Egeablog - Mot-clé - Turquie2023-06-28T12:43:19+02:00Olivier Kempfurn:md5:fc9dfa5de5fd9856c4c7bdd45e8ff3c1Dotclear17/16 Otan et Russie, Obama et l'Europe, îlots divers et Ukraine, affiches et liberté d'expressionurn:md5:916c679beef85440d8241aeccb1764ba2016-04-24T21:54:00+02:002016-04-24T21:54:00+02:00adminMiscellanéesAllemagneEgyptefrontièresGrande-BretagneISraëlObamaOTANRUssieTurquieUkraine<p>Conseil OTAN-Russie. Ce n'était qu'une réunion sans grand objet mais l'important n'était pas là, mais dans sa tenue. Le titre du Monde était excellent (vous noterez que je ne dis pas toujours du mal du Monde) : "un dégel glacial". Les uns et les autres se sont dit leurs quatre vérités, l’important étant qu'ils puissent se le dire. Ce n'est pas un retour à la normalité ou à la coopération (il est encore trop tôt pour cela) mais un petit signe, supplémentaire, du retour de la Russie dans le dialogue international. On s'éloigne encore, s'il était besoin de le signaler, de "l'isolement" de la Russie. Enfin, on notera que la diplomatie française, par la voix de M. Ayraut, a demandé une nouvelle réunion du COR "avant le sommet" (qui est prévu début juillet). Autrement dit, la France pousse les feux pour cette normalisation. Il faut dire qu'elle est membre du format Normandie qui préside aux accords de Minsk et qu'elle voit l'utilité de la Russie en Syrie, tout en se sentant bien moins préoccupée par le réarmement russe que ne peuvent l'être les PECO. Cette petite initiative, qui n'aura pas été remarquée par la plupart, confirme en tout cas le changement de ton depuis le départ de M. Fabius.</p>
<p><img src="https://pbs.twimg.com/media/CgysmnfXEAAeEFy.jpg" alt="" /> <a href="https://twitter.com/ATA_Macedonia/status/724143436555800576">source</a></p> <p><strong>Pensées fugaces</strong></p>
<p>Allez! mon petit quart d'heure révolutionnaire. L'affiche de la CGT brocardant les CRS n'est pas du meilleur goût mai enfin, souvenez-vous : il y a un an, que n'a-t-on entendu après Charlie sur le "droit à blasphémer" et ce genre de choses ? Les mêmes, un an plus tard, s'époumonent et s'indignent : "de quoi, dire du mal des policiers" ? Cherchez la contradiction. Il est loin le temps où l'on trouvait "super" le slogan de mai 68 "CRS - SS". Le plus drôle et que ce soit un gouvernement de gauche qui clame le plus son indignation. Mais il n'est pas à une contradiction près. Où sont les "Je suis Charlie" ?</p>
<p>Tant qu'on y est, l'observateur appréciera les revirements de notre ministère de l’intérieur qui, il y a quatre mois, ne cessait de louer la qualité des services d'intervention ("Circulez, il n'y a rien à voir") alors que chacun notait les mirifiques succès du Raid ou de la BRI qui intervenaient tard, avaient du mal à faire sauter des explosifs le long d'une porte et défouraillaient à tout va contre un terroriste armé au mieux d'un pistolet (5000 cartouches, puis finalement 1500, pour arriver à une démolition d'immeuble). Ailleurs, dans un monde normal, le patron de l'unité en question aurait été rapidement débarqué. Et puis voici que cette semaine on apprend qu'il est nécessaire de procéder à une réarticulation desdits services, comme ça, l'air de rien, toujours sur l'air de la normalité assumée ("Il y a quelque chose à voir ?"). Ça ne trompe personne sauf peut-être Emilie qui regarde placidement la télé. Je dois certainement faire du mauvais esprit et voir le mal où il n'est pas.</p>
<p>Angela Merkel <a href="http://www.lorientlejour.com/article/982682/berlin-veut-des-zones-de-securite-en-syrie-pres-de-la-turquie.html">vient de se prononcer</a> en faveur de l'établissement de zones de sécurité en Syrie pour que les réfugiés y trouvent un abri. Elle rejoint ainsi la position ancienne de la Turquie sur la question, marquant par là un alignement allemand sur la ligne turque. Cela constitue un nouveau pas de la profonde réorientation allemande, en réponse à la crise des réfugiés. Mme Merkel a ainsi passé une alliance profonde avec la Turquie et la Grèce pour contenir le flot de réfugiés qui venait d'Anatolie et au-delà, du Moyen-Orient. Elle échange un soutien financier à Athènes contre la retenue des migrants. Accessoirement, constatons que le "front du blocage" orchestré par l'Autriche contribue, sans le dire, à cette stratégie. Vous avez dit "realpolitik" ?</p>
<p>Avec la Turquie, l'alignement est plus frappant encore. L'Allemagne dit oui à toutes les revendications turques (libéralisation des visas, transferts monétaires, etc.) et les fait avaliser sans réelle opposition par les "institutions" européennes. La déclaration de samedi n'est qu'une étape supplémentaire dans cette politique. La Turquie a bien raison de constater que "l'UE a plus besoin de nous que nous n'avons besoin de l'UE".</p>
<p>Puisqu'on parle de l'Autriche, les élections de ce soir donnent l'extrême droite à 36 % , les partis traditionnels éliminés, une candidate indépendante ou un Vert historique qualifié pour le deuxième tour. Pourtant, le gouvernement autrichien n'avait pas cessé de durcir le ton, menaçant de bloquer aussi la frontière avec l'Italie, y compris sur le Brenner, au risque de bloquer tout le trafic transalpin. On a d'ailleurs eu une manifestation italienne ce jour sur ledit Brenner, stoppée par la police autrichienne (même si quelques manifestants sont entrés en force sur le territoire autrichien). Tout ceci se passe en Europe aujourd'hui. Ce n'est plus le début de la fin, mais la fin du début.</p>
