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Hybrides 52/13

Oui, je publie en retard : mais c'est que je n'ai pas été trop sur Internet, ces temps-ci, pour cause de fêtes de Noël célébrées en famille. Vous ne m’en voudrez pas, j'espère. Je serai plus assidu pour les prochaines. J'en profite pour vous adresser mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Bonne lecture,

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Le Chardon

Pensées fugaces

Au fond, pour cette fois, je ne blâme même pas l'Europe de ne pas nous suivre en RCA. Après tout, une affaire sans objectif, sans effet, sans concertation.... Non seulement la France part seule dans son coin, mais en plus on ne voit même pas ce qu'elle va faire. De la part des Européens, il ne s'agit pas de pusillanimité, comme trop souvent : simplement de bon sens !

Un juge de district juge que les écoutes de la NSA sont légales (voir ici), quand un juge fédéral juge qu'elles sont contraires à la Constitution. Derrière la controverse juridique (et l'éventuelle instrumentalisation des juges : mais où allez vous chercher tout ça?), je discerne surtout une controverse entre une légalité faciale (il y a bien le Patriot Act) et une légitimité de fond (ici, énoncée par la Constitution, vraie source de légitimité de l'ordre juridique).

Il y a eu une tempête à l'ouest, mais pas de rafales au Brésil. Oui, le Rafale ne sentait pas assez l'indépendance qui fit la valeur de Dassault, au temps de la guerre froide. Aujourd’hui, la France sent le neo-con, et les Brésiliens n'aiment pas. Faut-il rappeler que moins que toute autre industrie, l'industrie d'armement est concernée par les règles théoriques de la concurrence pure et parfaite ? que les lois de l'économie (à supposer qu'elles existent, ce que seuls les étudiants de fac croient jusqu'à la troisième année) ne s'appliquent pas à elles, mais des lois politiques; et, pour tout dire, des lois géopolitiques.... ? Rappeler également qu'aujourd'hui, la France n'est plus une exception, qu'elle est le meilleur allié des États-Unis ; pire, qu'elle est devenue "ultra", comme les royalistes l'étaient au temps de la Restauration ; et qu'entre deux fers à repasser mal-volants et un avion ayant l'expérience du combat, on choisit forcément un fer à repasser, et tant qu'à faire celui d'un "neutre", comme l'ont fait déjà les Émirats et la Suisse; que ce que la France vendait autrefois, ce n'était pas simplement des performances technologiques (quelles que soient les vertus des armements français, par ailleurs), mais une "indépendance" ? et qu'à ce titre, l’Allemagne apparaît plus crédible aujourd'hui que la France ? Mais je dois m'égarer.....

Les élites débordées par le numérique (excellent article du Monde, si! si! ça arrive encore). Si ce n'était que par le numérique....

Un ministricule fait donc une déclaration péremptoire, au sujet d'un pitoyable pitre. Aussitôt, mainstream s'alarme : "en faisant de telles déclaration, il lui fait la pub". Je crois que vous n'avez pas compris l'intention de ces gens de com : en faisant de telles déclarations, il fait sa pub, en se mettant subitement du côté du bien. Au fond, ils sont tous les deux complices de la même bulle médiatique qui profite également aux deux, bien qu'auprès de publics différents. Bref, une manœuvre sinistre de clivage, pour trouver des étiquettes au près de son public. Oui, malgré toutes les apparences répressives, il est dans le camp du bien.

Centrafrique : comme prévu, ça va de mal en pis. L'intervention, sans but, n'a servi a rien qu'à déclencher les horreurs. Du coup, le "déclencheur" sera bientôt accusé d'être responsable. Piteux. Et non seulement prévisible, mais prévu.

