans conteste à la victoire. Mais leur retrait rapide, leur dureté financière et la non-ratification du traité de Versailles sont couramment vus, du côté de Paris, comme la manifestation d’un manque qui explique en grande partie la crise économique des années 1930 mais aussi la montée du nazisme. De même, la libération du territoire avec les débarquements de 1944 est toujours célébrée avec pompe (les Français, comme tous les Européens de l’Ouest, croient n’avoir été libérés du nazisme que grâce aux Américains, oubliant l’effort incroyable fourni par les Soviétiques sur le front Est) mais l’ordre imposé à l’issue et le manque de soutien lors des guerres de décolonisation (Indochine, Suez, Algérie) provoquèrent le sursaut gaulliste, la recherche d’une indépendance et le pari nucléaire. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, pour les États-Unis, la France a toujours été un allié indocile. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Vis-à-vis de l’Allemagne, les relations sont encore plus compliquées. Elles viennent du fond de l’histoire : les Francs étaient des Germains qui se sont autonomisés dès le V<sup>e</sup> siècle, ce que l’on vit lors du partage de l’empire carolingien en 843 (Charlemagne est revendiqué par les deux nations). Toutefois, au cours des siècles, l’Allemagne resta le plus souvent désunie : Saint-Empire Romain Germanique et empire austro-hongrois assuraient une complexité des affaires allemandes qui convenait tout à fait à Paris. Paradoxalement, ce furent les Français qui lancèrent l’unification allemande. La bataille d’Iéna en 1806 lança la prise de conscience par l’Allemagne de la nécessité de s’unifier : y assistent Hegel et Clausewitz tandis que Fichte prononce son <i>Discours à la nation allemande</i> en 1807 à la suite de l’invasion du pays par Napoléon. Le reste du XIX<sup>e</sup> siècle écrit l’histoire de cette unification achevée à Versailles en 1871. L’empereur croit alors clore une longue prise de conscience. Il ouvre simultanément les germes d’une discorde profonde qui donnera deux guerres mondiales.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Face à un tel passif bi-séculaire, la réconciliation franco-allemande constitue une nouvelle option. Elle est rendue possible par les deux défaites : celle des Français en 1940, celle des Allemands en 1945. Certes, la méfiance dure dix ans, jusqu’à l’échec de la CED. Mais dès 1950, le discours de l’horloge par Robert Schuman lance les germes d’un autre projet, celui de la construction européenne. On en connaît les étapes (CECA en 1951, CEE en 1957, Acte unique en 1986, Maastricht en 1992, Euro en 2002).</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Il est surtout rendu possible par la trajectoire française : en effet, la fin de la décolonisation au bout des années 1950 et l’arrivée du général De Gaulle obligent à trouver une nouvelle voie géopolitique : ce sera l’Europe et le nucléaire. Autrement dit, alors que la France suit à peu près le dynamisme économique allemand, elle compense son retard par sa puissance militaire et diplomatique. La France équilibre son grandissant retard économique, rendu patent avec la crise pétrolière des années 1970, par sa position politique et stratégique.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">La rupture des années 2000</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ce système fonctionna bien jusqu’au milieu des années 2000. Plusieurs éléments affaiblirent cet équilibre. En premier lieu, les réformes économiques allemandes déjà mentionnées aggravèrent la disparité de compétitivité. Ensuite, le référendum sur la Constitution européenne, refusé en 2005 par les Français, fut approuvé technocratiquement par le traité de Lisbonne en 2006, portant un coup à la réputation démocratique de l’UE. Enfin, la crise de 2008 fut comprise par beaucoup comme la preuve que l’UE et l’ouverture économique ne protégeaient pas contre les chocs.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Du côté des relations franco-américaines, les choses évoluèrent différemment. Après la tension maximale à cause de l’affaire d’Irak (en 2003, le <i>French Bashing</i> atteint des sommets outre-Atlantique), la France se raccommoda peu à peu avec l’Amérique. Le philo-américanisme d’un Sarkozy joua beaucoup, lui qui décida sans prévenir de rejoindre le commandement militaire intégré de l’Otan. Son successeur, François Hollande, renoua avec la tradition atlantiste des socialistes français et ne modifia pas la ligne de son successeur. Au fond, une grande part des élites françaises était néo-conservatrice et s’accommodait bien d’un certain interventionnisme, que ce soit en Libye (2011) ou en Syrie (2013, lorsque F. Hollande était prêt à bombarder Damas ce que B. Obama refusa au dernier moment). De même, les interventions françaises en Afrique furent appuyées par les Américains qui y virent un fort moyen de consolider l’endiguement des djihadistes du Sahel. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Ainsi, la France devint finalement plus à l’aise avec les Américains et plus gênée avec l’Allemagne qu’il lui fallait pourtant suivre. Chacun a pu voir l’épuisement du « moteur franco-allemand » et son incapacité à tirer l’Europe. De même, tout le monde a noté la discrétion française au moment de la crise des migrants lorsqu’Angela Merkel se débattait avec une opposition intérieure très vive. Le Premier Ministre français, Manuel Valls, avait eu des mots assez durs laissant à l’Allemagne ses responsabilités. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Par conséquent, vu de Paris, il y avait une certaine disjonction d’intérêts. La France était obligée de suivre l’Allemagne sur l’orthodoxie européenne (budgétaire) mais s’accommodait de la politique d’Obama. Elle réussissait à capitaliser sur sa puissance politique et militaire auprès des États-Unis pour compenser sa faiblesse économique, d’autant que ce n’était pas un critère déterminant pour Washington à l’époque.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Le cycle électoral 2016-2017</span></span></span></b></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">En quelques mois, énormément de choses ont changé. La Grande-Bretagne a voté sa sortie de l’Union Européenne, ce qui redistribue les équilibres européens : en effet, les trois capitales (Berlin, Londres et Paris) jouaient un jeu presque vaudevillesque de relations bilatérales pour contrer la puissance supposée du troisième. Ce schéma de comédie disparaît avec la mise à l’écart du troisième : Berlin et Paris sont désormais obligés de se rapprocher, pour la simple nécessité de préserver l’acquis européen qui autrement se déliterait rapidement, d’autant que les populismes sont en force partout, comme on l’a vu dans toutes les récentes élections. Dès lors, les deux sont obligés de composer et de faire des efforts pour ici adoucir des règles trop rigides, là trouver un nouveau projet mobilisateur. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Peu après, Donald Trump était élu. Comme on l’a dit, il est moins politique et plus porté sur les questions économiques. S’il vise l’Allemagne, c’est au fond le rival européen qu’il cible. Dès lors, la coopération bilatérale franco-américaine peut perdurer dans le champ militaire, l’essentiel se situe sur le terrain politique et économique. D. Trump s’était de plus déclaré assez partisan de M<sup>me</sup> Le Pen, y voyant le pétard final qui allait achever l’UE, après la détonation du Brexit.