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36/14 Any time at all

Indépendance de l'Écosse : un premier sondage annonce la victoire du oui. A dix jours des élections. C'est marrant, ça me rappelle ces sondages pour d'autres élections où, subitement, quinze jours avant le scrutin une subite inversion de tendance apparaît qui prévoit la "surprise" du jour J. Et les sondeurs d'expliquer que "un sondage est une photo à l'instant donné", "les gens se décident dans les derniers jours", "on a du mal à modéliser des électeurs atypiques", tout ça. Je ne sais pourquoi, il me vient à l'esprit de répondre "tu as raison, prends moi pour un ..." (là, il y a une rime). En fait, depuis la victoire de l'UKIP aux élections européennes et le développement des ultra tories, il paraît assez logique que les Écossais ne cherchent qu'un chose : se sauver. Il reste que cela constituera un tremblement de terre en Europe. Nous y reviendrons.

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Pensées fugaces

Une idée me vient : les Frères musulmans sont sponsorisés par le Qatar. Est-ce à dire que les salafistes, de toute obédience, sont soutenus par les Saoudiens ?

Certes, beaucoup d’émotion chez les Américains à propos de la décapitation de deux journalistes Américains. Mais je n’ai guère entendu la profession journalistique dénoncer l’atteinte à la liberté de la presse, tout ça tout ça. Je me demande pourquoi. J’ai bien une petite idée, mais je la garde pour moi.

Les ennemis de mes ennemis sont-ils forcément mes amis? C’est ce que disent les Turcs envers l’EI, soutenu contre Assad et qui vient de mordre la main qui l’a nourri en détenant toujours une soixantaine d’otages turcs. Idem pour les Saoudiens qui soutenaient tout ce qui pouvait affaiblir les chiites et se retrouvent avec un concurrent qui peut souffler les braises en Arabie même. C’est la conclusion similaire des Américains qui souhaitent soutenir Kurdes et Irakiens mais hésitent à frapper l’EI en Syrie pour ne pas avantager B. el Assad. Certains se sont gaussés quand B. Obama a déclaré qu’il n’avait pas de stratégie contre l’EI : remarquez qu’il n’est pas le seul. Pour le régime syrien, pour les Kurdes voire les Iraniens, les choses sont en revanche claires : l’EI est un ennemi direct.

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Boko Haram installe son propre califat dans le nord du Nigéria. Deux commentaires : d’une part, il s’agit de la première « affiliation » à l’EI, désormais en vraie concurrence avec AQ ; d’autre part, cela démontre que le gouvernement nigérian n’a toujours pas trouvé la méthode pour « reprendre la main », son armée oscillant entre le cantonnement à l’abri des casernes ou des représailles sauvages contre la population qui précipite cette dernière dans les mains de BH. Et si on ôtait le filtre « idéologique », en oubliant l’islamisme et qu’on posait la question de la rébellion contre la corruption de l’État central ?

Sommet de l’OTAN : au-delà du cas ukrainien qui a retenu l’attention des journalistes, je vois trois thèmes importants : celui de l’adaptation opérationnelle de l’outil après vingt ans d’opérations (fin de l’Afghanistan), celui de la relation transatlantique et de la cohésion des alliés, celui enfin des ressources descendues à un niveau déplorable.

Il faut dire que Poutine a gagné. Ca sert aussi à ça, la guerre : à « résoudre » un conflit en utilisant la violence pour produire un nouvel état des choses qu’on juge plus favorable. Les forces de Kiev se sont écroulées, les dirigeants doivent donc négocier dans la pire des positions. Être maximaliste quand on n’a pas les moyens de sa politique… ils auraient dû observer les Géorgiens qui avaient fait la même erreur il y a six ans. Avec le brillant résultat que l'on sait. Mais ils ont écouté des conseillers "de l'ouest". Les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Ça devrait pourvoir se traduire en ukrainien...

Après, ou plutôt avant, je ne disconviens pas qu’il y ait eu des maladresses côté occidental : d’abord européennes (la négociation sur le partenariat oriental a été menée en dépit du bon sens), mais aussi en adoptant des positions de principe sans avoir ni les moyens militaires de les faire respecter, ni surtout d’envie. Cela dit, Poutine a utilisé la force pour s’ingérer dans les affaires d’un État souverain, lui qui s’étranglait chaque fois qu’on « bafouait la souveraineté », principe intangible de la Charte des NU ou de l’OSCE. Il ne s’agit pas simplement de dire à Moscou « c’est mal » (avec l’effet que l’on devine) mais aussi « vous êtes contradictoire ». Or, cet argument, je ne l’ai nulle part entendu.

