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Centrafrique : le pas de trop ?

Il faut lire ce texte de Th Cantaloube, sur médiapart ( La France se prépare à agir face au chaos centrafricain) qui revient de Centrafrique livrée au chaos.

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Le reportage est passionnant, et effrayant. La Séléka, sans chef, vit sur la bête, mais une bête épuisée. Les charognards se partagent les dépouillent. Après, seulement après, les corbeaux viennent arracher quelques tendons aux os décharnés. On en est là. Trente ans de négligence. Un "Etat" failli.

Alors on nous dit qu'il faut "y aller". Une ONG, d'habitude portée sur les principes, demande que l'ONU appelle la France à intervenir. L'ONU s'apprête à demander à la France à intervenir. Et la France, paraît-il, s'apprête à intervenir.

Quelques points : dans cette affaire, le clivage religieux est une conséquence, non un déterminant ! Quand il n'y a plus de sens, plus de politique, plus d'organisation sociale, on se rabat sur ce qui reste comme "explication". On nous expliquera demain l'opposition entre islam et christianisme, Al Qaida, tout ça tout ça. Ce ne sera que le résultat, non la cause. La cause est la sécurité publique,l'absence de régulation politique, le retour au pré-hobbesisme, la guerre de tous contre tous.

Il y a le choix entre le chaos... ou le chaos. Si on y va, ce sera le chaos? Car le Séléka est dispersé sans commandement, sans but que de survivre. Il planquera ses armes, et s'esquivera pour revenir dès le lendemain Or, on ne tient plus un pays avec deux bataillons de parachutistes.

Enfin, pour l'armée française, ce sera l'intervention de trop. Non qu'elle ne puisse pas le faire en théorie. Mais elle risque, je le crains de dépasser ses limites qu'elles avait effleurée au Mali voire en Libye.

Cela ne sent pas bon.

PS : Bien évidemment, le discours "on n'y va que pour six mois, une opération coup de poing, juste mille hommes" ne tient pas un seul instant. Je ne comprends pas qu'on ose encore le tenir.

PPS : On y va seul. les bonnes âmes nous demandent, les autres "puissances" détournent la tête. Si encore elles payaient. Car à la fin, qui va payer le surcoût Opex ? Je propose que les ONG entament une campagne pour la solidarité financière avec ceux qui se dévouent à aller au turbin. Payez votre abstention. Surtout quand on regarde les budgets énormes de la PSDC qui ne débouchent sur rien. Il faut que la PSDC subventionne les interventions des États membres. Subitement, il y aurait plus de monde pour intervenir. Et si on mettait ça au menu du Conseil Défense de début décembre ?

Le Chardon.

Commentaires

1. Le samedi 30 novembre 2013, 22:23 par yves cadiou

Il serait bon que ce genre de billet soit publié aussi sur un support-papier enregistré à la BNF. L'enregistrement pour les futurs historiens qui analyseront notre époque est trop aléatoire sur la Toile : on a vu des blogs de haute qualité disparaître du jour au lendemain sans laisser de traces et c'est dommage. Un billet tel que celui-ci devrait (dans la mesure où je peux me permettre d'en juger) être enregistré comme l'a été le billet de samedi dernier intitulé “la crispation est-elle une bonne politique étrangère ?” publié simultanément sur ce blog et par la RDN, donc formellement déposé à la BNF.

L'intervention en RCA, comme toute intervention de l'armée française en “opération extérieure”, pose une question fondamentale quant à la relation du Politique et du Soldat : quelles sont les directives politiques données à nos soldats ? Le statut de 2005 leur donne l'autorisation d'ouvrir le feu “lorsque c'est nécessaire à l'accomplissement de leur mission” mais il faut pour cela que cette mission soit clairement définie. On a vu trop d'opex mal commencer ou mal tourner à cause de l'inconsistance de la mission donnée par le personnel politique : celui-ci s'imagine qu'il suffit de dire “yaka envoyer l'armée” pour que tout problème disparaisse. Mais il faut d'abord que le pouvoir politique assume la responsabilité qui est la sienne : définir la situation juridique qui permettra d'ouvrir le feu autrement qu'en “légitime défense” donc trop tard.

2. Le mardi 3 décembre 2013, 19:06 par panou34

Tout à fait d'accord sur votre jugement au sujet de la PSDC et de son inertie dispendieuse.La France doit rester influente dans l'espace francophone africain diplomatiquement, culturellement et économiquement(franc CFA d'ailleurs garanti par l'Euro).Le retrait récent du Kosovo,le réajustement prévu de la brigade franco-allemande avec dissolution du régiment en RFA sont de bons signaux pour faire comprendre à l'UE et surtout à Bonn qu'à défaut de bénéficier de la souveraineté économique bien entamée par Bruxelles notre pays reste une puissance militaire indépendante.Quant à la PSDC j'ai toujours été intrigué par l'exception danoise de non participation à ce''machin'' .Y-a-t-il un rapport avec la fonction de secrétaire général de l'OTAN attribuée à M Rasmussen ancien premier ministre danois?Mauvais esprit direz-vous mais de temps en temps il en faut et l'on devrait l'adopter nationalement vis à vis du''machin'' PSDC et de la brigade franco-allemande.

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