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">C’est ici qu’intervient le troisième choc, celui de l’élection surprenante d’E. Macron. Pétri de culture économique, partisan de l’UE qu’il a défendue tout au long de la campagne, promoteur de réformes libérales, il est finalement assez proche de l’ordo-libéralisme allemand et du pragmatisme américain. Il n’a en tout cas aucun complexe, ce qui change beaucoup des mentalités du personnel politique français. Simultanément, c’est peu de dire qu’il ne goûte pas la posture de Donald Trump. Aussi va-t-il très rapidement rejoindre M<sup>me</sup> Merkel pour organiser un front commun. Celui-ci pourra survivre aux élections allemandes de l’automne puisqu’entre Angela Merkel et Martin Schultz, peu de différences essentielles se font jour, vues de Paris. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Pour Berlin, l’arrivée d’E. Macron est une divine surprise. Alors que l’Allemagne était en difficulté avec Washington, voici que le couple franco-allemand pourra afficher un front uni face à la Maison Blanche. D’une certaine façon, les exigences de Trump vont forcer l’UE à se réformer, ce qui semble d’autant plus possible qu’enfin elle sort d’une terrible décennie économique passée à digérer les excès de la crise de 2008. Partout en effet, les taux de croissance reviennent en Europe, tout comme l’investissement, ce qui laisse augurer enfin d’une baisse du chômage. </span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Cet alignement des planètes économiques et politiques constitue une grande surprise. Il reste aux dirigeants des deux pays de savoir en tirer profit.</span></span></span></p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"> </p>
<p style="margin-bottom:6.0pt; text-align:justify"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Times New Roman","serif"">Olivier Kempf</span></span></span></p>
<div>
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="ftn1">
<p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/07/10/La-crise-des-relations-germano-am%C3%A9ricaines-vue-de-France#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:"Calibri","sans-serif"">[1]</span></span></span></a> Voir <i>La Tribune</i>, Comment 90 ans après l’hyperinflation pèse dans la conscience allemande, 18 novembre 2013, <a href="http://www.latribune.fr/espace-abonnes/la-chronique-du-jour/20131118trib000796341/comment-90-ans-apres-l-hyperinflation-pese-dans-la-conscience-allemande.html">http://www.latribune.fr/espace-abonnes/la-chronique-du-jour/20131118trib000796341/comment-90-ans-apres-l-hyperinflation-pese-dans-la-conscience-allemande.html</a> . Voir également Frederick Taylor<b>, </b><i>The Downfall of Money</i><b>, </b>Bloomsbury 2013, 432 pages.</p>
</div>
</div>http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/07/10/La-crise-des-relations-germano-am%C3%A9ricaines-vue-de-France#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2141Interdire Telegram ? Chronique dans Conflitsurn:md5:f913c3f71fc9646b14b5d8a51282dbb82017-02-11T19:12:00+00:002017-02-11T19:12:00+00:00Olivier KempfLivres et écritsCyberFrancerégulationTerrorisme<p style="text-align: justify;">Classant mon disque dur, je me rends compte que j'ai oublié de vous signaler plein de textes. Pas sérieux, tout ça. Voici donc un texte écrit l'été dernier et paru dans la numéro 11 de <a href="https://www.revueconflits.com/">Conflits</a>, en septembre dernier... Bonne lecture. (NB : je constate également que ce billet est le 100ème rangé dans la catégorie "livres et écrits"...)</p>
<p style="text-align: justify;"><img alt="Conflits_0011-1" class="attachment-shop_catalog size-shop_catalog wp-post-image" height="424" src="https://www.revueconflits.com/wp-content/uploads/2016/10/Conflits_0011-1-300x424.jpg" title="Conflits_0011-1" width="300" /></p> <p style="text-align: justify;">L’assassinat du père Jacques Hamel a été le fait de deux terroristes, l’un habitant en Normandie, l’autre en Savoie. Les enquêteurs se sont interrogés : comment ont-ils pu communiquer ? Ils ont tout simplement utilisé une application de messagerie privée, Telegram. Celle-ci permet d’envoyer des messages qui peuvent être automatiquement chiffrés (et non pas « cryptés », selon un américanisme maladroit). Surtout, Telegram dispose d’une option qui permet de ne pas passer par un serveur, comme les autres logiciels de messagerie. Ainsi, quand vous utilisez votre logiciel habituel, celui-ci copie automatiquement les métadonnées du message sur une de ses fermes de données, même si le message est chiffré. Dès lors, des enquêteurs peuvent, le cas échéant, demander au prestataire de leur ouvrir leurs archives (leurs fermes de données) pour examiner les échanges de la personne concernée. Au passage, constatons que ce système ne s’utilise qu’<em>a posteriori</em> : il y a tellement de messages circulant à travers le monde que les services de police et de renseignement ne peuvent pas tous les analyser. Dans le cas de Telegram, pas de stockage : le message n’est qu’un flux. Le logiciel dispose même d’une option qui permet l’effacement automatique à la réception.</p>
<p style="text-align: justify;">Voici donc un outil accessible à tous qui permet de discuter en toute discrétion. Le cyberespace procure ainsi à tout un chacun un outil qui permet des conversations totalement secrètes. Donc aux terroristes aussi. Ce qui a suggéré à un député russe, en novembre dernier, après les attentats du Bataclan, d’interdire l’application. Or, Telegram a été inventé par un développeur russe, opposant à Poutine, qui voulait un moyen de communiquer hors du regard du FSB : on comprend les considérations de politique interne du député russe.</p>
<p style="text-align: justify;">Le secret est nécessaire à beaucoup de personnes, pas seulement aux djihadistes. Tout un chacun peut avoir de très bonnes raisons d’avoir des correspondances secrètes, y compris les États. La technologie permet non seulement une augmentation faramineuse des échanges, puis des moyens techniques de surveillance de masse (pour de bonnes et de mauvaises raisons), mais aussi des contre-feux qui permettent de s’affranchir de cette surveillance, là aussi pour de bonnes et mauvaises raisons.</p>
<p style="text-align: justify;">Vouloir interdire Telegram, c’est comme vouloir interdire les camions parce qu’un djihadiste en a utilisé un pour le carnage de Nice le 14 juillet : stupide ! Ensuite, la chose ne serait pas efficace comme le prouve l’exemple brésilien. Le Brésil avait interdit une autre application très populaire, Whatsapp. Du coup, les internautes brésiliens ont utilisé Telegram. Si on interdisait Telegram, les utilisateurs prendraient une autre application similaire, puisqu’il en existe des centaines sur le marché.</p>
<p style="text-align: justify;">Car ce qui fait le crime, ce n’est pas réellement l’arme ou l’outil : ce n’est pas pour rien que la justice utilise la notion d’armes par destination. Ce qui fait le crime, c’est d’abord l’intention, les moyens ne viennent qu’après et ils sont extrêmement variés. La prévention consiste donc à agir non sur les moyens, même ceux du cyberespace, mais contre les intentions. C’est autrement complexe. Dans le cas présent, le cyberespace est donc neutre, utilisé aussi bien par les djihadistes que par les policiers. Il est illusoire de vouloir le limiter : la seule option consiste à réfléchir aux moyens de mieux l’utiliser.</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2017/02/04/Interdire-Telegram-Chronqiue-dans-Conflits#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2124Castillonurn:md5:171cc9dd662e12e1123f9a98adedd3922016-10-23T21:59:00+02:002016-10-23T21:59:00+02:00adminBDAngleterreBDFranceHistoireHistoire militaire<p>Vous ai-je déjà parlé de Castillon ? Vous savez, cette victoire française sur l’Angleterre qui mit fin à la guerre de cent ans. Celle dont on ne se souvient pas alors que chacun se remémore Azincourt. Une victoire curieusement négligée alors pourtant que c'est une grande victoire, mais pas dans l'air du temps du déclinisme français. Une récente BD (<a href="http://www.editions-delcourt.fr/serie/champs-d-honneur-castillon-juillet-1453.html">Castillon, juillet 1453</a>) lui fait justice et nous apprend bien des choses qui vont au-delà de l'ultime combat qui pourrait paraître n'avoir d'autres signification que symbolique. Car Castillon est aussi une victoire importante dans l'art de la guerre...</p>
