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Hybrides hebdo XLIV/13

Quelqu'un faisait ça, et j'ai trouvé l'idée pas idiote : un billet hebdomadaire où l'on mélangerait pensées fugaces et non développées, annonces, lectures, articles. Bref, un patchwork qui n'a pas grand sens mais qui permet aussi de regrouper, une fois par semaine, divers angles. A vous de voir.

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Bonne lecture, Le Chardon

Pensées fugaces

On est quand même stupéfait de la réaction américaine à l'affaire PRISM. Certains parlent d'arrogance, voire de négligence. Je pense surtout à un manque de "contrôle" par l'exécutif. Les innombrables revirements de ces derniers temps suggèrent une présidence faible. A l'intérieur comme à l'extérieur, avec l’administration (au sens français) comme avec le Congrès. Comme si tout allait à-vau-l'eau.

Ben la bulle immobilière est en train de crever, non ? en France, tout du moins. Car l'excès de liquidité suppose que les banques redistribuent l'argent banque centrale qu'elles ponctionnent via les "politiques monétaires accommodantes". Or, elles ne le distribuent pas. Donc en France, pas de redistribution, donc pas de liquidité, et pour le coup une croissance atone. Il n'y a pas de raison que l'éclatement des bulles immobilières en Espagne, Irlande et UK n'ait pas aussi lieu à Paris, qui a entamé sa baisse de "5% au max", et bien sûr "avant de se stabiliser".

RDC : ce qui est en train de se passer à l'Est de la République est doublement significatif : d'une part parce qu'une armée congolaise a été suffisamment disciplinée pour reprendre le terrain perdu face aux irréguliers du M 23 ; d'autre part parce que cette opération s'est faite conjointement avec les troupes de l'Onu, qui ont joué un rôle militaire offensif, ce qui est une première (hors la guerre de Corée, s'entend). Du coup, on observe un phénomène rare en Afrique, celui de la consolidation d'un État, qui reprend la main sur son territoire. On s'attend bien sûr à de nouveaux retournements de situation dans la région des grands Lacs, notamment si Ruanda et Ouganda s'en mêlent. Mais nous voici en présence de luttes interétatiques plus directes. Car là réside désormais le risque : qu’enivrée par le goût rare de la victoire, l'armée congolaise refuse toute négociations avec les débris du M 23, ce qui relancerait la mécanique guerrière.

Iyad Ag Ghali : il est le le vrai politique derrière l'affaire des otages, et au-delà l'opération Serval,et au-delà la question des rapports du Mali face aux Touaregs. L'homme est habile : Touareg de toujours,son but est clairement l'avancée des droits de son peuple. Pas d’indépendance (aujourd'hui inacceptable) mais une solution plus confédérale que ce qui se passe actuellement. Ainsi, il a joué Ansar Dine, mouvement qui est un peu Touareg, un peu jihadiste. S'alliant au plus fort au bon moment (lors de la poussée jihadiste au nord Mali), cédant au plus fort au bon moment (lors de l'opération Serval où il se disperse dans le désert), négociant avec le plus .... (je ne sais quel mot placer ici : fort ne convient pas) au bon moment pour 1/ libérer les otages 2/ récupérer deux ou trois dizaines de millions d'euros 3/ revenir comme un acteur fréquentable, donc majeur dans le jeu politique local, notre homme démontre incontestablement une habileté politique certaine.

Les journalistes s'étranglaient qu'on puisse saisir leurs fadettes, au cri de "nous devons protéger nos sources" : qui les croit, maintenant ? plus rien n'est off, nous le savons désormais grâce à Snowden. Curieux qu'aucun journaliste n'ait écrit un papier de déontologie sur la chose.... Enfin, curieux....

Jeu bizarre au Proche Orient : Israël qui est officiellement neutre sur l'affaire syrienne, mais qui régulièrement envoie ses avions dégommer ceci ou cela. Washington qui est officiellement allié de Tel Aviv mais qui confirme "anonymement" que c'est bien Israël qui a attaqué : ainsi, Assad peut être obligé de riposter, ce qui ne serait pas son intérêt mais pas non plus l'intérêt d’Israël. Donc, il s'agirait de faire pression indirecte sur Tel Aviv pour calmer le jeu. Tout ceci sur fond de négociations entre Israël et l'AP, et entre les US et l'Iran. Oui, c'est compliqué et embrouillé. L'Orient, quoi.

Les journalistes de RFI ne font pas de bruit, comme beaucoup de journalistes de métropole qui se prennent pour des stars. Hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon, envoyés spéciaux de RFI, enlevés et assassinés au Mali.

Marrant, cette manifestation en Bretagne contre les impôts : des gens avec le drapeau breton (enfin le dernier, celui de 1932) qui demandent des sous à l’État. Il n'y a pas là une contradiction ???