<p>Obama et le Brexit : le président Obama est donc venu prononcer à Londres un discours opposé au Brexit. On ne s'étonnera pas de l'éventuelle ingérence dans les affaires de politique intérieure d'un pays, tant ce principe appartient désormais au passé. Accessoirement, cette question de politique intérieure se porte sur une posture essentielle de politique extérieure, il est donc assez "normal" que les puissances extérieures s'expriment aussi. Obama appuie là où cela fait mal : une GB dégagée de l'UE n'aurait pas forcément de meilleures options stratégiques, notamment avec le grand allié. Cela tient du constat, si l'on se place du strict point de vue britannique. L'important ne me semble pas là : simplement, cette prise de position témoigne à quel point l'UE appartient à la sphère américaine et est devenue un agent essentiel de l'atlantisme. Ceci devrait sonner comme un signal de rappel à tous ceux qui voient dans la construction européenne le moyen d'une plus grande indépendance, sans même parler de ceux qui se désolent du manque de géopolitique de l'UE. Enfin, elle témoigne de la profonde inquiétude de l'ensemble de cet établissement transatlantique envers l'affaiblissement européen en général, qui serait irrémédiablement renforcé avec un départ britannique. Là aussi, on est dans le constat.</p>
<p>Le même Obama qui va ensuite dire en Allemagne que Merkel a raison sur toute la la ligne. Décidément, il est loin son début de mandat où il pensait que l'Europe n'est ni le problème, ni la solution. Aujourd’hui, elle est clairement un problème, pas seulement pour elle, mais aussi pour le grand allié.</p>
<p>En parlant d’Israël et d’annexions, on avait plutôt à l’esprit les colonies implantées en Cisjordanie, sur le territoire du futur et très hypothétique Etat palestinien. Aussi, la déclaration de B. Netanyahou change-t-elle de « front » : il déclare que l’occupation du Golan n’est pas négociable, autrement dit que ce plateau, nommément syrien, fait désormais partie du territoire israélien. Autrement dit, il s’agit d’une annexion, qui ne suscite pas plus de réactions que cela. Il reste que cela confirme un mouvement de fond qui est en train de se dérouler au Proche-Orient (et ailleurs) : celui des modifications de frontières, le plus souvent par la force. Il s’est agi bien sûr des projets de l’État Islamique qui avait abattu le mur de sable séparant la Syrie et l’Irak ; ou encore de l’échange subreptice de quelques îles de la mer Rouge, passées d’Égypte en Arabie.</p>
<p>Ces phénomènes sont inquiétants. D’une part parce qu’ils interviennent dans une région qui connaît déjà la violence armée à grande échelle, où les Etats sont faibles et où personne n’aurait à gagner à une gigantesque révision. Au-delà du Proche Orient, ces signes manifestent surtout des atteintes répétées au dogme de l’intangibilité des frontières, ce qu’on a déjà observé en Crimée ou en mer de Chine du sud. Ce qui est pour le coup très inquiétant, puisque cela ouvre la voie à toutes sortes d’actions armées afin de se saisir de tel ou tel bout de territoire, que l’on présentera bien sûr faire « historiquement partie du pays » (voir mot bobo ci-dessous).</p>
<p>Au passage, constatons que le transfert des îles égyptiennes à l’Arabie n’a pu se faire sans l’approbation d’Israël, qui a été mis dans la confidence des négociations. Pour mémoire, le traité de paix israélo-égyptien qui règle la question du Sinaï interdisait toute modification de frontière. Tel-Aviv s’est longtemps opposé à cet échange : voici qu’il l’approuve. Signe du bel alignement de vue stratégique entre les trois pays, <a href="http://www.al-monitor.com/pulse/originals/2016/04/israel-al-sisi-egypt-saudi-arabia-islands-transfer-alliance.html">ce que remarque Al Monitor</a>. Qui explique deux choses : d’une part, l’alliance entre sunnites et israéliens contre les deux empires de la région, l’Iran et la Turquie (cela, tout le monde l’avait remarqué) ; d’autre part, la possibilité de futurs échanges de territoires entre Israël et l’Égypte (voire la Jordanie) pour résoudre la question palestinienne. Fichtre ! On n’en est pas là mais ces îlots ne sont pas anodins.</p>
<p>Puisqu’on parle d’îlots : la Chine continue donc son aménagement des îles, îlots et récifs de la mer de Chine méridionale, au grand dam des pays riverains mais aussi des Américains. Ainsi, des avions de ligne ont atterri sur un des îlots nouvellement aménagés, signe des capacités de la piste. Toutefois, la priorité semble donnée au nord de la zone, principalement autour de l’archipel des Paracels. En effet, cette zone se trouve juste au sud de l’ile de Hainan où sont stationnés les sous-marins nucléaires chinois. La vraie raison est là : donner une profondeur stratégique à cet outil essentiel de la dissuasion chinoise, en grande voie de modernisation. Cela explique la brutalité chinoise qui pratique à grande échelle le fait accompli.</p>