<p><img src="http://www.editions-delcourt.fr/images/rsz/be/be1d86046f41ec979b4286891b74245b.jpg" alt="" /></p> <p>Une BD peut ainsi nous en apprendre énormément sur notre histoire militaire. Certes, les éditions Delcourt se sont régulièrement signalé par la qualité de leur production. Et comme d'autres maisons, sur ce blog mentionnées, elle ouvre une série "historique", mais d'histoire sérieuse. Ainsi, cette collection "champs d'honneur" est scénarisée par Thierry Gloris de formation historienne.</p>
<p>Qu'apprend-on ? Tout d'abord, que Charles VII n'est pas le demi-fou qu'on nous a si souvent dépeint en contant l'épopée de Jeanne d'Arc. Dissimulateur, volontaire, déterminé, voici un roi qui a de la trempe, veut réunir son pays et est capable d'affirmer "La victoire finale appartient à celui qui réussit à imposer la paix". Citation bien sûr apocryphe mais utile en ces temps où l'on s'interroge sur ce qu'est la victoire, je vous en parlerai quelque jour.</p>
<p>Ensuite, qu'il y a déjà une sorte de nation française qui s'oppose à la juxtaposition de régions, sur lesquelles les godons n'ont cessé de jouer : Armagnacs, Bourguignons, Bretons, Gascons. Charles VII tire profit d'un sentiment "national" (révélé par Jeanne ?) et l'on croit voir déjà Louis XI.</p>
<p>Enfin, le plus important : cette victoire est celle de l’artillerie. Alors qu'Azincourt fut la victoire des archers anglais, mettant bas la chevalerie française, voici la réponse du berger à la bergère : Les bouches à feu des frères Bureau permettent non seulement à Charles VII de reconquérir la Normandie en 1449 puis de reprendre le royaume en deux ans, elles jouent un rôle essentiel, en 1453, quand les Anglais font une ultime tentative de reprendre pied en Guyenne. Croyant assiéger les Français, ceux-ci les fixent puis les réduisent peu à peu jusqu’à ce qu'une ultime charge de cavalerie emporte la décision. Les nobles chevaliers croient avoir tout fait, continuant de mépriser ces hommes de peu que sont les servants de bouches à feu. Pourtant, à Castillon, ils viennent de remporter une des premières victoire de l’artillerie française.</p>
<p><img src="http://static.planetebd.com/dynamicImages/album/page/large/30/36/album-page-large-30361.jpg" alt="" /> <a href="http://static.planetebd.com/dynamicImages/album/page/large/30/36/album-page-large-30361.jpg">source</a></p>
<p>Ils ne mettent pas seulement un terme à la guerre de cent ans (du moins sur le champ de bataille, puisque la paix de Picquigny n'est signée qu'en 1475), ils signent là une de ces révolutions militaires qui sont rares dans l'histoire: celle de la bascule d'un ordre militaire vers un autre. Castillon est la fin de la chevalerie, plus de cinquante ans avant Marignan où le roi de France se fit adouber chevalier : persistance du mythe mais inéluctabilité du changement. A Castillon, Henri six aurait pu dire, avec quelques siècles d'avance sur l'Allemand : "l'artillerie française, je la hais".</p>
<p>Mais à l'époque, on n'a pas conscience de ce bouleversement, ni même d'avoir livré la dernière bataille de la guerre de cent ans. La faible réputation de Charles VII fit le reste et les historiens oublièrent Castillon, qui n'appartient pas au chant national, alors qu'elle y prétend amplement.</p>
<p>C'est tout le mérite de cette BD que de nous montrer tout cela : un solide dossier historique, un scénario agréable, des personnages avec du relief, des dessins attachants et convaincants. Bref, une belle réussite.</p>
<p>A. Le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/10/23/Castillon#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2568What does France want from NATO ? (Poline Tchoubar)urn:md5:2f2b3cff77fe001c49d8ef24ab87dbf62016-07-08T13:59:00+01:002016-07-11T20:07:50+01:00Olivier KempfAlliance atlantique, OTANAuteur inviteFranceOTAN<p style="text-align: justify;">A l'ouverture du sommet de l'Alliance atlantique à Varsovie, il me semble utile de revenir sur ce qu'est l'OTAN et les relations que la France entretient avec elle. Rien de mieux pour cela que de publer le mémoire d'une étudiante à Science Po, Poline Tchoubar, qui l'a écrit en ce début d'année sous la direction de Benoit Durieux et Philippe Vial ( étudiante en master de Sécurité Internationale à Sciences Po; ce travail a été effectué dans le cadre d'un cours sur les relations entre politique et militaire). Je reviendrais quant à moi sur le sommet, une fois qu'il sera passé et aura accouché de sa declaration... Merci à elle. O. Kempf</p>
<p><img alt="" class="irc_mi ioccvLR4u_0I-pQOPx8XEepE" src="http://www.lesechos.fr/medias/2016/07/09/2013407_hollande-prone-fermete-et-dialogue-avec-la-russie-web-tete-0211113939765_1000x533.jpg" style="margin-top: 85px; width: 524px; height: 279px;" /> <a href="http://www.lesechos.fr/monde/europe/0211113939713-hollande-prone-fermete-et-dialogue-avec-la-russie-2013407.php">Source</a></p> <p style="text-align: justify;">I. Introduction NATO founding member in 1949, France maintained a tumultuous relationship with the organization since 1966, when President Charles de Gaulle decided to remove French soldiers from the NATO integrated military command to protect French national sovereignty. American and other foreign soldiers were requested to leave French territory, and NATO headquarters and command centers in Paris, Fontainebleau and Rocquencourt were moved to Brussels and Mons(1). Until the 1990s, a Gaullist consensus prevailed across the political spectrum: France should preserve its independence in the Cold War and propose a middle-way between West and East. Nevertheless, France remained part of the North Atlantic Alliance and of NATO’s political decision-making bodies, and maintained close cooperation with NATO on the operational level. After the end of the Cold War, France made major contributions to NATO’s first military operations. French transatlantic exceptionalism became more difficult to uphold: moves towards normalization were made in the 1990s and the 2000s, and President Nicolas Sarkozy took the ultimate step by announcing France’s “full participation in the structures of NATO”(2) in March 2009. The debate of 2008 and 2009 about whether France should return to full participation in NATO revealed a cleavage between neo-Gaullists, Atlanticists and pro-Europeans in French foreign policy, as well as a divergence of views between the military and the public. Since then, the debate seemed closed: Hubert Védrine, tasked by the new President François Hollande in 2012 to assess the consequences of France’s “return”, concluded that reversing Nicolas Sarkozy’s decision was not an option, and France should make the most of the new situation within NATO. However, since then, the international security context changed dramatically: the rise of the Islamic State in the Middle East and Russia’s involvement in the conflict in Ukraine gave rise to new concerns about NATO’s relevance. What does France want from NATO today? How did perceptions of NATO by the politicians, the military and the public change since 2009? Despite the normalization of France’s position within NATO, the traditional Gaullist defiance towards the US-led organization remains strong; however, behind the political