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La question palestinienne, moins centrale

Il y a un point que peu d’observateurs remarquent, c’est à quel point la question palestinienne a perdu sa centralité au Moyen-Orient : l’émergence du GEI pose plusieurs questions (remise en cause des frontières, affrontement sunnites contre chiites, islam comme idéologie du refus de l’Occident …) aujourd’hui bien plus pressantes.

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Paradoxalement, cela devrait ouvrir le champ à Israël qui souffre aujourd’hui d’un isolement qu’il croit « splendide » mais qui est nouveau : éloignement des Européens, fatigue des Américains, indifférence des pays de la région. Les campagnes de boycott de ces derniers mois et les reconnaissances régulières de l’Autorité palestinienne par des États occidentaux en sont les signes les plus visibles.

Pour rompre cet isolement, Tel-Aviv pourrait chercher à discrètement reprendre langue avec l’AP et profiter de cette accalmie médiatique relative (puisque les regards sont tournés ailleurs). Au lieu de cela, Tel-Aviv continue d’expliquer que l’Iran constitue la plus grande menace régionale et cherche à nouer des alliances un peu plus visibles avec les États arabes de la péninsule : aux accords tacites et aux conversations privées succéderaient des dialogues plus officiels et assumés.

Mais il apparaît qu’une telle stratégie raisonne encore selon des critères anciens : l’illusion d’une stabilité régionale globalement assurée (ce qui pour le coup témoigne d’un aveuglement certain face aux révoltes arabes et à la crise qui s’étend), l’illusion aussi que les Palestiniens pourront continuer d’être maintenus sous le boisseau (formule la moins contentieuse que j’ai pu trouver).

Or, la fin de la centralité palestinienne ne signifie pas une moindre urgence : simplement que les acteurs extérieurs se laisseront moins aller aux jeux de rôle habituels et que donc, l’isolement israélien va continuer et s'accroitre. Or, le « splendide isolement » n’est bien souvent qu’une fiction et la disparition des soutiens fragilise les plus puissants… L’Angleterre victorienne en a fait l’expérience en son temps.

On voit bien toutefois le risque (et pour les plus cyniques, le calcul) à venir : celui d’une bascule générale de l’Autorité palestinienne aux côtés du GEI, la transformation d'une lutte nationale en une lutte idéologique suivant le plus gros acteur répulsif du moment, l'islamisme radical. Les crises disjointes seraient subitement rassemblées. Ce qui permettrait (je vous ai parlé de cynisme) à Tel-Aviv de retrouver à ses côtés la communauté internationale « horrifiée » par les excès du GEI. Mais on ajouterait du chaos au chaos et la Jordanie et le Liban sombreraient dans l’aventure : est-ce bien de l’intérêt israélien ?

A. Le Chardon

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