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18/16 Trump et Obama, Maroc et Syrie, sous-marins et élections

Nous nous étions interrogés ici sur l'initiative bizarre de Ban Kii Moon qui avait pris partie en faveur de l'Algérie à propos du Sahara occidental, dans une posture contre le Maroc. Les choses se sont poursuivies avec le vote aux NU de la résolution 2285. On lira une analyse ici d'un think tank pro marocain qui donne bien des clefs de lecture. Cela explique aussi le très curieux article à charge paru dans le Monde en ligne contre Mohammed VI, accusé d'un tournant anti-occidental. Les choses paraissent désormais assez claires. Les Américains ont opté pour l'Algérie ce qui explique qu'ils aient soutenu, en aval, l'initiative de Ban Kii Moon qui ne l'aurait jamais prise autrement. la première mouture de la résolution était truffée de pièges, à l'initiative américaine. La France s'y est opposée et a réussi à bloquer la plupart des pièges. il semble que la direction américaine se soit finalement résolu à rejoindre cette position traditionnelle. Il n'est pas impossible ici de penser que l'initiative ait été le fait de cercles washingtoniens qui ont circonvenu la présidence, et que celle-ci, devant l'ampleur du retournement, y ait mis le holà. On sait en effet à quel point il y a plusieurs politiques étrangères à Washington et combien certains cercles prennent des initiatives à l'encontre de la Maison Blanche. Ceci n'est bien sûr qu'une hypothèse.

Pensées fugaces

Il reste cependant à s'interroger : pourquoi parier aujourd'hui sur l'Algérie, alors que la fin de règne est de plus en plus évidente et que personne ne peut savoir assurément ce qui adviendra demain. Car dans le même temps, les choses bougent en Algérie et la publication de la photo de Bouteflika avec Manuel Valls a posé de façon évidente un débat sur sa capacité à réellement diriger le pays. Du côté du Maroc, faut-il ensuite s'étonner que le souverain marocain cherche d'autres appuis ailleurs, tant il a été fortement déçu de l'initiative américaine... S'agit-il vraiment d'un virage anti-occidental du Maroc, ou d'un virage anti-marocain de l'Amérique ?

Le discours de Trump de politique étrangère a été abondamment commenté, bien souvent pour en dire du mal. A bien y regarder, il reprend bien des traits de la politique d'Obama, celui d'un retrait et de l'affirmation des intérêts de l'Amérique. D'où vient alors le courroux de la presse mainstream ? Probablement de la remise en cause par le candidat républicain des vertus du globalisme qui servait de ligne de force de l'établissement (« Nous ne livrerons plus ce pays, ou sa population, aux sirènes trompeuses du globalisme » ). Là réside probablement le vrai changement de posture, celui qui consiste à ne plus chanter les vertus du libre-échange. CE n'est pas seulement TPP et TTIP qui sont remise en cause mais même l'ALENA (« Je suis sceptique quant aux ententes internationales qui nous lient ensemble et tirent l’Amérique vers le bas, et je ne ferai jamais entrer l’Amérique dans aucun accord qui réduirait notre capacité à contrôler nos propres affaires ». « L’ALENA par exemple a été un désastre total pour les États-Unis en vidant nos États de leurs entreprises et de leur emplois. Jamais plus. Seul l’inverse se produira. Nous allons conserver nos emplois et en amener de nouveaux »). Voici en fait la vraie révolution trumpienne qui remet en cause le "système" même à l'extérieur. Cela explique les cris d'orfraie que l'on a entendus et lus. Au fond, Trump affirme le retour à une RealPolitik, celle des intérêts et de l'équilibre des puissances, bien loin des vertus supposées du post-moderne (même si les États-Unis n'ont jamais vraiment joué cette chanson là, bien qu'ils l'aient abondement soutenu chez les autres).