discourse, France maintains a pragmatic approach to NATO as a practical military tool on the operational level. This position, which appears contradictory, is consistent with French exceptionalism and marks a continuity with the debates of both 1966 and 2009. II. Traditional defiance towards NATO as an American-led organization a. The Gaullist consensus after 1966 In order to understand France’s ambiguous position towards NATO today, it is important to remember the roots of Charles De Gaulle’s decision to remove France from NATO’s integrated command structure in 1966, and why this position was maintained across the political spectrum until 2009. In 1966, De Gaulle decided to remove France from what he perceived to be an American and British dominated command structure(3) to which France was subordinate(4). Indeed, in September 1958, the US President Eisenhower and British Premier Macmillan rejected a memorandum submitted by De Gaulle proposing a new NATO with a tripartite directory(5). France understood the 1956 Suez crisis, in which a Franco-British operation to control the Suez Canal failed because of lack of US support, as a warning that the United States could not be fully trusted, and that France should back its own freedom of action with military force(6). By 1966, the Algerian war had ended, and France had developed its own nuclear “force de frappe” since 1963, so it could afford such an independent policy course – at least in rhetoric. The public was taken aback by De Gaulle’s decision, as the communist threat was still strong in the French hearts and minds(7). A poll conducted by Ifop between March 12 and 22nd, 1966 reveals that 38% of the population were against France’s retreat from NATO’s integrated command, while only 22% were in favor(8). In the political arena, the communists supported De Gaulle’s move(9), but to most other parties the move came as a surprise. The military, as a traditionally conservative force, was also doubtful of the decision(10), but soon adapted to the will of the politics(11). Nevertheless, France’s special relationship with NATO soon became the new normal. Charles de Gaulle was able to pluck at the heartstrings of the French people by calling upon national sovereignty: the traumatism of the defeat of 1940 was still engraved in collective memory, and so was the wounded pride of having been liberated from Nazism by American, and not French soldiers. French politicians still resented the fact that the United States originally considered putting France under the temporary administration of an Allied Military Government of Occupied Territories (AMGOT) after World War II, a move which De Gaulle fiercely opposed(12). By saying “no” to NATO in 1966, France symbolically compensated for the defeat of 1940 (13). Successive presidents, both left-wing, such as François Mitterrand, and right-wing, such as Jacques Chirac, gradually adopted what came to be known as the “Gaullist consensus” on France’s national independence, upholding an official position at a safe distance from NATO, and actively promoting European defense. Olivier Kempf considers that the traditional consensus was so strong and widely accepted, that it could only be broken by somebody from De Gaulle’s own party, such as Jacques Chirac, who made France reintegrate NATO’s military committee in 1995, and Nicolas Sarkozy, who made the final step towards full participation(14). b. The debate of 2008-2009 After drafting a new White Paper on security and defense in 2008, Nicolas Sarkozy announced his willingness to make France a full participant in NATO again. In March 2009, the decision was made: France would participate in all NATO structures except the Nuclear Planning Group, and would receive in exchange for its return the key command position of Supreme Allied Commander Transformation (SACT). The NATO issue thus briefly came back to the foreground of political and academic debates for several months, bringing back old phantoms of 1966. The Socialist Party stressed the importance of France’s independent foreign policy : “La France a préservé depuis 40 ans une position particulière sur la scène internationale, alliée des Etats-Unis mais pas alignée, lui conférant un rôle singulier dans le dialogue multilatéral et la préservation de la paix (15)». The socialist Hubert Védrine most notably opposed France’s normalization in NATO as early as 2007, in his report on France and Globalization (16). François Bayrou, from the centrist MODEM party, argued that returning to full NATO participation would be “a defeat for Europe” and the end of the European defense policy (17). Even within the president’s own party UMP, Dominique de Villepin fiercely criticized Sarkozy’s move: “Au fil des années, nous avons pris, c’est vrai, des initiatives pour maximiser la contribution de la France au fonctionnement de l’OTAN, mais toujours avec le même souci : préserver notre position originale et singulière au sein de l’organisation. Ce qu’on nous propose aujourd’hui est une rupture politique et symbolique (18)». On March 17th, 2009, Prime Minister François Fillon engaged the government’s responsibility before the National Assembly on this decision, who supported the government at 329 votes to 238 (19). As opposed to the politicians, the military was decisively in favor of France’s return to full participation in NATO. The military was primarily concerned with the fact that France contributed troops to NATO operations, but its officers were not present in the command structures - a position which was increasingly unsustainable on the strategic and operational levels (20). Returning to full participation in NATO’s structures in 2009 created new command positions and career opportunities for the French military: in 2009, 750 officers joined NATO’s General Staff (21). In the public, Nicolas Sarkozy’s decisions sparked some emotional reactions out of concern for France’s national sovereignty and independence vis-à-vis the United States, but a poll by Ifop conducted on March 5th and 6th, 2009 showed that 58% of the French were in favor of France’s return to NATO full participation, while only 37% were against it (22). c. Today, French exceptionalism remains Today, seven years after France’s return to full participation in NATO’s structures, the debate on whether France belongs in NATO has died out (23). In 2012, Hubert Védrine, who opposed the return in 2007, was tasked by the new president François Hollande to examine the consequences of France’s return in NATO’s command structures (24). Only three years after the reintegration, the assessment was mitigated: France’s presence in NATO increased, its influence was strong on NATO’s reform, but weak in NATO’s strategy and operations; in terms of finances, the cost of reintegration was smaller than expected and France did win economic and industrial opportunities, although it is unclear whether these were actually linked with the return in the integrated military command. The report concluded that, while leaving the NATO integrated command structure once again would be deemed as a sign of instability by France’s partners, France should make the most of the new situation created by its return and exercise more influence within the Alliance. Since Nicolas Sarkozy’s decision was not put in question by the alternating political power, the debate on whether France should fully participate in NATO was closed (25). Only the far-right and the far-left still advocate for leaving NATO, as showed the vehement reactions of Jean-Luc Mélenchon and Marine Le Pen against a law changing the status of NATO personnel stationed in France in January 2016 (26). However, in spite of France’s de facto