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4/15 Everybody's trying to be my baby

"Car il passe, ce monde tel que nous le voyons", disait l'autre. C'est un peu la réflexion que je me fais chaque semaine, à l'heure de revenir remplir ce carnet de réflexions. Grèce, Arabie, Marioupol, les destinations s'amoncellent pour nous signifier... quoi donc, au fait ? Simplement que la forge de l'histoire est à l’œuvre ? ou que nous sommes dans un de ces moments où l'accélération apparente succède à une stabilité elle aussi apparente ? une soi-disant stabilité qui nous permettrait de décrire des structures et des déterminants, quand l'accélération serait le moment du bouleversement, donc de l'opacité de la nuit où seule la chouette distingue les mouvements ?

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Pensées fugaces

Manifestations au Niger : ainsi donc des morts lors de manifestations contre le dernier Charlie Hebdo. Il n'est pas anodin qu'elles se soient déroulées dans le sud, donc le long de la frontière avec le Nigeria, donc tout près de Boko Haram. Toutefois, attention à ne pas surinterpréter les signes : il y a eu des manifestations au Sénégal et ailleurs en Afrique, signe qu'il ne s'agit pas simplement d'une instrumentalisation mais d'une réelle émotion. D’ailleurs, j'ai l'impression (non vérifiée) qu'il y a eu plus de réactions en Afrique musulmane que dans les pays du monde arabe. On laisse bien sûr de côté la Tchétchénie, non significatif ici tant cela semble manipulé.

Pour autant, beaucoup de commentateurs mainstream se satisfont qu'il y ait eu beaucoup moins de manifestations que lors des premières caricatures, en 2006. Là, pour le coup, c'est aller un peu vite dans l'interprétation (du genre "ils sont devenus plus raisonnables").

Un leader du Hezbollah abattu par Israël. Il va falloir choisir les priorités : agir en Syrie ou se retourner au sud contre Tel Aviv.

Enlèvements à Bangui. Je me souviens, nous étions intervenus pour rétablir l'ordre....

Sans surprise, la chute des prix du pétrole provoque une grave déstabilisation. Non de la Russie, mais du Venezuela. Pour le coup, les Cubains ont très bien joué leur affaire, se raccommodant au bon moment avec les États-Unis. Quant au président Maduro, je ne serais pas surpris qu'il saute à l'occasion d'une élection ou d'un mouvement social. En attendant l'Algérie, prochain effet collatéral de la politique Saoudienne.

De la lettre de François Delpla, historien de la 2GM, ceci à propos de la fade commémoration de Churchill : "Si pittoresque que soit sa personnalité et si spirituels ses bons mots, Churchill serait aujourd'hui oublié hors de son pays sans ce duel (avec Hitler, ndr). Son aura lui vient pour l'essentiel de l'immense puissance que le monde a laissé acquérir par Hitler, des avertissements précoces qu'il avait prodigués à cet égard et du courage avec lequel il a prêché en mai et juin 1940 que, devant le stupéfiant triomphe de l'Allemagne sur la France, c'est la bagarre qui était de mise et non la pause. Et pour quiconque vante la ténacité BRITANNIQUE en ignorant, consciemment ou non, à quel point elle était CHURCHILLIENNE."

Offensive des pro-Russes dans le Donbass. On peut la comprendre de deux façons. Soit il s'agit de l'expansionnisme russe qui se poursuit continûment. Mais alors, pourquoi "si peu" ? en effet, la pratique militaire russe est plutôt à l'écrasement et au rouleau compresseur, or on a l'impression (je sais, ce que je vais dire n'est pas politiquement correct) à une certaine "retenue", même s'il s'agit bien sûr d'opérations de guerre avec donc combats et bombardements, donc victimes. Soit il s'agit de "ne pas aller trop loin" mais de continuer à faire pression pour amener l'autre à négocier. En effet, l'Ukraine est en faillite (et on ne voit pas qui va payer pour elle : le Européens ? les États-Unis ?) et elle continue à tenir un discours très guerrier. Or, en janvier, V. Poutine a bien affirmé qu'il respectait l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Je ne le vois pas dans une guerre de conquête (prisme obligatoire et primaire de beaucoup de commentateurs). Dès lors, pourquoi "combattre" ? Une première réponse est qu'on croit qu'on peut "gagner". Mais ici, je pense que les Russes peuvent "gagner" beaucoup plus rapidement qu'ils ne le font. Je ne crois pas que les Ukrainiens pensent pouvoir "gagner" et "écraser les terroristes" (s'ils le pensent, ils manquent de lucidité). Dès lors, pour les Ukrainiens il s'agit de sauver "l'union sacrée" à l'intérieur puisque tout le reste ne fonctionne pas, à dramatiser à l'extérieur pour obtenir un soutien occidental. Pour les Russes, il s'agit de forcer Kiev à négocier vraiment. Il reste que si les Ukrainiens ne comprennent pas, Moscou ne sera pas forcément désolé de progresser le long de la côte pour établir un corridor terrestre jusqu'en Crimée. Quitte à subir des sanctions...