Livres reçus, lus, achetés ou un peu de tout ça

Thème marquant de l'actualité parlementaire de cette année, la dissuasion nucléaire fait l'objet d'une note stratégique écrite par Audrey Henrioud, consultante de la CEIS. Elle s'intitule "Redimensionner notre dissuasion: quels risques ? Quels gains ? Éclairages sur un débat d'actualité"

Questions internationales n° 69 : La Pologne au cœur de l’Europe. Dix ans après son adhésion à l’Union européenne, où en est la Pologne ? Elle est devenue par sa taille, sa population, sa dynamique politique et sa croissance économique, un des grands pays de l’Europe. Ce numéro explore les transformations qu’elle a connues depuis la dissolution du pacte de Varsovie et fait le bilan d’une des économies les plus dynamiques d’Europe. La Documentation française 128 pages, 10 € ou 8 € en format numérique En vente le 3 septembre 2014

Daniel Ventre publie Chinese Cybersecurity and Defense Daniel Ventre (Editor) ISBN: 978-1-84821-614-3 320 pages July 2014 - Wiley ISTE.

Damien Degeorges “Greenland and Iceland: meeting place of global powers in the Arctic”, disponible sur le site internet de l’Institut français des relations internationales (Ifri)

L’Otan au 21ème siècle, d’O. Kempf, éditions du Rocher

Articles, sites et liens

Culture

Revu sur DVD La grande belleza. Fellinien avec cette magie romaine éblouissante. Subtil. Un must.

Événements

12 septembre Le 12 septembre prochain aura lieu, à Rennes, un colloque organisé dans le cadre de la Chaire européenne Jean Monnet « Union européenne et société de l’Information » de Télécom Bretagne avec le concours de la chaire de Cyberdéfense et Cybersécurité Saint-Cyr / Sogeti / Thales sur le thème : " Droits et souverainetés à l’âge de l’Internet : quels défis pour l’Europe ?" Hôtel de Rennes Métropole salle du Conseil d'agglomération 4 rue Henri Fréville 35000 Rennes (métro Clemenceau). Bulletin d'inscription et programme sous le lien. Entrée libre sur inscription préalable (avant le 5 septembre 2014) Inscription au déjeuner du 12 septembre (participation : 15 euros)

19 septembre La Chaire Cyberdéfense et Cybersécurité Saint-Cyr, Sogeti, Thales et les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan ont le plaisir de vous convier au colloque « Sécurité de l’internet des objets » Qu’elles organisent le vendredi 19 septembre 2014, de 9h à 17h15, Amphithéâtre Austerlitz, Hôtel National des Invalides, 75 007 Paris. Vous trouverez ci-joint le programme détaillé du colloque. Inscription obligatoire au 07 86 41 79 28 ou invitations@chaire-cyber.fr

22 septembre Le Cercle d’Intelligence Economique du Medef Ile-de-France vous propose, le lundi 22 septembre 18h-20h à Paris, un « Lundi de l’IE » sur le thème général des risques induits par les nouvelles méthodes et les nouveaux outils pour accéder et traiter l’Information (Big Data, BYOD, objets connectés…), sur ce qu’on peut faire pour réduire ces risques jusqu’à un niveau qu’on espère acceptable, mais aussi comment assurer le risque résiduel. Détails

25 septembre En partenariat avec Minerve, le Forum du futur a le plaisir de vous inviter, le jeudi 25 septembre de 18h à 20h à l’École militaire Amphithéâtre Des Vallières à une conférence-débat avec le Professeur Gilles Kepel sur le thème "Le chaos du Moyen-Orient et ses conséquences en France". Expert reconnu de l'Islam et du monde arabe, mais aussi des difficultés de nos banlieues, le Professeur Kepel rentre d'un voyage au Moyen-Orient. Voir le site de l’association pour inscription.

A. Le Chardon

Commentaires

1. Le lundi 8 septembre 2014, 08:55 par Ph Davadie

A propos des sondages, ce qui est aussi amusant, c'est que certains commencent à parler de "l'intervalle de confiance" qui peut inverser les résultats lorsque ces derniers sont proches. Qu'on se rappelle Jospin devançant de peu Le Pen dans les sondages en 2002 jusqu'au tremblement de terre imprévisible... Du coup, les indépendantistes sont en avance, mais de peu et cela ne vaut pas victoire d'après les journalistes.