normalization within NATO, the political mindset about NATO did not evolve much (27), and the French political discourse on the organization is consistent with French exceptionalism. Indeed, the Védrine report of 2012 states: “La question est plutôt de déterminer comment la France défendra au mieux (…) ses intérêts fondamentaux de sécurité et de défense, son indépendance, son autonomie de décision, et donc, (…) la maîtrise de son destin, à la fois au sein de l’Alliance, dans l’Union européenne, avec des partenaires européens, (…) ces actions ne formant que les différentes facettes d’une seule et même politique déployée dans des enceintes diverses. (28)». Although France is strongly committed to the transatlantic Alliance, it considers itself allied, but not aligned (29). France sees NATO as an organization dominated by American interests. NATO is being criticized for driving European states to decrease defense spending and lose capabilities because of the reliance on the erroneous promise that the United States will always defend Europe (30). In line with the US pivot to Asia and the lack of US involvement in solving the Ukraine crisis, France acknowledges that the United States will not stay in Europe forever and believes that Europe should prepare for and hasten this event (31). France is also critical of NATO enlargement towards the East into Russia’s neighborhood, and would like to keep the organization focused on collective defense (32), as there is a concern that NATO could involve France in operations where it does not want to go (33). While few argue for France’s exit from the organization, the debate on about the purpose of the organization in the post-Cold War world is still relevant in France (34). III. Pragmatic view of NATO as a practical operational tool a. Gradual rapprochement since 1966 In parallel with the French political discourse on NATO portraying France as “amie, alliée mais pas alignée”, in other words a transatlantic ally with an independent policy within the organization, France has been making moves towards close cooperation with NATO on the operational level ever since Charles de Gaulle decided to leave the integrated command structures in 1966. Indeed, as early as December 1966, De Gaulle negotiated a bilateral agreement with Willy Brandt allowing French troops to remain deployed in Germany despite France’s break with NATO. In August 1967, the Ailleret-Lemnitzer agreement provided that the French armed forces stationed in Germany could be attached to NATO in the event of war, while remaining under the authority of the President of the Republic (35). Already in the 1990s, some efforts were secretly made under French President François Mitterrand to negotiate France’s full return to NATO, and President Jacques Chirac took essential steps by reintegrating France in two NATO intergovernmental bodies: the Defense Ministers meetings of the North Atlantic Council and the Military Committee.(36) In 2004, France obtained 110 positions in the reformed command structure following the CEMA-SACEUR agreement, and became the 4th contributor to the newly created NATO Response Force (NRF) (37). In terms of military operations, France was a major contributor in NATO operations in Bosnia (1993), Kosovo (1999), and Afghanistan (2001). A 2007 report by the French Senate showed the extent of the French de facto integration in NATO, put in evidence by the increased presence of French officers in command structures, by the contribution in the civil budget and by the participation in NATO’s main armament programs (38). This continuous policy of operational “rapprochement” since 1966 reflects a very pragmatic view of NATO as a practical framework for military action, from which France should profit despite the political Gaullist stance promoting national sovereignty and French exceptionalism. b. NATO, an operational toolbox and a political forum According to the 2013 French White Paper on security and defense, one of NATO’s objectives is to be “the common framework for military action whenever the Allies agree to intervene together to respond to shared risks and threats.(39)” Indeed, in France, NATO is considered important as an operational toolbox and a political forum for multilateral military action. According to Hubert Védrine’s 2007 report, the military was in favor of NATO reintegration because of advantages in terms of procedures, interoperability with European allies and coherence of training and combat methods (40). The military see NATO as a practical machine to enable Europeans to conduct operations together and maintain and update their defense capabilities. Moreover, the participation of the United States helps fill France’s gaps in terms of surveillance, reconnaissance and air-to-air refueling. Indeed, as pressure on defense budgets increases, France has to rely on cooperation and integration to maintain an operational army. Since France’s European allies prefer NATO to the European Common Security and Defense Policy (CSDP) as a framework for cooperation, it was necessary to include the French military in the NATO system (41). In addition, politicians see NATO as a forum for multilateral discussions on security and defense issues. NATO has proven useful in this regard at the Wales Summit in September 2014, during which several NATO members created the “coalition of the willing” led by the United States to fight ISIS in Iraq. Lastly, NATO is also seen as an opportunity for the French defense industry: General Palomeros, former Supreme Allied Commander Transformation (SACT), argued that “La « Smart Defence » (…) représente une réelle opportunité pour l’industrie française de defense.(42)” However, praising NATO because of its efficiency as an operational tool tends to confuse the means with the ends: NATO is efficient, but the question is what it brings in strategic terms (43). Indeed, some are worried that NATO acts as a “security agency” promoting interoperability under U.S. standards and thereby weakening efforts towards a European defense (44). NATO critics also argue that despite some French market gains, NATO’s procurement programs mostly benefit the American defense industry, to the detriment of the European defense industries. c. NATO, one forum among others Nevertheless, France does not see NATO as the only possible framework for military action. The 2013 White Paper states that “France’s open approach to the world is also underlined by its active participation in numerous multilateral organizations (…) and, particularly with respect to its defense and security, its membership of three major institutions (…), namely the UN, NATO and the European Union.” There is no clear hierarchy between these three structures, but a particular attention is paid to the European Union. France is historically a major proponent of European defense and argues that NATO and the EU are not competing, but complementary organizations (45). One of the goals behind NATO reintegration, according to Nicolas Sarkozy, was to promote European defense by gaining the trust of the United States and of European partners (46). European defense did not make any substantial progress since then, but still, for its military interventions in Mali and in Central African Republic in 2013, France called on the EU and the UN for support, not NATO. However, nowadays western military operations tend to be conducted on the basis of coalitions, and not through multinational frameworks, as have shown the examples of the interventions in Lybia and Syria. To sum up, today, French politicians, military and public do not expect much from NATO: it is a practical framework for military action, but not a central tool of