<p>Ukraine : ainsi, le PM Yatsenouk a démissionné, carbonisé dans les luttes picrocholines de la « scène politique ukrainienne », qui fait passer le théâtre d’avant-garde pour des bluettes émoustillant les rosières du XIXème siècle. Un nouveau PM est appelé à régner. A régner ? Plutôt à équilibrer entre les différentes tendances à l’œuvre, tout en étant l’homme lige de Porochenko. Il n’a pas beaucoup de marges de manœuvre, le pauvre, encore moins de marges de réformes. Son seul mérite : éviter de nouvelles élections parlementaires et donner un interlocuteur vaguement présentable lors des négociations avec les bailleurs internationaux. Au fond, dans ce théâtre d’ombres, tout le monde doit faire semblant que la « jeune démocratie ukrainienne, se débattant dans des difficultés difficiles, poursuit néanmoins son chemin vers le progrès ». D’accord on ne mettrait aujourd’hui pas le mot « progrès » dans cette langue de bois puisque progrès, c’est un peu passé de mode chez les communicants. Mais peu importe : le prétexte sera là pour, en fronçant les sourcils, continuer à perfuser le pays failli et payer par là une « stabilité minimale » qui consiste surtout à éviter de nouveaux troubles sociaux qui feraient la une des journaux et forceraient à faire semblant de s’occuper de l’Ukraine. En fait, l’Ouest paye pour qu’on le laisse tranquille. La corruption continuera comme devant et le peuple sera insatisfait.</p>
<p><strong>Articles, sites et liens</strong></p>
<ul>
<li><a href="http://www.thestrategybridge.com/the-bridge/2015/12/29/why-saudi-arabia-may-be-the-next-syria">Why Saudi Arabia May Be the Next Syria</a></li>
<li><a href="http://www.causeur.fr/antiterrorisme-armee-sentinelle-37868.html">Antiterrorisme: le syndrome des tranchées</a></li>
<li>François Hollande est un grand homme, un grand leader. C'est <a href="http://time.com/4301844/francois-hollande-2016-time-100/">BHL qui le dit</a>. Et il le dit sérieusement (c'est du BHL) avec l'air de le penser.</li>
<li><a href="http://www.lesechos.fr/journal20160419/lec2_industrie_et_services/021849379186-les-geants-de-la-defense-poussent-leurs-pions-dans-la-cybersecurite-1214713.php#">Les géants de la défense poussent leurs pions dans la cybersécurité</a></li>
<li><a href="http://galacteros.over-blog.com/2016/04/les-porte-avions-sont-ils-devenus-des-cimetieres-flottants.html">Les porte-avions sont-ils devenus des cimetières flottants ?</a></li>
</ul>
<p><strong>Mot bobo</strong></p>
<p>Droits historiques</p>
<p><strong>Mot gourmand</strong></p>
<p>Intérêts de puissance</p>
<p><strong>Culture</strong></p>
<p>Nous sommes allés voir (avec Mme Le Chardon) "Médecin de campagne". Je craignais un de ces films un peu franchouillards qui dressent le tableau d'une France disparue, où pâturage et labourage sont les mamelles etc. J'ai été agréablement surpris de voir une France rurale qui n'est pas simplement agricole mais péri-urbaine, où la proximité de la grande ville et du monde moderne est évidente, mais où les gens simples qui habitent dans ces territoires étendus ont des difficultés liées à un relatif éloignement et à l'espace. Car voilà au fond l'enjeu de ce "monde rural" : celui de l'occupation des territoires, ces zones "vides" entre grandes métropoles où désormais "tout" se fait. De ce point de vue, le film est très bien ficelé, sobre, évitant tout pathos larmoyant, suggérant énormément de choses, tout de sentiments contenus. Très bon jeu d'acteurs. Une belle surprise d'intelligence.</p>
<p><strong>Événements</strong></p>
<p><ins>28 avril</ins> ANAJ IHEDN. <ins>Influence et la protection de la gastronomie française</ins>. Michel DURRIEU Directeur de la Sous-Direction du Tourisme Direction des entreprises, de l’économie internationale et de la promotion du tourisme Ministère des Affaires étrangères et du Développement international Claude DUCHEMIN Chef de bureau – Qualité et valorisation des denrées alimentaires Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes Fabien ROUILLARD Ex-chef pâtissier de Fauchon Laetitia GOUTTENOIRE Fondation Paul Bocuse Modérateur : Ali LAIDI Journaliste chez France 24 Chercheur à l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) Jeudi 28 avril 2016 19h30 à 21h30 Ecole militaire Amphithéâtre Des Vallières. <a href="http://link.simple-mail.fr/c/443/496056f11d97c3d0c285f84a697de860d6709bc9251cf5c2c980f2be379f84fe">Inscritions</a></p>
<p><ins>23 mai</ins> Dans le cadre des "Lundi de l'IE", organisés par le Cercle d'Intelligence Economique du MEDEF ILE-DE-FRANCE, : <ins>Le phénomène blockchain quels enjeux, quels usages ?</ins> Lundi 23 mai de 18h00 à 20h00 (Accueil à partir de 17h30). Intervenants : • Introduction par Henri d'Agrain, Directeur général du Centre du CHECy; • Blockchain et cryptomonnaies par un auditeur du comité 1 ; • Blockchain et "contrats intelligents" par un auditeur du comité 2 ; • Blockchain et "organisations autonomes distribuées" par un auditeur du comité 3. Lieu : MEDEF IDF - Salle Pradeau (niveau -1) 10 rue du Débarcadère, 75017 Paris Participation gratuite - Inscription obligatoire b.laurent@medefhautsdeseine.org</p>
<p><ins>25 mai</ins> Cesdip & Université de Montréal. <ins>Colloque « Cybercriminalité »</ins> Le 25 mai 2016 de 9h00 à 16h00 Lieu : Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH), 190-196, Avenue de France, 75013, Paris. Salle 638, 6° étage. <a href="http://www.gern-cnrs.com/programme/projet-nouvelles-technologies/cybercriminalite">Programme</a> Inscription obligatoire par mail à daniel.ventre(a)cesdip.fr</p>
<p>A. Le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/04/24/17/16#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/255413/16 : attentats à Bruxelles et en Turquie, Obama et Karadjic, Labouérie et Modiglianiurn:md5:7bad48becd6e937fd0f6d4d4f308a7c52016-03-27T20:01:00+02:002016-03-29T06:41:07+02:00adminMiscellanéesAttentatsBelgiqueBosnieBruxellesCubaEIjihadismeSyrieTurquie<p>Attentats de Bruxelles : que dire sinon qu'ils étaient attendus et qu'ils ne marquent pas un terme, malgré la dissolution apparente du principal groupe ayant organisé les attaques du 13 novembre et du 22 mars. Le pessimisme demeure de circonstance, d'autant que l'EI subit des revers en série en Irak/Syrie. Aussi devrait-il multiplier les attentats afin de maintenir son pouvoir d'attrait auprès d'une jeunesse déboussolée et continuer de susciter des vocations pour venir renforcer les troupes. Pourtant, cela témoigne d'une inflexion de plus en plus marquée de sa stratégie. Alors qu'à l'origine l'EI voulait établir un califat d'où diffuser sa révolution, voici qu'il a procédé à deux évolutions :</p>