Livre reçu, acheté, paru ou lu (ou un peu de tout ça)

Max Schiavon nous fait part de la parution de « Les généraux français de 1940 », écrit avec François de Lannoy. En mai-juin 1940, l’armée française subit la plus grave défaite de son histoire. Si de nombreux ouvrages ont été écrits sur le déroulement de cette campagne, rares sont ceux qui se sont penchés sur les grands responsables. Ce livre vient combler cette lacune en présentant pour la première fois les biographies détaillées des généraux ayant exercés de grands commandements en mai-juin 1940. Parmi ces généraux figurent des noms connus comme ceux de Weygand, Gamelin, Georges ou encore Giraud, mais aussi une majorité d’oubliés, qui à l’époque constituaient pourtant l’élite de l’armée française (Billotte, Corap, Doumenc, Hering, Laure, Olry, Prételat...). Écrit à partir d’archives privées et publiques, illustré par plus de trois cents photos, pour beaucoup inédites, cet ouvrage, format in quarto, est publié chez ETAI.

Mars Attaque a bien du courage de sortir un truc intelligent de la lecture de cet "Allo police? de la défense", je parle du bouquin de Stefanovitch : du journalisme de fait divers, destiné à faire du volume de vente et ne s'embarrassant pas de véracité. Ce serait un intellectuel faussaire si c'était un intellectuel Ce serait du journalisme faussaire si c'était un journaliste. Ce n'est qu'un faussaire.

Le Focus stratégique de l'IFRI (n° 47) sur les drones armés américains ("Drones-tueurs et éliminations ciblées. Les États-Unis contre Al-Qaïda et ses affiliés"), rédigé par Stéphane Taillat, est enfin sorti. Lisible ici.

Il se dit que le député JM Le Déaut aurait publié mardi un rapport sur la cyberdéfense : il n'est en tout cas pas en ligne sur le site de l'AN.

CADRE JURIDIQUE DE L'EMPLOI DES DRONES AU COMBAT, Sébastien Gallais - Préface de Christian Chabbert et Laurent Vidal Avec l'augmentation des performances des capteurs embarqués, les drones se transforment de systèmes automatisés en systèmes de plus en plus autonomes. D'une versatilité opérationnelle presque sans limite, les risques de dérives, tels que la banalisation voire la déshumanisation du combat, ne semblent pas utopiques. Les systèmes drones, et la robotique militaire en général, ouvrent de nouvelles perspectives pour lesquelles il convient d'analyser les impacts juridiques, humains et procéduraux. (Coll. Sorbonne Défense, 20 euros, 194 p., novembre 2013) .

Culture

Oui, je sais, le titre est un peu prétentieux. M'enfin bon, je n'ai pas trouvé mieux.

  • Gravity : beaucoup de bruit autour de ce film silencieux. Une histoire assez linéaire et finalement un peu ennuyeuse. Ce qui surprend, ce sont les effets spéciaux. Bref, un film plus technique qu'émouvant. Et la 3 D n'est pas vraiment convaincante. Bof, quoi.
  • Neuf mois fermes : Excellent moment avec ce film réunissant S Kimberlain et A Dupontel. Une comédie assez limpide, évidemment abracadabrantesque mais qui profite justement de l'énormité du synopsis pour s'amuser avec jeux d'acteurs, répliques, scènes loufoques et surtout énormément de seconds rôles, dont un avocat bègue d'anthologie et un Dujardin doublant le journal télévisé en langage des signes pour sourds-muets qui est une réjouissance ultime. Bref, pas intello, pas parisien, pas américain, pas popu cra-cra : j'ai adoré.
  • Dernier Astérix : je l'ai acquis (et me suis aperçu que je n'en avais acheté aucun au cours des dix dernières années). Celui-ci est assez réussi, je trouve,, avec surtout plein de jeux de mots qui rappellent les saillies de Gosciny. Le dessin est très fidèle, hormis peut-être une palette de couleur qui a un peu évolué, de façon un soupçon surchargée. Bref, plutôt une réussite.

Articles

Événements

4 novembre Sc Po Lille : Lundi 4 novembre 2013 Invité : Philippe TAFLINSKI, Project Manager (West African mediation capacities project), Crisis Management Initiative (Sciences Po Lille 2010) Thème : Political processes and conflict resolution in the two Sudans : the role of Crisis Management Initiative and the Carter Center Lieu/Horaire : Amphithéâtre – 18h-20h Conférence organisée en partenariat avec International Policy and Leadership Institute (IPLI) et dans le cadre du cycle de conférences « Paix, Europe et Sécurité » du Master Carrières Européennes et Internationales

5 novembre Eurodéfense et l'IHEDN écouteront Michel Barnier, commissaire européen : "Vers le conseil européen de décembre, quelles nouvelles perspectives pour la défense européenne?". Amhi Foch de l'Ecole militaire, le 5 à 10h30. Inscriptions ici.