security and defense policy. IV. Conclusion France’s sensational departure from NATO’s integrated command structures in 1966 and the equally polemic return to full participation in NATO in 2009 raised important debates in France about the country’s role in NATO, and the purpose of the organization after the end of the Cold War. In fact, reintegrating the military command in 2009 was coherent with France’s gradual de facto reintegration in NATO since the 1990s, and did not mark the end of French exceptionalism – France still believes it has to defend a particular position in NATO in line with its national interests, to preserve an independent foreign policy. Underlying this political conception, France has been pursuing a pragmatic policy of rapprochement with NATO on the operational level, to benefit from the advantages of the organization in terms of interoperability and preservation of capabilities. With the pressure on defense budgets, France cannot afford a foreign policy based on exceptionalism (47). The view of French politicians, military and public is shared between a Gaullist defiance towards an American-dominated NATO, and a pragmatic consideration of the organization as a practical framework for military action. While the politicians are engaged in a debate of principle on France’s in relation to NATO and the United States, the military largely see NATO as an efficient toolbox for military interventions. The public, both in 1966 and 2009, saw France’s NATO membership favorably, but NATO itself is mostly seen as a tool of the United States’ influence in Europe. Today, NATO is not a major theme in the media: the organization is mainly mentioned in relation with ongoing military operations, and is rarely a subject in itself. The debate on France’s NATO membership is closed, and the organization itself is losing importance in France’s security and defense policy. The international security landscape has dramatically changed since the creation of NATO: Europe is not threatened by a conventional war on its territory against invasion by another State, as it was at the time of the Cold War. Today, threats come from terrorism and hybrid warfare, of which France was a direct target on January 11th and November 15th 2015. The US disengagement from Europe could sooner or later change the dynamics of NATO. On April 7th, 2016, Donald Trump, candidate in the primary of the Republican party of the United States, argued that NATO is obsolete and that the United States should not take up such a large share of the European defense burden (48). The upcoming elections in the United States and in France could thus possibly reopen the debate on NATO’s purpose and France’s role in it. 1 Claude Cartigny, « 1966: La France quitte les organismes militaires de l’OTAN », 2006. 2 Nicolas Sarkozy’s speech at the Fondation pour la Recherche Stratégique, March 11th, 2009. 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Available at : <http: communiques.pdf="" files="" republique67.parti-socialiste.fr="">. 16 Hubert Védrine, Rapport pour le Président de la République sur la France et la Mondialisation, 4.09.2007. 17 « Bayrou ne veut pas du retour de la France dans l’OTAN », in Le Monde, 8.02.2009. 18 Françoise Fressoz and Patrick Roger, « OTAN : Le risque, c’est le rétrécissement de notre ambition », in Le Monde, 17.03.2009. 19 « OTAN : les députés accordent leur confiance au gouvernement », in Libération, 17.03.2009. 20 Interview with General Jean-Louis Georgelin, former Chief of Defense Staff from 2006 to 2010 on 25.04.2016. 21 « La France et l’OTAN », website of the French Ministry of Foreign Affairs, Available at: <http: defense-et-securite="" fr="" la-france-et-l-otan="" politique-etrangere-de-la-france="" www.diplomatie.gouv.fr="">. 22 “France/OTAN: 58% des Français pour”, in Le Figaro, 10.03.2009. 23 Annick Cizel and Stéfanie von Hlatky, “From exceptional to special? A reassessment of France–NATO relations since reintegration”, in Journal of Transatlantic Studies, 12:4, 2014. 24 Hubert Védrine, Rapport pour le Président de la République Française sur les conséquences du retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, sur l’avenir de la relation transatlantique et les perspectives de l’Europe de la Défense, 2012. 25 Interview with Olivier Kempf, military commander and researcher at IRIS, 25.04.2016. 26 “OTAN: Le Pen et Mélenchon ne veulent pas de GIs en France”, in Le Parisien, 22.01.2016. 27 Interview with General Jean-Louis Georgelin, 25.04.2016. 28 Hubert Védrine, 2012, 10. 29 Nicolas Sarkozy’s speech at the North Atlantic Council in Strasbourg-Kehl, 4.04.2009. 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<p style="text-align: center;"><img alt="https://www.lettrevigie.com/wp-content/uploads/2016/06/44-Limites-russes-530x370.jpg" src="https://www.lettrevigie.com/wp-content/uploads/2016/06/44-Limites-russes-530x370.jpg" /></p>
<p style="text-align: justify;">Vous trouverez dans ce numéro daté du 8 juin un texte intitulé <em><strong>Limites russes</strong></em>, un autre sur <em><strong>La stratégie navale de la France</strong></em>, une Lorgnette sur <em><strong>Déboires à Ankara</strong></em>, une <em><strong>Stratégie 2017 vue de Berne </strong></em>(Alexandre Vautravers)<em>. </em> </p>
<p style="text-align: justify;">Si vous êtes déjà abonné à La Vigie, vous pouvez accéder directement au numéro 44 en vous <a data-saferedirecturl="https://www.google.com/url?hl=fr&q=http://mailing.lettrevigie.com/l/C9YdSfRARJ892j7fdWqFMdbA/IthwiAUpleECunqwNW0QjA/PJZyNe892JQ9763nvDBtR0f3jA&source=gmail&ust=1465500535979000&usg=AFQjCNEm2hU4Q2phcvVMq6UO1xMwCUgChA" href="http://mailing.lettrevigie.com/l/C9YdSfRARJ892j7fdWqFMdbA/IthwiAUpleECunqwNW0QjA/PJZyNe892JQ9763nvDBtR0f3jA" target="_blank">rendant sur cette page</a>. N'oubliez pas de vous connecter afin d'y accéder.</p>
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<p style="margin-left: 36pt; text-align: justify;">· <a data-saferedirecturl="https://www.google.com/url?hl=fr&q=http://mailing.lettrevigie.com/l/C9YdSfRARJ892j7fdWqFMdbA/l4PsGiowVPAu5VAIrL763yrA/PJZyNe892JQ9763nvDBtR0f3jA&source=gmail&ust=1465500535980000&usg=AFQjCNHyByJzX1o4tUkh5ojpFinGqJ77wA" href="http://mailing.lettrevigie.com/l/C9YdSfRARJ892j7fdWqFMdbA/l4PsGiowVPAu5VAIrL763yrA/PJZyNe892JQ9763nvDBtR0f3jA" target="_blank">Fermez le ban (du colonel Moutarde)</a> qui revient sur la récente polémqiue autour de l'expression des militaires.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans ce numéro 44 :</p>
<h2 style="text-align: justify;"><strong>Limites russes</strong></h2>
<p style="text-align: justify;">Depuis plusieurs mois, nous avons régulièrement signalé l’habileté stratégique de la Russie poutinienne. Pour autant, cela ne fait pas de nous des fervents supporters du Kremlin. À l’heure où certains grossissent la menace, il nous paraît aussi utile d’évaluer les limites russes actuelles : une juste appréciation du rapport de force est seule gage d’un calcul stratégique adapté. Or, l’ours russe est plus faible qu’il n’y paraît à certains mais plus résilient que d’autres l’espèrent. Surtout, il est rationnel, ce qui constitue une force déterminante. […]</p>
<h2 style="text-align: justify;"><strong>Stratégie navale de la France</strong></h2>
