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13/15 It's only love

Les événements s’accélèrent au Yémen. La transition, initiée en 2012 et fondée sur un départ du président Saleh, a échoué. Le pays en est donc revenu aux délices de la guerre civile qui fit rage de 2004 à 2009 (mais en fait, dès 1994). Car voici un point que la plupart des commentateurs omettent : le pays a l’habitude de ces conflits intérieurs. En fait, la réunification de 1990 n’a pas fonctionné. Nous voici revenus à l’hypothèse d’un Yémen unifié qui est défiée par les réalités du terrain. Aussi voit-on une alliance des Houthistes (secte chiite) et des partisans du président Saleh s’opposer au « pouvoir » du président Hadi appuyé par d’autres tribus et quelques sunnites. Là-dessus s’ajoutent jihadistes de tout poil, longtemps AQ, désormais État Islamique. On se dirige vers un éclatement du pays qui est au fond son état naturel.

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Pensées Fugaces

La coalition réunie par l'Arabie Saoudite est intéressante : tous les États du CCG (Golfe) sauf Oman, prudent sur sa frontière sud et pratiquant traditionnellement le pont avec l'Iran. L’Égypte subventionnée par l'Arabie n'a d'autre solution que d'en être, malgré le souvenir sanglant de la défaite qu'elle subit au Yémen, déjà, dans les années 1960. Le Soudan en est, moyen de revenir dans le jeu diplomatique sans que ça choque. Le Pakistan aussi même s'il n'intervient pas dans les opérations : la liaison Ryad/Islamabad est réaffirmée, comme par hasard au moment où les négociations sur le nucléaire iranien viennent à leur terme...

Il reste que cette intervention a peu de chances de produire des effets concrets sur le terrain, tant le président Hadi a réuni tous les autres acteurs locaux contre lui. Car malgré le tintamarre médiatique sur l'internationalisation du conflit, le conflit yéménite restera, comme d'habitude, une affaire intérieure.

Enfin, la coalition interarabe dont on discutait sans fin depuis des mois est organisée. Mais alors qu'initialement, elle était prévue contre l’État Islamique, voici qu'elle est approuvée contre les houthistes. Les alliances tacites se révèlent au grand jour. On sent les Américains gênés.

En Irak et au Levant, l’ISIL paraît fixé, son mouvement en avant a été stoppé. Cela étant, ses opposants ne progressent pas vraiment. Les Kurdes sont à l’arrêt. L’offensive sur Tikrit donne des résultats en demi-teinte, puisque l’armée ne s’est pas débandée tandis que l’EI demeure en place à l’intérieur de la ville. Du coup, les seules progressions sont extérieures et politiques, avec le ralliement de Boko Haram et l’apparition d’un groupe EI au Yémen. Dans ce dernier cas, on est très surpris du professionnalisme immédiatement atteint, avec trois attentats simultanés qui font énormément de morts : pour un premier « coup », à l’aune des critères jihadistes, c’est une réussite.

En Ukraine, le Cessez-le-feu tient. La Russie joue sa part pour mettre une pression politique sur la Rada (le parlement de Kiev) : selon les accords, celui-ci doit voter une loi qui organise une reprise du dialogue politique avec les insurgés. Rien ne vient. Dans le même temps, ladite Rada est sous pression économique du FMI (donc de l’ouest) : celui-ci conditionne son prochain versement de quelques milliards à l’adoption de réformes douloureuses, au coût social important. Bref, l’actuel pouvoir est en train de perdre sur tous les tableaux, ce qui explique l’actuel blocage qui pourrait déboucher sur l’éclatement de la coalition. Or, il n’y a pas de majorité de rechange. La voie de l’implosion se poursuit. Un État failli mais bien peu le disent.

C'est bien pour trouver des marges de manœuvre que Porochenko a engagé le fer contre l'oligarque Kolomoiski, qui tient Dniepropetrovsk et est influent dans tout le grand sud (vous savez, le territoire qui recouvre l'essentiel de la Novorossia prônée par Poutine). Si apparemment, Kolomoiski a transigé, ce n'est probablement que pour nouer de sourdes intrigues. Rappelons qu'il arme deux ou trois bataillons de volontaires qui ont fait le coup de feu contre les séparatistes du Donbass. Le jour où les hostilités reprendront, ils ne seront plus là. Pas sûr que ça aille dans le sens d'une saine régulation du pays....

Parutions

l'Ukraine : entre déchirements et recompositions par Mathieu Boulègue, Christine Dugoin-Clément Après une révolution qui n'a pas tenu ses promesses en 2014 et le redécoupage de ses frontières, l'Ukraine est à un tournant de son histoire. Depuis plus d'un an, la crise en Ukraine et ses implications stratégiques régionales ont monopolisé l'opinion publique. Cet ouvrage, qui retrace la crise de Maïdan depuis novembre 2013, ses implications en Crimée et, plus récemment, dans la région du Donbass, tente de rétablir une grille de lecture prenant en compte aussi bien le point de vue ukrainien que russe, européen qu'américain.