Je rappelle encore une fois qu'en disant ceci, je ne me pose pas en "défenseur de Moscou" : trop souvent en effet, le débat se caricature et peu de gens cherchent vraiment à comprendre et interpréter les intentions. C'est ici mon seul guide : que veulent les uns et les autres, puisque la guerre est affrontement de volontés. Il faut donc interpréter tous les événements de combat au prisme de ces volontés. Telle est ma méthode, je ne sais si elle est scientifique ou partisane...

Yémen : de plus en plus on voit une tripartition se dessiner. L'ancien Yémen du nord sous domination houthiste, l'ancien Yémen du sud partagé entre une zone désertique à l'est, abandonnée à Al Qaida, une zone non contrôlée à l'ouest, hésitant encore.

Décès du roi Abdallah : il était attendu et d'une certaine façon, il va permettre un peu de sérénité au royaume car à son voisinage, les choses empirent. Le jihadisme s'enracine en Irak et en Syrie tandis que le Yémen évolue avec deux options également désagréables pour Riyad : soit les houthis prennent le contrôle du pays qui échappe à l'influence saoudienne, soit il se divise ce qui augmente l'instabilité. Toutefois, il y a eu quelques succès en 2014 : l’Égypte est revenue sous contrôle, le Qatar a visiblement fait résipiscence, la stratégie pétrolière donne des résultats certains.

Livres reçus, lus, achetés ou un peu de tout ça

Je ne sais plus si je l'ai signalé. Au cas où je suis distrait, je réitère... Ifri's Security Studies Center is pleased to inform you that issue No. 52 of the Proliferation Papers series has just been published: Conventionalizing Deterrence? U.S. Prompt Strike Programs and Their Limits By Corentin Brustlein. About a decade ago, the U.S. has started to examine options to develop and acquire Conventional Prompt Global Strike capabilities. This move fits in an effort to conventionalize deterrence, an effort initiated decades before and undertaken for profound and diverse motives. Although it has been renewed under the Obama administration, which aims to reduce the U.S. reliance on nuclear weapons, this ambition has resulted in very little concrete progress. Budget cuts to defense spending and technological obstacles have forced the Pentagon to scale back its plans in terms of conventional strategic strike programs. Despite these setbacks, ten years from now the U.S. may well possess a conventional prompt strike capability in its arsenal. As a consequence, this paper also highlights some longer-term, operational and strategic issues that might arise from a context of crisis or war in which prompt strike capabilities could be used, and attempts to shed new light on the potential values these capabilities might have for U.S. national security

LA BATAILLE DE N'DJAMENA 2 FÉVRIER 2008 RÉCIT. Abderaman Koulamallah raconte ici la folle chevauchée motorisée de plus de 1000 kilomètres, qui a permis la prise de N'Djamena, le 2 février 2008, à laquelle il a participé au coeur d'une coalition rebelle déterminée à renverser Idriss Déby, ainsi que les événements qui ont suivi, et le repli de l'expédition. La victoire de N'Djamena, fait d'armes exceptionnel, a surpris tout le monde, mais l'expédition a fini en repli. Que s'est-il passé ? Comment expliquer ce gâchis ?

Afrique : La guerre en cartes par B. Lugan Cet ouvrage de 278 pages tout en quadrichromie est composé d'une centaine de cartes accompagnées de leurs notices-commentaires. Il s'agit d'un exceptionnel outil de documentation et de référence construit à partir des cours que Bernard Lugan dispense à l'Ecole de Guerre et aux Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan. Il est composé de deux parties. Dans la première sont étudiés les conflits et les crises actuels ; la seconde traite de ceux de demain. Sa vocation est d'être directement utilisable par tous ceux, civils et militaires qui sont concernés par l'Afrique. exemple d'une carte et de sa notice. Prix : 45€ (livraison colissimo et TVA compris). Commander

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29 janvier ANAJ IHEDN De Serval à Barkhane : quelles évolutions du dispositif français au Sahel ? Rencontre avec un journaliste de terrain. Thomas Hofnung Ancien journaliste à Libération Jeudi 29 janvier 2015 19h30 à 21h00 École militaire Amphithéâtre Desvallières Inscriptions

11 février prochaine table ronde de Futuribles International qui se tiendra le mercredi 11 février (17h30-19h30), comme d'habitude, au siège de notre association, 47 rue de Babylone (Paris 7e), et qui sera consacrée au « Millennium Project ». Cette table ronde organisée en collaboration avec le « Prospective Foresight Network », nœud français du « Millennium Project », sera introduite par Jerome C. Glenn, cofondateur et directeur du « Millennium Project » qui a développé un important réseau international d'experts sur le futur pour publier régulièrement un rapport dont la dernière édition est intitulée 2013-14 State of the Future. En outre, Jerome C. Glenn ne manquera pas d'évoquer ce qu'il dénomme « The Global Future Intelligence System » dont il nous présentera les principaux enseignements. Inscription

A. Le Chardon

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