Dire à Moscou "vous êtes contradictoire", oui, mais c'est un jeu sans fin car Moscou pourrait répondre la même chose, en ajoutant "si vous avez le droit de l'être (Kosovo da, Donbass niet) pourquoi ne l'aurai-je" ? D'autant qu'à la grande surprise des sanctionneurs, Moscou a pris des sanctions contre l'Europe (grande première alors que d'habitude, quand on est sanctionné, on pleure en demandant l'indulgence tout en promettant qu'on ne recommencera pas).

L'article sur les communicants est intéressant. On y trouve "J’ai appliqué les techniques anglo saxonnes. C'est à dire préparer longuement et en amont les interviews." Bref, il a redécouvert le métier de journaliste ? Et "les journalistes n’ont pas le temps d’enquêter." alors pourquoi acheter sur papier ce qu'on trouve gratuitement sur le net ?

2. Le lundi 8 septembre 2014, 11:02 par Yves Cadiou

« Redimensionner la dissuasion », je suis allé voir cette note. Dès le titre, on devine que l'auteur va tout mélanger : confondre d'emblée la dissuasion qui est un concept (impossible à « redimensionner », donc) et l'armement nucléaire (sur lequel on espère faire des économies, vraisemblablement), c'est du même tonneau creux que toutes ces expressions qui ne signifient rien mais dont raffole le monde politico-médiatique : « lutter contre le terrorisme » (discours présidentiel), « établir un cordon sanitaire au large de la Libye » (celle-ci, je l'ai trouvée dans le Diplo), « s'interposer entre les belligérants » (auteurs multiples) et j'en oublie parce qu'il est préférable de les oublier.

C'est avec ce préjugé devant un galimatias annoncé que je suis allé jeter un coup d’œil sur cette note stratégique.

Après lecture je l'interprète comme une tentative de faire, pour une clientèle pressée et en recherche d'éléments de langage, un texte du genre « la dissuasion pour les nuls qui veulent quand-même avoir l'air d'être dans le coup ». C'est une compil pour des lecteurs qui n'y connaissent rien et se contenteront de pouvoir briller en réunion devant des gens qui y connaissent encore moins. Le sous-titre précise que l'intention est limitée : « éclairages sur un débat d'actualité ».

L'on trouve dans cette note des chiffres et des raisonnements simples qui peuvent être utilisables mais aussi, et c'est regrettable, des approximations trop habituelles comme on pouvait le prévoir dès le titre : même une lecture rapide fait sauter aux yeux l'expression « frappe préemptive » au lieu de « préventive » sans que l'auteur s'avise un instant de l'acte d'agression camouflé sous le glissement sémantique.

On peut apprécier, si l'on a de l'humour, des formules verbeuses et pompeuses dont la maladresse est, au fond, plutôt rigolote : elle passera inaperçue du lecteur profane auquel cette note s'adresse. ''L'hypersonique est emblématique'' : énoncé dans une réunion mondaine avec l'aplomb et le regard vague du penseur inspiré, j'imagine l'effet. ''La principale qualité des missiles de croisière, c'est leur flexibilité'' : voilà une affirmation qui devrait assurer la victoire le mercredi soir chez Monsieur Brochant.
Ah tiens, j'allais oublier celle-ci (copier-coller) : ''l’hypersonique, supérieur à Mach 5, est également un axe privilégié par le potentiel de rupture capacitaire qu’il incarne'', avouez que c'eût été dommage. Gros succès entre la poire et le fromage, l'hypersonique. Il suffit donc de combiner une distance longue et un temps court pour ''incarner'' un potentiel de rupture capacitaire. C'est celââ, oui.
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La conclusion est un peu plus sérieuse et c'est heureux parce que c'est elle qui attirera l'attention des clients pressés qui cherchent à se faire une opinion rapide et consensuelle, non à briller en société ni surtout à creuser la question. C'est-à-dire que la conclusion reste au niveau convenable, sans aucune profondeur ni compétence, des propos tenus par les ''Premiers ministres et anciens ministres de la Défense'' auxquels la note fait allusion. Au même niveau et heureusement dans le sens contraire.
Cependant le parti-pris de banalité qui sous-tend cette note lui fait omettre, alors qu'elle se prétend ''d'actualité'', le cas actuel et particulièrement significatif de l'Ukraine : celle-ci ne connaîtrait certainement pas les malheurs qu'elle subit actuellement si ses dirigeants corrompus n'en avaient pas vendu les armes nucléaires en signant le mémorandum de Budapest en 1994.
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Nonobstant les défauts et les manques que l'on peut y déceler si l'on dispose d'un minimum de compétence, la note conclut sainement : l'on prendrait des risques sans faire d'économies si l'on « redimensionnait la dissuasion ».

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