Cela fait longtemps que j'évoque un monde post-hobbésien. Dans le cas de la Centrafrique, on n'est pas au post, on est revenu au pré-hobbesien. L’État a disparu, donc tout monopole de la violence (légitime ou non, peu importe au fond). Si pas de Léviathan, on en revient à la lutte de tous contre tous. Et on trouve les quelques déterminants qui restent dans des sociétés déstructurée, afin de rebâtir un semblant de politique, puisque la politique, c'est désigner l'ennemi, c'est faire l’unité du groupe contre l'autre. Ici, ce sera une étiquette religieuse à défaut d'autre chose. Bref, tout sauf une guerre de religion : une guerre civile par absence d’État, absence de politique

C'est d'ailleurs la même chose qui se passe au Soudan du sud, cette fabrication récente et pétrolière des bons stratèges qui ont cru faire un pari intelligent en jouant avec les frontières. Les médias nous expliquent qu'il s'agit de luttes ethniques : ce critère est tellement simple et surtout imprécis. Mais tellement rassurant pour le bon public français : "tous des barbares, au fond". Cela entre bien dans nos catégories. Et bien non, pas ethnique, politique. Heureusement, là encore, un bon article (c'est Noël, les titulaires sont en vacances, donc on fait venir des stagiaires qui du coup osent des trucs, ce doit être ça) : "Le problème du Soudan du Sud n'est pas ethnique mais politique !".

Livre reçu, acheté, paru ou lu (ou un peu de tout ça)

  • HOMMAGE POLITIQUE AUX SOLDATS FRANÇAIS MORTS EN AFGHANISTAN Une analyse sociologique Marchal Caroline L'hommage aux soldats morts en opération extérieure en Afghanistan s'est imposé ces dernières années comme une nécessité institutionnelle et politique. Il s'agit ici de déconstruire cet hommage et de mettre en lumière les problématiques qui n'apparaissent pas forcément au premier regard, telles que la relation entre l'armée et le politique, le lien armée-nation, le sens de l'engagement, le refus de la mort, la légitimation du pouvoir politique. L'Harmattan, (17 euros, 172 p., décembre 2013)

Culture

Je vous aurai bien parlé du Hobbit, mais le prix (et le surcoût de deux euros pour louer des lunettes 3D) et le mauvais placement m'en ont dissuadé. Je vous aurai bien parlé de La folie des grandeurs, vu ce soir à la télé, mais finalement j'ai craqué au bout de la moitié, malgré un De Funès moins grimaçant (et donc meilleur) que d'habitude : j'ai clairement perdu un peu de mon âme d'enfant... Du coup, je vous signale cette édition de 1872 des œuvres historiques de Frédéric II de Prusse, parue en trois volumes convenablement reliés, par la "bibliothèque de l'armée française" : quand la défaite de 1870 suscitait le besoin de comprendre.

Articles ou sites ou liens

Événements

8 janvier IHEDN PAris, Conférence « L'Afghanistan face au défi de la sécurité après 2014 » Monsieur Bismullah KHAN, Ministre de la Défense de la République islamique d’Afghanistan - partenariat avec IPSE et le Club France Afghanistan le 8 janvier 2014 Amphi Desvallières 17h30-19h00. Inscriptions

9 janvier l'avant-première du film JUSTE AVANT L'ORAGE. Jeudi 9 janvier 2014. Un documentaire sur l’Europe, six mois avant la guerre de 1914. Paradoxes, insouciance, contradictions, éveil à la modernité d’un continent. Inscription vant le 7 janvier. christine.gouriellec@defense.gouv.fr

9 janvier Campus Intelligence Économique de Basse-Normandie, Jeudi 9 janvier 2014, à 17h30 Conférence publique : Entrée libre L’intelligence économique à travers le monde : que font nos concurrents ? par Philippe CLERC. EM Normandie, Campus de Caen - 9, rue Claude Bloch – Caen – Amphi 1. contact

10 janvier Leçon inaugurale de la chaire "Économie de défense (Partenaires de l'IHEDN et MBDA, Renault, Safran et Thalès), par Jean Belin, maître de conférences à l'université de Bordeaux, le 10 janvier à 11h, amphithéâtre Foch, École militaire. Inscription.

13 janvier Séminaire de recherche / METIS - Le renseignement et les sociétés démocratiques. lundi 13/01/2014 17h00-19h00 : Dr Nicolas ISRAEL, docteur en philosophie, consultant de la Délégation aux affaires stratégiques du ministère de la défense. L'homme dans la boucle : réflexions sur les processus humains et organisationnels de l'analyse. Inscriptions. Toutes les séances auront lieu de 17h00 à 19h00 au 1er étage du Centre d'histoire de Sciences Po (56 rue Jacob, 75006 Paris).

Le Chardon

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