Quatre stratèges dans la seconde guerre mondiale par Bruno Jarrosson. La seconde Guerre mondiale s'est déployée comme une partie d'échecs où chaque stratège a joué sa partie et défini son style et ses croyances. Pour saisir la stratégie d'Hitler, Churchill, Staline et Roosevelt, cet ouvrage analyse les raisonnements et décisions des douze moments décisifs - de 1936 à 1945. Ces études révèlent la nature de la stratégie -réaliste ou idéaliste, directe ou indirecte-et les qualités mises en œuvre, offrant une fresque souvent baroque et rarement heureuse.

Géopolitique de l'Europe : de l'Atlantique à l’Oural (PUF) Gérard-François Dumont et Pierre Verluysse. L'Europe, cette région du monde allant de l'océan Atlantique à la Russie, voit s'exercer au XXIe siècle de nouvelles rivalités de pouvoir. L'étude de ces dernières suppose d'abord une exacte connaissance des caractéristiques géographiques et de l'histoire récente de l'Europe, faite de divisions, de réunifications et de dissensions. La compréhension des paramètres géopolitiques de l'Europe passe aussi par le décryptage de l'Union européenne, de ses atouts, de ses contradictions et de ses faiblesses. Mais elle suppose également l'analyse des autres Europe, soit les pays candidats à l'Union européenne, mais encore ceux qui s'y refusent, sans oublier les batailles pour des « dépouilles » de l'ex-URSS, comme l'Ukraine. Batailles qui appellent à comprendre la stratégie d'une Russie paradoxale en quête de puissance. Enfin, l'analyse permet d'illustrer les défis de l'Europe par neuf scénarios de prospective géopolitique. Ce livre est enrichi de nombreuses cartes et figures. Il compte aussi une riche bibliographie et un index géographique.

Ai acheté la nouvelle impression de la Guerre probable, de Desportes. Suis en train de lire Fitna, de Keppel.

Articles, sites et liens

Culture

L'autre jour, concert dans une abbatiale. Le chœur chante, accompagné d'un orgue et, parfois, d'un ou deux instruments. Exceptionnellement, alors que je demeure d'habitude distant et mental lors des rares concerts auxquels j'assiste, je me laisse "saisir", immobile, emporté par la musique. La conjonction de la musique terrestre et physique de l'orgue, qui se communique par le mur et le sol, et de la musique aérienne des voix réussissent à se conjuguer. Terre et air, comme chez Bachelard, deviennent des médiums qui s'assemblent et affectent les sens. Expérience nouvelle, première et exceptionnelle. Elle paraîtra évidente pour les amateurs de musique. Pour moi, c'est une nouveauté et une découverte.

Mot gourmand

Vétille

Mot bobo

Travail de deuil. Et puis cette délicieuse expression, entendue dans l'étrange lucarne : "Nous sommes touchés au plus profond de notre corps de métier"

Événements

8 Avril ANAJ IHEDN Menaces sur tous les fronts : De la piraterie maritime à la cybercriminalité Thierry BOURGEOIS Directeur de la sûreté du groupe Total Jacques de CHATEAUVIEUX Président de Bourbon, Membre du Conseil de surveillance d’Axa Vice-Amiral Arnaud COUSTILLIERE Officier général de la Cyber défense à l’Etat-major des Armées Patrick de LA MORINERIE Directeur Général adjoint d’Axa Corporate Solutions Philippe SATHOUD Manager opérationnel chez DCNS Patrick SIMON Avocat au barreau de Paris – Président honoraire de l’Association Française du Droit Maritime Débats animés par Stéphanie ANTOINE Journaliste à France 24 Mercredi 8 avril 2015 18h00 à 20h00 Amphithéâtre 8 Université Paris-Dauphine Inscriptions

13 avril L’IRSEM est heureux de vous convier au colloque : « Expressions de la puissance au XXIe siècle », organisé par l’institut Jean Lecanuet, en partenariat avec EuroDéfense-France et l’IRSEM. Avec la participation de : Delphine Alles, Michel Barnier, Gabriel Bernier, Sven Biscop, Frédéric Charillon, Arnaud Danjean, Arnaud Dubien, Benoît Durieux, Alexandra de Hoop Scheffer, Maurice de Langlois, Christian Lequesne, Valérie Niquet, Jean-Paul Perruche, Yves Pozzo di Borgo, Alvaro de Soto, Folashadé Soulé-Kohndou, Nicolas Tenzer, Pierre Vimont. Ce colloque se tiendra le 13 avril 2015 au palais du Luxembourg, de 10 h à 18h. Programme et inscription.

A. Le Chardon

Commentaires

1. Le lundi 30 mars 2015, 08:52 par Charlotte Nehl

Il est heureux que le Chardon nous éclaire sur le Yémen et les ramifications subtiles de la coalition réunie par l'Arabie Saoudite, il semble que les grands médias ( ou bien les grandes sphères) n'aient pas de temps à perdre avec cela ou bien trouvent que le vulgum pecus n'a pas à être informer de ces choses là ...
Quant au concert, il est des lieux fort propices à ce genre d'expérience, alors la musique devient un médium quelque soit le compositeur et l'interprète.

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