<p style="text-align: justify;">La puissance a toujours eu une dimension maritime, et c’est chaque jour plus vrai (cf. <a data-saferedirecturl="https://www.google.com/url?hl=fr&q=http://mailing.lettrevigie.com/l/C9YdSfRARJ892j7fdWqFMdbA/qtcAogrsD8oJaKiwoy2EzQ/PJZyNe892JQ9763nvDBtR0f3jA&source=gmail&ust=1465500535980000&usg=AFQjCNEl5XFZZDJGvBzFOf_jRUaXXaGwyw" href="http://mailing.lettrevigie.com/l/C9YdSfRARJ892j7fdWqFMdbA/qtcAogrsD8oJaKiwoy2EzQ/PJZyNe892JQ9763nvDBtR0f3jA" target="_blank">LV 41, ambition maritime</a>). Trois espaces clés du monde, les zones de coprospérité nord-américaine, euro-méditerranéenne et sud-asiatique, sont interconnectés par leurs façades maritimes et liés par leur forte dépendance à la mer pour leurs approvisionnements et leurs échanges. Dans ces espaces, les flottes de guerre les plus importantes du monde sont à l’Ouest mais celle, dominante, des États-Unis a désormais pivoté vers l’Asie où les puissances régionales de l’Est sont avides de stature militaire et navale, en Inde, en Chine, Corée du Sud ou au Japon. Bien des enjeux et des vulnérabilités se sont installés en mer mais derrière la ligne d’horizon au loin, comme toujours, l’action navale se fait sans témoins ni spectacle. Pour sécuriser les approches côtières nationales et les espaces océaniques communs, les marines de guerre doivent entretenir des missions permanentes, lourdes à supporter. Cela vaut évidemment pour la Marine nationale. […]</p>
<h2 style="text-align: justify;"><strong>Lorgnette : Déboires à Ankara</strong></h2>
<h2 style="text-align: justify;"><strong>Stratégie 2017 : vu de Berne (</strong><em>Alexandre Vautravers</em><strong>)</strong></h2>
<p style="text-align: justify;">Une vision suisse de la stratégie française a-t-elle un sens pour un État neutre depuis 1815 ? Et pour un pays que la diplomatie, la volonté de défense et une armée de citoyens-soldats ont préservé de la guerre depuis… Napoléon I<sup>er</sup> ? […]</p>
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<hr align="center" size="2" width="" /></div>
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<p style="text-align: justify;">Pour acheter un numéro, cliquer sur le lien “<a data-saferedirecturl="https://www.google.com/url?hl=fr&q=http://mailing.lettrevigie.com/l/C9YdSfRARJ892j7fdWqFMdbA/YgDRf2660zDR6yS763ejS1Cg/PJZyNe892JQ9763nvDBtR0f3jA&source=gmail&ust=1465500535980000&usg=AFQjCNER9RowbvWNZNT0Ui3QBL4Swggudw" href="http://mailing.lettrevigie.com/l/C9YdSfRARJ892j7fdWqFMdbA/YgDRf2660zDR6yS763ejS1Cg/PJZyNe892JQ9763nvDBtR0f3jA" target="_blank">Vigie n°44</a>”, ajoutez au panier, cliquez sur “régler ma commande", payez, comme sur n'importe quel site de commande en ligne. Une fois que vous serez abonnés, vous recevrez un courriel avec un lien direct vers le numéro et à l'avenir, chaque numéro arrivera directement dans votre boite mail. </p>
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<h2 class="entry-title" style="text-align: justify;">Jean Dufourcq et Olivier Kempf</h2>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/06/08/La-Vigie-n%C2%B044%3A-Limites-russes-%7C-Strat%C3%A9gie-navale-de-la-France-%7C-Strat%C3%A9gie-2017-%3A-vu-de-Berne#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2101Politique chinoise de la Franceurn:md5:39c7b6d02e5b1037611c29077f2969be2016-05-14T22:45:00+01:002016-05-14T22:45:00+01:00Olivier KempfAlliances & intérêtsChineFrancePolitique française envers la Chine<p style="text-align: justify;">Une étudiante chinoise, en fac à Lyon, rédige son mémoire de master sur la politique chinoise de la France durant la présidence de Sarkozy. Elle me dit : "j'ai lu votre livre <a href="http://www.egeablog.net/index.php?post/2012/12/04/G%25C3%25A9opolitique-de-la-France-%2528OK%2529">Géopolitique de la France entre déclin et renaissance</a>, dans lequel vous avez parlez de la relation franco-chinoise, je voudrais donc vous poser quelques question là-dessus". Voici ci-dessous ses trois questions et mes réponses. Car du coup, j'ai relu les quelques paragrpahes que j'avais écrits sur le sujet dans GP de la France, et me suis aperçu qu'il y avait évidemment encore plein de choses à dire.</p>
<p style="text-align: center;"><img alt="" class="irc_mi i0pCRloQXDas-pQOPx8XEepE" height="412" src="http://www.institut-economie-circulaire.fr/photo/art/grande/8466168-13300028.jpg?v=1446482682" style="margin-top: 0px;" width="618" /> <a href="http://www.institut-economie-circulaire.fr/L-economie-circulaire-dans-la-declaration-France-Chine-sur-le-changement-climatique_a982.html">Source</a></p> <p style="text-align: justify;"><span style="text-decoration: underline;">1. Dans votre livre vous dites que la France a des relations ambiguës avec la Chine : à la fois relations d'affaires et argument moraux. Est-ce que cette équilibre entre l'idéalisme et le pragmatisme est une tradition de la politique chinoise de la France?</span></p>
<p style="text-align: justify;">Je me demande s'il y a seulement une tradition de politique chinoise de la France. J'ai l'impression que l'affaire a toujours été traitée au cas par cas, en fonctions de considérations extérieures. Volonté coloniale au XIX° siècle au moment des "traités inégaux", lutte contre le communisme lors de la guerre de Corée (la France envoie un bataillon dans le conflit), confrontation par procuration au moment de la guerre d'Indochine, pragmatisme gaullien au moment de la reconnaissance de la RPC en 1964 (cela n'avait pu être fait en 1949 à cause justement de l'Indochine, à la différence des Britanniques), fascination des intellectuels français pour le maoisme dans les années 1960 et 1970, considération lointaine au moment du livre de Peyrefitte en 1973.</p>
<p style="text-align: justify;">Rien de bien marquant au cours des années 1980 ou 1990. En fait, une nouvelle fascination chinoise intervient en France à partir des années 2000 lorsqu'on prend conscience du formidable bond de développement initié depuis 20 ans. Alors, les chefs d'entreprise rêvent tous de Chine. Il reste que la question tibetaine, orchestrée par l'Occident, a aussi des effets en France et suscite un discours sur les droits de l'homme, au risque de déplaire les autorités, cf les incidents au moment des JO de Pékin à la fin de la décennie.</p>
<p style="text-align: justify;">Mais en termes de puissance classique, constatons que la Chine et la France ne se heurtent pas trop. La France a peu d'intérêts dans tous les conflits chinois, qu'ils soient intérieurs (Xinjiang, Tibet) ou extérieurs (Corée du Nord, Japon, Taiwan, mer de Chine méridionale). Les possessions asiatiques françaises dans cette région sont situées trop loin, en Océanie, pour avoir des conséquences directes sur les Français. En revanche, la concurrence économique demeure latente, avec les accusations d'espionnage régulièrement lancées.</p>
<p style="text-align: justify;">En fait, le seul endroit où la France et la Chine se heurtent est en Afrique, puisque Pékin y a développé depuis une quinzaine d'années une "Chinafrique" qui a mis en cause les intérêts traditionnels français dans la zone. Là encore, le débat est plus géoéconomique que politique.</p>
<p style="text-align: justify;">Dans les grandes conférences internationales, la France cherche régulièrement à discuter avec Pékin, cf les récentes dicussions autour de la COP 21 qui ont permis à Pékin d'avancer et donc à la conférence d'être un succès.</p>
<p style="text-align: justify;">Au final, on pourrait qualifier la relation de dépassionnée et donc jaugée à l'aune des seuls intérêts, princpalement économiques.</p>
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<p style="text-align: justify;"><span style="text-decoration: underline;">2. Du point de vue géographique la Chine est une terre loin de la France, et ces deux pays n'ont pas des conflits directs sur les territoires, mais leurs interdépendances sont multiples sur le plan économique avec le développement de la mondialisation. Pourquois, la Chine et l'Asie ne se trouvent toujours pas parmis les priorités de la politique extérieure de la France?</span></p>