<p><img src="https://pbs.twimg.com/media/CeKeiUiUsAELBoD.jpg:large" alt="" /> <a href="https://pbs.twimg.com/media/CeKeiUiUsAELBoD.jpg:large">Source</a></p> <p>La première tient à l'extension du théâtre à la Libye, bien que distante, bien qu'africaine. Las, cette évolution a été à peu près bien anticipée par les Occidentaux qui ont mené, de façon couverte, tout une série d'actions pour prévenir la propagation du feu. Cependant, rien ne permet de dire de quel côté les armes vont basculer tant la situation libyenne demeure chaotique, la Tunisie voisine fragile, sans même parler du feu qui couve sous la cendre en Algérie ou en Égypte.</p>
<p>La seconde tient à l'extension du combat en terres lointaines, comme si l'EI reprenait la "stratégie au loin" qui était la marque d'AQ. Disons que l'EI marque plus de persévérance qu'AQ. Celui-ci, après les attentats de 2001, avait suscité ceux de Madrid puis de Londres (2003 et 2004) : pas assez pour susciter l'effroi, l'exaspération, les représailles, l’insurrection. Constatons la montée en puissance et en rythme de la série d'attaques orchestrées par l'EI : depuis 2014, le nombre mais aussi le bilan s'accroît sans cesse. Point n'est besoin d'être un vrai ou un faux expert du (cocher la case : terrorisme - islamisme - jihadisme - Moyen-Orient - Sécurité intérieure) pour prédire que l'EI poursuivra cette série. La seule incertitude réside dans les lieux : toujours le duo France Belgique, ou une extension à d'autres pays européens ?</p>
<p>Les attentats se succèdent à un rythme accéléré en Turquie. Sans surprise, le gouvernement accuse l'EI, pour voir l'attentat revendiqué quelques jours après par TAK, un groupuscule kurde radical en marge du PKK. Ici, on peut s’interroger : s’agit-il réellement d'activistes en rupture de ban de la principale organisation kurde (qui fait face à bien des échecs tactiques sur le terrain ) ou au contraire d'une activité organisée par le PKK qui a déjà fait montre, par le passé, de sa capacité à utiliser masques et sous-organisations ? Constatons cependant que ces attentat rappellent deux choses : d’une part, le terrorisme est un mode d'action, non une philosophie car il n'y a aucun ferment religieux dans le cas du TAK (corolaire, on ne fait pas la guerre au terrorisme mais à des organisations politiques utilisant le terrorisme comme mode d'action) ; d'autre part, le gouvernement turc constate chaque jour les impasses de sa stratégie intérieure et extérieure menée depuis trois ans.</p>
<p>Obama à Cuba : est-ce un "événement". Un symbole, je veux bien mais au fond, rien n'a vraiment changé, chacun campant sur ses positions. Mais Obama aura passé sa tournée à "renouer le dialogue" avec des pays en froid avec Washington : après Cuba, ce fut l'Argentine. Pas sûr que cette tournée diplomatique change les choses en profondeur.</p>
<p>Karadjic condamné à 40 ans de prison. Sa condamnation est une bonne chose. Je n'ai pas très bien compris les critiques de ceux qui trouvaient que ce n'était pas assez. Je constate simplement sa responsabilité et la notion de génocide retenue à charge. Quiconque a traîné dans les Balkans dans les années 1990 ne peut qu'être satisfait du résultat. Accessoirement, cela légitime les cours pénales qui , n'en déplaise aux lecteurs africains, ne sont pas uniquement dédiées à des dictateurs du continent noir.</p>
<p>Reprise de Palmyre. Le cessez-le feu avec les rebelles modérés permet aux Syriens (+ Russes + Hezbollah +...) de se tourner à l'est, contre l'EI. Celui-ci subit également les assauts de bataillons de rebelles soutenus par les États-Unis et venus du sud, notamment de Jordanie. Onotera l'absence de réaction de l'Occident, sinon le communiqué tardif de Washington qui dit que "chasser l'EI de Palmyre est une bonne chose". Maintenant que l'empire a parlé, nul doute que Paris, Londres et Berlin diront quelque chose de similaire. N'est-ce pas Obama qui disait l'an dernier "nous avons une stratégie contre l'EI" ?</p>
<p>Grand débat entre islamologues et experts du terrorisme (voir par exemple <a href="http://www.marianne.net/experts-islamologie-nos-comiques-croupiers-ne-font-pas-detail-100241432.html">ceci</a>). Pour les uns, le jihadisme est une idéologie de remplacement qui répond au vide idéologique de l'Occident (source occidentale). Pour les autres, il tire en grande partie ses excès de l'islam lui-même (source musulmane). Je confesse que je ne vois pas en quoi les deux thèses sont irréconciliables. Comment expliquer le succès du jihadisme aussi bien en terre d'islam qu'en Europe ? IL y a quand même à la fois une frustration (géopolitique et individuelle) et un refus du monde tel qu'il est (qu'on l'appelle "modernité" ou pas). La modernité n'est plus simplement occidentale. D'ailleurs, le jihadisme est un modernisme.</p>
<p>Décès de l'amiral Labouérie. Je confesse ne pas l'avoir lu (sinon peut-être quelques articles dans la RDN). Mais beaucoup me disent que c'était un grand monsieur de la stratégie. Voir ce <a href="http://lefauteuildecolbert.blogspot.be/2016/03/en-memoire-vice-amiral-descadre-guy.html">billet du Fauteuil de Colbert</a> et cet article <a href="http://fr.calameo.com/books/000558115c97f602c1d0a">Des principes de la guerre</a> mis en ligne par la RDN.</p>