12 novembre Anaj-Ihedn : LES MIGRATIONS DE TRAVAIL EN ASIE CENTRALE : UNE GEOPOLITIQUE PAR LE BAS ?", avec Julien THOREZ Géographe – Chercheur au CNRS Spécialiste de l’Asie centrale le mardi 12 novembre 2013 19h30 à 21h00 Ecole militaire Amphithéâtre Des Vallières. Inscriptions : asie@anaj-ihedn.org

14 novembre Le jeudi 14 novembre 8h45-17h30, l'atelier Identité numérique de Forum ATENA, animé par Guy de Felcours organise sa troisième édition du colloque de cet atelier sur le thème : "L’identité numérique, relais de la croissance économique". Si vous avez aimé les deux évènements précédents de l'atelier Identité numérique, vous adorerez celui-là. Il se tiendra au siège du Medef national, 55 avenue Bosquet, Paris 7e. Renseignement et inscriptions ici.

16 novembre VIIIe édition des Rencontres historiques de l'école militaire qui se déroulera le samedi 16 novembre prochain sur le thème La guerre en images et en mots. Représenter et raconter les combats. rendez-vous : école militaire (amphithéâtre Foch), 1 place Joffre, Paris 75007 - accueil à partir de 13h30. Inscritpion à dmpa-colloque.historique@defense.gouv.fr

18 novembre Séminaire de recherche / METIS - Le renseignement et les sociétés démocratiques. - lundi 18/11/2013 17h00-19h00 : Pierre CONESA, ex-sous-directeur à la DAS, ancien directeur de la Compagnie européenne d'intelligence stratégique (CEIS). L'analyse publique et l'analyse privée : les vertus de l'offre privée. Inscription et détails. Toutes les séances auront lieu de 17h00 à 19h00 au 1er étage du Centre d'histoire de Sciences Po (56 rue Jacob, 75006 Paris)

Le Chardon

Commentaires

1. Le dimanche 3 novembre 2013, 16:28 par yves cadiou

1 / Pas de contradiction bretonne : le drapeau breton est identitaire, il n'est pas indépendantiste. Toutefois il souffre de deux graves défauts.
Identitaire, il n'empêcha pas le Président Charles De Gaulle de déclarer à Rennes en 1959 « vive la Bretagne, vive la France. » http://www.ina.fr/video/I07281209
Deux défauts : une tare congénitale et de mauvaises fréquentations.
La tare, c'est que ses créateurs tentèrent une imitation du drapeau états-unien, oubliant qu'en breton « liberté » se dit « frankiz ».
Les mauvaises fréquentations, c'est qu'il fut adopté par des obédiences romantico-terroristes (par exemple l'ARB, qui se rêvait « armée de libération bretonne ») et des mouvements prônant « l'Europe des régions » qui ne se faisaient pas faute d'entretenir des liens avec les poseurs de bombes basques ou corses.
2 / « neuf mois ferme » : excellent film mais on peut attendre qu'il sorte en DVD. Sandrine Kiberlain, éternelle bourge paumée dont on a envie de prendre la main pour lui montrer le monde réel, m'attendrit toujours.

2. Le dimanche 3 novembre 2013, 16:31 par yves cadiou

Erratum : ARB, armée révolutionnaire bretonne.

3. Le vendredi 8 novembre 2013, 14:24 par yves cadiou

Après avoir lu ici cette brève appréciation positive du film « neuf mois ferme » (sans S à "ferme" car c'est un adverbe, donc invariable), je suis allé le voir et je le recommande à mon tour. C'est un petit film abrupt mais bien fait et honnête, loin des habituelles niaiseries anticonformistes-mais-convenables que vous subventionnez par vos impôts et le budget du ministère de la culture.

Celui-ci nous montre une bobo, Sandine Kiberlain (toujours tellement excellente dans les rôles de bourgeoise paumée qu'on se demande si elle est comme ça aussi dans la vraie vie), qui soudain par un miracle de la nature, la naissance inattendue d'un enfant, se retrouve face à une réalité qu'aucun de ses principes ne permet de gérer.
Intéressant, pas intello, une histoire imprévisible mais qui se tient, parsemée de gags bien venus avec des seconds rôles originaux qui s'intègrent parfaitement à l'histoire principale. Et finalement c'est le bébé qui gagne.

Il ne faut pas louper ce film mais vous pouvez attendre qu'il sorte en DVD ou qu'il passe à la télé : sans grand spectacle ni grande musique, l'on peut le regarder sur petit écran. En attendant, recommandez-le autour de vous car il mérite le succès.

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