<p style="text-align: justify;">La distance est la raison principale (outre les raisons évoquées ci-dessus). Surtout, la France est en limite de capacités. Tenir ses intérêts dans ses zones prioritaires lui demande suffisamment d'efforts, cela l'empêche de consacrer plus d'énergie à d'autres zones.</p>
<p style="text-align: justify;">Toutefois, les grandes options de la "diplomatie économique" qui animent les deux derniers quinquennats français sont clairement tournées vers l'Asie orientale, particulièrement la Chine. Disons que la diplomatie traditionnelle et l'engagement militaire sont affectés à d'autres zones, la CHine n'étant l'objet que d'une diplomatie économqiue (avec de vraies priorités qui ont été affichées et des ressources qui y furent allouées).</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"><span style="text-decoration: underline;">3. D'après vous quelles sont les facteurs qui pourraient influencer l'orientation de la politique chinoise de la France et existe-il une ligne conductrice pour cette politique?</span></p>
<p style="text-align: justify;">Une des grandes questions du moment est celle d'un "basculement du système international". On en voit de multiples effets partout. La Chine et la France sont assez solides et influentes, chacune dans leurs zones, pour essayer de définir de nouvelles règles du jeu en réponse à ce basculement. Leur présence permanente au CSNU est un atout commun. Mais encore faudrait-il que la Chine ait plus d'ambition que son actuelle position de "non ingérence dans les affaires intérieures" qui n'est pas organisateur d'un nouvel ordre mondial.</p>
<p style="text-align: justify;">Voilà une brève réponse qui mériterait probablement plus de travail et de développement.</p>
<p style="text-align: justify;">Bien à vous</p>
<p style="text-align: justify;">O Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/05/14/Politique-chinoise-de-la-France#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2097Mers el Kébir, fallait-il détruire la flotte française ?urn:md5:0e8c39e338d6a8efa49bcc6c7497846a2016-04-27T20:14:00+01:002016-04-27T20:14:00+01:00Olivier KempfKiosques2ème guerre mondialeAngleterreFlotteFranceStratégie navale <p style="text-align: justify;">J'ai reçu le dernier opus de<a href="http://guerreshistoire.science-et-vie.com/"> Guerres et histoire</a>,n° 30, consacré notamment à Mers el Kébir.</p>
<p style="text-align: justify;"><img alt="Capture d’écran 2016-04-04 à 12.19.40" class="attachment-cover size-cover" src="http://guerreshistoire.science-et-vie.com/wp-content/uploads/2015/10/Capture-d%E2%80%99e%CC%81cran-2016-04-04-a%CC%80-12.19.40-1-218x282.jpg" style="float: left; width: 218px; height: 282px;" /></p>
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<p style="text-align: justify;">Beaucoup se sont étranglés à l'époque devant la duplicité anglaise, beaucoup continuent aujourd'hui à critiquer la mauvaise manière faite par l'Angleterre. Il reste que la lecture du dossier montre une réalité bien plus ambiguë que cela. D'une part, les Français n'ont pas été francs du collier et n'ont pas su (Darlan) contacter Londres autant qu'il l'aurait fallu pour donner des garanties et surtout les mettre en oeuvre. D'autre part, en se mettant du côté de Churchill, le choix était simple : se contenter de bonnes paroles (côté français mais aussi allemand, genre "Jamais nous n'utiliserons ces navires pour la guerre", promesses dont Hitler avait abusé au cours de la décennie précédente, avec l'intégrité que l'on sait) ou agir préventivement. On sait que la décision stratégique doit trancher l'incertitude et éviter si possible ses propres points faibles. De ce point de vue, la décision de Churchill était logique, et tout n'est pas uniquement dû à sa perfidité.</p>
<p style="text-align: justify;">On lira également un bon dossier sur la conquête romaine de la Dacie, future Roumanie. Où l'on apprend qu'elle fut conquise par défaut, pour des raisons de politique intérieure plus que de menaces extérieures (ce qui donne un contre exemple à l'inéluctable expansion du limes de l'empire pour protéger les provinces conquises) et n'a pas constitué un actif stratégique majeur aux yeux des Romains.</p>
<p>O. Kempf</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/04/27/Mer-el-K%C3%A9bir%2C-fallait-il-d%C3%A9truire-la-flotte-fran%C3%A7aise#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2094La France et la négociation nucléaire avec l'Iranurn:md5:9341289b028673fcf648bf59f7d62fed2015-03-30T22:48:00+02:002015-03-30T22:48:00+02:00adminFranceArabie SaouditeFranceIranNucléaire<p>Dans <ins>Le Monde</ins> de mercredi dernier, deux pages sont publiées pour dénoncer l'influence croissante de l'Iran au Moyen-Orient. Un article détaillé explique la position française, de faucon, à rebours des efforts américains et même ceux des Européens qui semblent, implicitement, être très tentés par l'accord. On peut s'interroger sur les raisons d'une telle fermeté.</p>
<p><img src="http://image.almanar.com.lb/french/edimg/2014/outside/fabius_iran.jpg" alt="" /> <a href="http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?fromval=1&cid=86&frid=86&eid=181972">source</a></p> <p>En apparence, il s'agit d'éviter la prolifération nucléaire et d'obtenir le maximum de garanties pour éviter que l'Iran soit trop proche du seuil. D'un point de vue tactique, on pourrait considérer qu'il y a répartition des rôles, Paris jouant " le méchant " comme dans tout polar qui se respecte. Oui, mais quand en fin d'article, <ins>Le Monde</ins> explique qu'à la clôture, Paris passera sous les fourches caudines de Washington, on s'interroge sur l'efficacité de cette stratégie dont on comprend qu'elle n'émeut pas beaucoup la partie iranienne.</p>
<p>Alors ? <ins>Le Monde</ins> donne, juste en dessous, un interview d'un émissaire israélien, partisan sans surprise d'une ligne encore plus dure. Juste après la réélection de B. Netanyahou, on pourrait donc considérer que la France veut faire plaisir à Israël, ce qui serait toutefois surprenant tant Tel Aviv semble aujourd'hui isolé. Il me semble que tel n'est pourtant pas le but recherché. Nous pensons que les calculs sont plus subtils.</p>
<p>Au fond, il ne s'agit pas tant de plaire aux Israéliens qu'aux monarchies arabes du Golfe. En s'affichant comme un dur face à l'Iran, obsession de l'Arabie Saoudite, Paris vise à s'attacher les bonnes grâces de ce client hors pair, à qui on escompte vendre encore et encore. La diplomatie économique n'est-elle pas l'alfa et l'oméga de la feuille de route de M. Fabius ?</p>
<p>Oui, mais Paris risquerait de déplaire à l'Iran, pourra-t-on objecter. Là encore, les choses paraissent plus subtiles. En montant les enchères, on peut espérer obtenir des Iraniens des concessions sur d'autres dossiers, par exemples sur tel ou tel grand chantier espéré, une fois que les sanctions seront levées. Chose que Téhéran acceptera volontiers, ne serait-ce que pour faire affaire avec des Européens et diversifier un peu ses clients, surtout que cela aura peu d'effets politiques sur le nucléaire et favorisera le démarrage de l'économie. Gagnant - gagnant.</p>
<p>Finalement, Paris a beaucoup d'intérêt à jouer au faucon en ce moment, tant la course vers l'accord semble désormais inéluctable. Autant en profiter pour profiter de l'effet de levier et gagner sur tous les tableaux, des deux côtés du Golfe Persique.</p>
<p>Bref, un joli coup tactique. Je ne sais si Le Monde en est conscient mais en publiant deux pages sur la croquemitaine iranienne, il sert indirectement nos objectifs, qui ne sont peut-être pas ceux qu'il croit.</p>
<p>A. Le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2015/03/30/La-France-et-la-n%C3%A9gociation-nucl%C3%A9aire-avec-l-Iran#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2484