<p><strong>Parutions</strong></p>
<p><a href="http://www.laprocure.com/nsa-delesse-claude/9791021008632.html">La NSA</a>, par Claude Delesse, chez Tallandier. Elle avait déjà publié un livre sur Echelon en 2012.</p>
<p>Les Presses universitaires de la Sorbonne viennent de publier un essai d'Olivier Zajec intitulé Nicholas <ins>John Spykman - L'invention de la géopolitique américaine</ins>. Saint-cyrien, diplômé de Sciences Po Paris, agrégé et docteur en histoire, Olivier Zajec est maître de conférence en science politique à Lyon III et enseigne la géopolitique et la stratégie théorique à l’École de guerre. <a href="http://metapoinfos.hautetfort.com/archive/2016/03/21/l-invention-de-la-geopolitique-americaine-5777599.html">Voir ici</a></p>
<p>Population et avenir n° 277. <ins>Climat et dynamique démographique</ins>. Le développement durable : impératif ou illusion ? - Les « métropoles » : des villes rayonnantes ou « hors-sol » ? - Démographie de la France : la double alerte - France : des réformes territoriales qui posent bien des questions - Alimentation et santé, une question de développement durable (exercice pédagogique). Voir www.population-demographie.org</p>
<p>Créée à l'initiative de quatre fondations - le Fonds Croix Rouge, la Fondation Action contre la Faim, la Fondation Handicap International et la Fondation Mérieux - la r<ins>evue Alternatives Humanitaires</ins> a vu le jour en février 2016. Réalisée avec le soutien d'universités et d'instituts partenaires, cette nouvelle revue bilingue, à vocation internationale, se consacre aux débats sur l'action humanitaire : Elle propose une réflexion sur les pratiques et les évolutions du secteur humanitaire Elle crée un espace de dialogue et une dynamique d'échange entre chercheurs en sciences humaines (sociologie, histoire, économie, anthropologie...) et praticiens de l'action humanitaire sur les défis auxquels notre secteur est confronté ; Elle ambitionne de mieux faire entendre sur la scène internationale les approches humanitaires françaises, puisant leurs racines dans le courant « sans-frontières », grâce à une mise en commun de moyens, de pensée et de projets. La revue Alternatives Humanitaires paraîtra trois fois par an, chaque numéro étant structuré autour d'une thématique. Elle se caractérise par la publication de contributions originales, validées par un comité de lecture indépendant. Le <a href="http://alternatives-humanitaires.org/fr/">premier numéro inaugural</a> tire les leçons de la lutte contre le virus Ebola et questionne l'éthique dans les interventions d'urgence.</p>
<p><a href="http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&isbn=978-2-343-08569-2">BOKO HARAM Parti pour durer</a> par Léon Koungou À l'instar de Boko Haram, le fondamentalisme s'appuie sur des supports variés, dont le ressort sociologique, qui lui assure un ancrage territorial. L'ancien empire de Kanem Bornou, (espace de vie des Kanouris), la forêt de Sambisa et les versants des Monts Mandara, érigés en proto-État, constituent le centre névralgique de Boko Haram. Tel est le défi qui interpelle les forces armées nationales du Nigéria, du Niger, du Cameroun, du Tchad et depuis peu la Force Multinationale Mixte.</p>
<p><strong>Articles, sites et liens</strong></p>
<ul>
<li><a href="http://lisbourg.wix.com/strategie">Stratégie 3D</a>, un nouveau site de stratégie.</li>
<li>(quelques idées de politique étrangère , <a href="https://www.washingtonpost.com/news/post-politics/wp/2016/03/21/donald-trump-reveals-foreign-policy-team-in-meeting-with-the-washington-post/">dites par Trump</a>. Intéressant, comme notamment le désengagement de l'OTAN. Ce gars bouscule vraiment l'établissement...</li>
<li><a href="http://ultimaratio-blog.org/fr/archives/7631">forces terrestres et réassurance</a></li>
<li><a href="http://www.franceinter.fr/depeche-libye-les-preuves-de-la-surveillance-numerique-made-in-france">Libye : les preuves de la surveillance numérique Made in France</a></li>
<li><a href="http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/03/24/la-securite-au-sahel-se-construit-sans-l-algerie-jusqu-a-quand_4889730_3212.html#W0Rk2zYvFPJp1Jes.99">La sécurité au Sahel se construit sans l’Algérie : jusqu’à quand ?</a></li>
</ul>
<p><strong>Culture</strong></p>
<p>Exposition Modigliani à Villeneuve d'Ascq. Intéressant sans être bouleversant, Chacun connaît Modigliani qui a son style aisément reconnaissable avec ses visages ovoïdes, ses longs cous, ses épaules tombantes. L'expo permet de saisir les raisons du succès. Tout d'abord, ces yeux vides qui suggèrent mystère et anonymat alors que les portraits traduisent malgré tout une psychologie. D'ailleurs, un tableau est saisissant par contraste, celui où le peintre donne les yeux : subitement, le charme s'évanouit, le tableau devient commun. On le compare avec le voisin (un autre nu), tout le reste y est. Cette question des yeux est donc cruciale. Ce n'est pas pour rien que l'expo est intitulée "l’œil intérieur". cela ne suffit pas car la succession d’œuvres donne à voir autre chose : les asymétries systématiques (des sourcils, des yeux, des oreilles, des narines), comme si tout était fait pur montrer l’imperfection et le décalage. Notons aussi une belle maîtrise du modelé de la chair. Au final, vaut le détour, pas forcément le voyage.</p>
