Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Les Corrompus

L'avantage, quand on rejoint une maison de campagne, s'est qu'il s'y trouve des bibliothèques avec tout un tas de bouquins qui ont été rangés là, certains datant du grand-père, d'autres venant d'on ne sait où. Et les vacances permettent, le croirez-vous, de picorer au hasard et de tomber parfois sur des perles. C'est ce qui m'est arrivé cette semaine avec "Les corrompus", de Gilles Martin-Chauffier, qui fut prix Interallié en 1998. Comment il échoua dans cette bibliothèque, nul ne le sait, même pas Mme Le Chardon qui pourtant sait tout. Je l'ai dévoré avec surprise : ce fut un plaisir jubilatoire dont je vous fais part immédiatement.

Voici en effet un déluge de rosseries spirituelles parfaitement bien écrites, décrivant le microcosme politico-médiatique parisien, entre XVI° arrondissement et faubourg Saint Germain (parfois, une pointe vers la rue de Seine, juste pour se montrer intello) : rien n'a changé vingt ans après et si on s'amuse beaucoup de Balladur Chirac, on mettrait les mêmes aujourd'hui que ça n'y changerait rien. Les vacheries s'accumulent sans discontinuer, sur un ton très léger et pétillant, drôle et sarcastique, jamais ennuyeux. J'ai plusieurs fois ri aux éclats (depuis quand ne m'est-il pas arrivé de rire aux éclats dans un roman ?).

Accessoirement, en creux, un joli plaidoyer pour une certaine bourgeoisie française, bien sûr corrompue, mais avec élégance et donc si française. Le genre de choses totalement politiquement non convenables (dire du bien de la bourgeoisie, veux-je dire) que rien que pour ça, cela vaut le détour.

Synopsis : En janvier 1994, un secrétaire d'Etat décide de publier un livre. Il choisit de signer une biographie de Barbey d'Aurevilly. Un journaliste va l'écrire pour lui. En trois mois, l'affaire est dans le sac. Au-delà de l'apparence brillante du ministre anticonformiste, son " nègre " va peu à peu découvrir le député-maire cynique d'une commune de la banlieue parisienne.

La corruption est-elle le monopole des princes qui nous gouvernent ou s'étend-elle à tous ceux qui la connaissent sans pour cela s'en émouvoir ? Dans la salle à manger privée du Président de la République ou dans les salons d'honneur du Quai d'Orsay, au Grand Véfour avec un jury littéraire ou dans une église occupée par des sans-logis, à sa conférence de rédaction ou chez son élégant éditeur, partout, le journaliste se trouve confronté à la question.

Quand le Canard Enchaîné révèle son rôle, la comédie change hélas de registre. L'amoralisme frivole d'un Parisien cultivé se heurte soudain à des intérêts qui ne prennent pas la vie pour une plaisanterie. Alors apparaît le vrai visage de la France : une société de castes en apparence exquise, en réalité cruelle.

A. Le Chardon

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

La discussion continue ailleurs

URL de rétrolien : http://www.egeablog.net/index.php?trackback/2476

Fil des commentaires de ce billet