<p><img src="http://lvdn.rosselcdn.net/sites/default/files/imagecache/vdn_photo_principale_article/articles/ophotos/20151205/1524816197_B977255395Z.1_20151205155057_000_GH55OEG95.1-0.jpg" alt="" /> <a href="http://www.lavoixdunord.fr/region/au-lam-a-villeneuve-d-ascq-dans-trois-mois-amedeo-ia19b0n3201544">source</a></p>
<p><strong>Événements</strong></p>
<p><ins>2 avril</ins> Club Démocraties (Gal Paris). Les femmes dans les conflits armés. au Palais du Luxembourg Salle Clemenceau 15 rue de Vaugirard - 75006 Paris. Inscription préalable obligatoire par courrier à : DÉMOCRATIES 22 avenue Eugénie – 92700 COLOMBES</p>
<p><ins>5 avril</ins> ANAJ IHEDN. <ins>Les réseaux sociaux sont-ils l’avenir de la gestion de crise ?</ins> Xavier TYTELMAN Responsable médias sociaux en gestion d’urgence Centre opérationnel de gestion interministériel de crise (COGIC) Emma VILLARD Travel Security Intelligence Analyst International SOS & Control Risks Jonathan KONCKIER Co-fondateur du réseaux social Qwidam __ Mardi 5 avril 2016 19h30 à 21h30 Amphithéâtre Desvallières Ecole militaire. <a href="http://link.simple-mail.fr/c/443/496056f11d97c3d0c1288e7ecc3db8460f580c99319f471c5724a3028b269f3b">Inscriptions</a></p>
<p><ins>7 avril</ins> Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) sur l’Ukraine : <ins>L’Ukraine, les accords de Minsk, le Donbass : retours du terrain</ins>. Jeudi 7 avril 2016 de 17h30 à 19h . Autour de Christine Dugoin, analyste géopolitique pour le think tank CAPE-SOGDIANE, et Mathieu Boulègue, associé au cabinet AESMA, qui présenteront les principaux enseignements de leur récent voyage d’étude en Ukraine (Kiev, Kharkiv et ligne de front/secteur de Lougansk). Les débats seront animés par Isabelle Facon, Maître de recherche à la FRS. Inscription obligatoire auprès de Mme Marylène Pion m.pion@frstrategie.org . FRS – 4 bis rue des Pâtures 75016 PARIS</p>
<p><ins>11 avril</ins> Lundi de l'IE - Les enjeux de la cybersécurité dans le monde industriel. 18 ) 20h00. Avec Pierre Calais, Président de Stormshield, éditeur de solutions de sécurité, notamment pour le secteur industriel. Stormshield est une filiale à 100% de Airbus Defence & Space Cybersecurity. Lieu : MEDEF IDF - Salle Pradeau (niveau -1) 10 rue du Débarcadère, 75017 Paris Participation gratuite - Inscription obligatoire
b.laurent@medefhautsdeseine.org</p>
<p><ins>13 Avril</ins> IHEDN IDF. Information et désinformation dans le cyberespace. Amphi Desvallières, 18h30 à 20h30. Avec FB Huyghe et D Ventre. Détails et inscriptions à www.ihedn-arparisidf.org.</p>
<p>A. Le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2016/03/22/13/16#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2549La lutte des deux califesurn:md5:ccf355777672da178301055a6a5fdbd22014-08-15T21:59:00+02:002014-08-16T07:56:24+02:00adminTurquieIslamTurquie<p>L'élection de Erdogan à la présidence de la Turquie, le week-end dernier, constitue un tournant. Pas forcément pour ce qui concerne la vie politique intérieure turque, passablement agitée ces dernières années mais aux résultats clairs : l'assentiment d'une majorité absolue de la population à la politique suivie par l'AKP et son leader, Erdogan. Au-delà, plusieurs significations peuvent être tirées de ce scrutin.</p>
<p><img src="http://lesazas.files.wordpress.com/2014/01/erdo-califat2.png?w=611" alt="" /> <a href="http://lesazas.org/2014/03/31/erdogan-elu-a-lirregularite-majoritaire/">source</a></p> <p>Tout d'abord, la présidentialisation annoncée du régime renvoie, à l'évidence, à Ata Turk, Mustapha Kemal, fondateur de la Turquie moderne. On a parlé un temps du néo-ottomanisme pour qualifier la politique étrangère de la Turquie : desseins d'ailleurs vite arrêtés, malgré les ambitions initiales. Dans le cas présent, on pourrait paradoxalement évoquer un néo-kémaliste, même s'il faut préciser les choses pour expliquer ce paradoxe.</p>
<p>En effet, Erdogan veut remplacer la "figure" de Ata Turks et fonder une nouvelle "Turquie moderne". Il s'agit donc d'un kémaliste, non dans son programme laïc (venant de l'AKP, "démocrate-musulman", cela semblait absurde) mais dans la direction du pays venant d'une personnalité charismatique et guidant le pays vers les voies de son évolution. Cela a des résultats politiques et économiques, qui sont à l'évidence à la source de la popularité d'Erdogan ; mais il y a aussi cet attachement que les Français dénommeraient "monarchiste", l'attachement à la figure du chef, du sultan, du calife.</p>
<p>Car au-delà de la présidentialisation (et les références intéressantes aux deux modèles américain et français : que le modèle Français demeure un modèle alors que la laïcité turque de M. Kemal avait justement été inspirée très fortement de l'expérience française, voici quelque chose de significatif), l'observateur distingue les "clefs du pouvoir", à la fois temporel et spirituel.</p>
<p>C'est à ce point qu'Erdogan, pourrait dépasser Mustapha Kemal. Qu'on se souvienne, celui-ci avait supprimé le califat en 1924 (après avoir supprimé le sultanat en 1922). Le califat signifie l'héritage du prophète, fonction reprise par la dynastie ottomane à partir de 1516. Indirectement, compte-tenu de son "programme" islamisant", Erdogan pourrait revendiquer une forme nouvelle de califat. Elle lui permettrait de renouer avec l'empire ottoman et de dépasser le kémalisme, considéré comme un passage dans l'évolution turque.</p>
<p>Le califat ? le mot est brusquement revenu à la mode depuis que le dirigeant de l'EIIL, el Bagdadhi, s'est proclamé nouveau calife. Celui-ci fait référence au califat d'avant les ottomans, celui des Abbassides.</p>
<p>Voici donc venir la lutte entre les deux califats. Ce n'est pas un hasard si l'EIIL a pris en otage les diplomates turcs lors de la prise de Mossoul. Fondamentalement, cette "islamisme" là, ce "jihadisme" là n'est pas simplement de l'islamisme, c'est un projet géopolitique de reconstitution d'un régime du passé, qui régna autrefois de Bagdad à Damas. Ce programme s'oppose, évidemment, au programme visant à ressusciter un autre régime du passé, l'empire ottoman.</p>
<p>La lutte des deux califats oppose au fond deux survivalismes : l'un qui vise à faire revivre Omeyades et Abbassides, du 7ème au 13ème siècle, un "néo-oméyadisme" ; et celui qui vise à faire revivre l'empire turc, un "néo-ottomanisme". L'affrontement porte non seulement sur la concurrence des deux époques, mais aussi des deux dominations de l'espace moyen-oriental</p>
<p>A. Le CHardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/08/15/La-lutte-des-deux-califes#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2423Quel jeu de la Turquie en Irak ?urn:md5:058c1f9ac62e9cb7f2942507ec9d8c7e2014-07-11T23:52:00+02:002014-07-11T23:52:00+02:00adminTurquieJihadKurdistanTurquie<p>L'observateur n'aura pas manqué de noter le silence turc à la suite de la prise de Mossoul par l'EIIL. Alors qu'on avait l'habitude de déclarations courroucées contre Assad, là, rien. Silence. Vous me direz, les propos enflammés contre Assad ont d'ailleurs été bien moins fréquents ces derniers mois, l'avez vous aussi remarqué ? Probablement le résultat d'affaires intérieures turques compliquées (l'élection et les nombreux scandales révélés dans la presse), la résilience d'Assad, l'ouverture de l'affaire ukrainienne qui a ouvert un autre front (avec là aussi une Turquie mutique), bref, au nord comme au sud la Turquie se faisait discrète. Est ce donc une attitude générale ? Une nouvelle ligne politique ? Peut être, mais en Irak, il y a des raisons bien particulières.</p>
<p><img src="http://www.zamanfrance.fr/sites/default/files/styles/full/public/eiil_turcs_enleves.jpg" alt="" /> <a href="http://www.zamanfrance.fr/article/15-turcs-auraient-ete-enleves-en-irak-10317.html">source</a></p> <p>Qu'elle était la position préalable ? Elle était guidée par trois facteurs. Le premier était l’Alliance tacite avec le Kurdistan autonome dirige par Barzani. Le deuxième était le partage de l'exportation de pétrole, venant d'Irak (kurde, donc) mais aussi d'Iran (chut, personne ne fait semblant de s'en apercevoir). Cela permettait de rentabiliser le terminal pétrolier de Ceyhan sur la méditerranée et donc d'éviter mer rouge au Sud, Caucase et mer noire au nord. Cela arrangeait bien des gens. Le troisième était le soutien aux oppositions syriennes, incluant toutes les variantes d'islamisme auxquelles l'AKP n'était pas foncièrement hostile. Tout se passait à peu près bien.</p>
<p>Qu'elle est la ligne de l'EiIL ? Tout d'abord de "désyrianiser" la lutte contre Assad et donc de la rendre trans frontalière, dans une logique d'affrontement entre sunnites et chiites même si l'on parle officiellement de "jihad". De ce point de vue, les conflits internes syriens entre groupes armes jihadistes (Al Nousrah contre EIIL) changent brutalement de dimension avec la percée de Daech à Mossoul. Ce qui n'était qu'une affaire "intérieure" devient subitement une affaire régionale. Cela devrait motiver une réaction turque mais celle-ci est gênée par plusieurs facteurs. Le moindre n'est pas la prise de 60 otages turcs par Daech à Mossoul. Soudain, il devient délicat d'adopter une posture de fier à bras. Certes, "on ne négocie pas avec les terroristes" mais cela ne signifie pas pour autant qu'il faille les provoquer ou les insulter. Une certaine discrétion est de bonne politique.</p>
<p>D'autant qu'elle rend bien des services, notamment de ne pas avoir à trancher les nombreux dilemmes soulevés par la prise de Mossoul.</p>
<p>Le premier tient au bouleversement de l'équilibre kurde. Le Kurdistan autonome a immédiatement, en réaction, pris position à Kirkouk que les Kurdes irakiens revendiquent depuis dix ans. Dès lors, les moyens d'une indépendance semblent soudainement plus accessibles. Certains leaders kurdes ont commencé à l'évoquer. Cela aurait bien des conséquences ailleurs. Notamment sur le PKK , mouvement kurde de Turquie. Or, les kurdes irakiens sont eux mêmes divisés en deux tendances. Celle de Barzani, donc, qui tient aujourd'hui les rênes à partir de son fief du nord ouest et qui était hostile au PKK : c'est bien cette hostilité qui permit le rapprochement d'affaires avec le gouvernement turc ; et celui de Talabani, au sud est du Kurdistan irakien, avec donc moins de pouvoir local mais soutenant plus le PKK. Ces équilibres fonctionnaient tant que le Kurdistan n'était pas "indépendant". Ils doivent changer le jour de l'indépendance. Ce qui n'arrange pas du tout Ankara. Notamment pour ce qui concerne le Kurdistan "turc".</p>
<p>Simultanément, l'EIIL remet en cause le décodage frontalier de la région. Beaucoup d'observateurs affirment avec assurance qu'il n'est pas satisfaisant, qu'il est hérité d'un découpage colonial (les accords Sykes Picot) etc. Souvent, de telles assertions suggèrent des découpages "ethniques" qui sont souvent krypton racialistes et qui surtout ne tiennent pas compte de la réalité extrêmement mélangée de la région (et en fait de toutes les régions du monde). Bêtement, rares sont les régions ethniquement pures et ce pseudo réalisme est une façon cynique de recommander le nettoyage ethnique. Pas sûr que ça donne toujours de bons résultats (êtes vous convaincus par la Bosnie aujourd'hui?).</p>
<p>Mais revenons à nos affaires. S'il y a eu un découpage mandataire, il a été confirmé par des traités signés tout au long des années 1920 et qui ont fondé tous les États de la région. Tous. Dont la Turquie. Autrement dit, si un découpage de l'Irak est éventuellement admissible, une recomposition des frontières ne l'est pas, notamment pour la Turquie.</p>
<p>Enfin, Daech pose la question du soutien turc à l'islam politique. Car pendant de longs mois, Ankara n'a pas été très regardant aux trafics se déroulant au travers de sa frontière méridionale. Des mauvaises langues murmurent même qu'elle aurait soutenu aussi l'EIIL. C'est ballot. On appelé ça l'apprenti sorcier. L'inconvénient des marionnettes qu'on croit instrumentaliser (soyez modernes, dites proxys), c'est que souvent elles échappent à leur maître (non, je n'ai pas parlé de l'ISI et des talibans, qu'aller vous donc chercher?).</p>
<p>Voici pourquoi la Turquie est aujourd'hui très gêné par ce qui se passe en haute Mésopotamie. Ce qui explique son silence. Aujourd'hui, l'ambiguïté est sa meilleure tactique qui permet de préserver l'avenir.</p>
<p>Se taire peut être stratégique.</p>
<p>A. le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2014/07/11/Quel-jeu-de-la-Turquie-en-Irak#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2405Turquie et remue-ménagesurn:md5:f261675ce51b0291c29bdad3df28d1092013-12-18T22:50:00+01:002013-12-18T23:06:06+01:00adminTurquieTurquie<p>Ainsi donc, <a href="http://abonnes.lemonde.fr/europe/article/2013/12/17/vaste-coup-de-filet-dans-l-entourage-de-m-erdogan-en-turquie_4336062_3214.html">un vaste coup de filet frappe l'entourage</a> de M. Erdogan, dont le ministre de l'intérieur. La police turque aurait en effet arrêté plusieurs des proches de celui-ci, dont son fils... Imagine-t-on quelque part une police arrêter l'entourage du ministre de l'intérieur ? C'est tellement impensable que cette nouvelle signifie bien plus qu'une simple affaire de corruption. Il s'agit d'un conflit politique intérieur très violent qui aura des répercussions alentours.</p>
<p><img src="http://scd.france24.com/fr/files_fr/imagecache/france24_ct_api_bigger_169/article/image/turquie-mapFR.jpg" alt="" /> <a href="http://www.france24.com/fr/20110703-vaste-coup-filet-cadre-enquete-matchs-truques-turquie-fenerbahce/">source</a></p> <p>En premier lieu, on ne saurait être surpris par la violence politique de ce "coup bas" qui apparaît comme un complot, bien préparé, et usant pour l'instant des voies légales pour affaiblir (abattre) l'adversaire.</p>
<p>La Turquie est en effet un pays divisé. Pas simplement par la question kurde : puisque justement, il y a plusieurs indices qui suggèrent non un règlement politique, mais un modus vivendi entre Ankara et la minorité orientale de l'Anatolie : cet accord se faisant sur l'exportation en grande quantité du pétrole kurde d'Irak, qui profite à tout le monde (et accessoirement, probablement, à l'Iran).</p>
<p>Mais l'AKP, le parti islamiste de M. Erdogan (le premier ministre) a assis son pouvoir par une lutte impitoyable contre les kémalistes. Les procès Ergenekon n'ont pas été d'une transparence la plus absolue, et d'une certaine façon, ses adversaires font à M. Erdogan ce que lui-même n'a pas hésité à pratiquer. Mais quels sont donc ces nouveaux adversaires, puisque les kémalistes ont été mis de côté ?</p>
<p>Certes, il y a une part du peuple turc, qui s'était élevé largement au printemps au moment des émeutes de la place Taksim. Mais cela ne suffit pas. A ce moment en effet, le vice premier ministre avait manifesté une certaine mansuétude envers les manifestants. Il s'était fait remettre en place par le PM. Or, il ne s'agit pas simplement de la divergence entre deux hommes politiques, mais entre deux courants. D'un côté, celui de M. Erdogan qui se veut le champion d'un islamisme populaire. De l'autre, celui des fidèles de M. Gülen, qui ont longtemps soutenu l'AKP mais qui souhaitent conserver leur particularisme. Or, celui-ci était menacé avec certaines décisions de M. Erodgan, visant notamment à interdire le réseau d'écoles des Guhlenistes.</p>
<p>Il faut donc lire ce qui se passe à la lecture de cet affrontement politique entre deux lignes islamistes. Il va de soi que tous les opposants à M. Erodgan, y compris Kurdes et laïcs, soutiennent les gülenistes dans l'affaire.</p>
<p>Tout le monde a en effet en vue les élections municipales de mars, et au-delà l’éventuelle décision de M. Erodgan de modifier la constitution pour demander un nouveau mandat présidentiel, qui lui est aujourd’hui interdit. C'est cette dérive autocratique que contestent les Gülenistes et au-delà une grande partie du pays. Toutefois, M. Erdogan demeure populaire et a été réélu sans difficulté au cours des scrutins précédents.</p>
<p>Cette épreuve de force continue de fragiliser le pays. Cela devrait avoir des répercussions à l'extérieur : tout d'abord en gelant la politique étrangère turque : elle est déjà assez éteinte au vu de l'évolution en Syrie, mais aussi du peu de succès turc auprès des révoltes islamistes qui se sont déroulées dans le monde arabe. Surtout, c'est la question du modèle turc d'un islamisme démocratique qui est posé de façon sous-jacente.</p>
<p>Le Chardon</p>http://www.egeablog.net/index.php?post/2013/12/18/Turquie-et-remue-m%C3%A9nages#comment-formhttp://www.egeablog.net/index.php?feed/atom/comments/2333