Discours d'Obama en Grande-Bretagne : faut-il que les partisans du maintien dans l'Union soient en mauvaise posture pour qu'ils acceptent l'intrusion d'un leader étranger dans leur débat politique intérieur? Mais cela signifie aussi qu'être européiste, c'est être atlantiste. Au fond, pour les États-Unis, l'Europe est la plus commode. Qui croit encore qu'elle puisse être le vecteur d'une puissance qui affirme ses intérêts, y compris contre ceux des États-Unis ? Sinon, Un sondage donne trois points d'avance au Brexit : le discours d'Obama aurait-il été contre-productif ?

En Irak, la situation s'envenime. des protestaires envahissent la zone verte et dénoncent le gouvernement (ils paraissent soutenus par le parti chiite d'Al sadr), du coup les députés fuient. Tout ce qu'il faut pour convaincre les sunnites que les choses sont sous contrôle et qu'ils ont grand intérêt à rejoindre le processus politique national. Vu de l'EI, ceci est une bonne nouvelle.

Élections du WE dernier en Serbie et en Autriche. Dans un cas, les partis traditionnels sont éliminés tandis que l'extrême droite triomphe, dans l'autre le parti pro européen triomphe (à relativiser toutefois, si j'en crois ce blog : ainsi, le triomphateur a quand même perdu 27 sièges). Ce qui tend à suggérer que l'UE constitue encore un attrait, quand on est en dehors. Mais ne nous y trompons pas : l'attrait, c'est non celui des valeurs mais celui des revenus. Ainsi, les électeurs serbes attendent d'abord "500 euros". L'UE, c'est un peu la poule aux œufs d'or. Même si ces temps-ci, elle ne pond plus vraiment.

Vente de sous-marins à l'Australie : derrière l'énormité du contrat (34 milliards d'euros, je crois n'avoir jamais entendu ça), quelques aperçus géopolitiques. Tout d'abord, une "alliance" renforcée entre FR et AUS. On est bien loin du Rainbow Warrior quand certains océaniens, n'écoutant que leur conscience décolonisatrice, s'étonnaient de la présence de la France dans la zone. Avec ce contrat de longue durée, une relation politique et stratégique se met en place. Constatons ensuite que ces sous-marins sont à l'évidence tournés contre la Chine. Mais comme tous les pays de la région, l'Australie ne peut pas le dire trop fort puisqu'elle commerce aussi beaucoup avec la Chine. D'où un jeu d'équilibre qui peut paraître trouble. Ceci explique aussi en partie le rejet de la candidature japonaise, manière de ne pas provoquer trop directement Pékin. Enfin, le plus surprenant a été la neutralité américaine. On s'attendait en effet qu'au vu du rôle américain dans la région, Washington aurait voulu renforcer l'alliance multilatérale entre tous les opposants à Pékin. La liaison Japon Australie paraissait ici la plus naturelle. Or, il n'en a rien été. Cette neutralité sonne comme une marque de défiance américaine envers le Japon.

Reprise des combats en Syrie. Sans surprise, devrait-on dire. La séquence diplomatique n'ayant pas donné grand chose, le champ de bataille revient au premier rang, puisque les parties ont entretemps mené leurs opérations annexes : le régime a repris Palmyre, les rebelles ont essayé progresser le long la frontière avec l'appui turc mais ont été repoussé par l'EI. Dès lors, on revient à un objectif symbolique, Alep. Constatons que du côté rebelle, il s'agit surtout de l'armée syrienne libre, celle qui est justement partie aux négociations de Genève.

Parutions

LA GUERRE, LA STRATÉGIE ET LA DEUXIÈME THÉORIE DES JEUX AU XXIE SIÈCLE par le Colonel Sébastien Leitner. Comprendre la nature de la guerre et en déduire rationnellement des solutions réalistes et efficaces constituent la contribution majeure de cet ouvrage à la pensée stratégique contemporaine. Ecrit entre 2009 et 2014, ce livre avait pour objectif initial de définir des principes de la guerre authentiquement fondamentaux. Loin d'être un ouvrage de théoricien, il aborde en guise de travaux pratiques des problématiques actuelles comme celle de la prise du pouvoir au sein d'un Etat, celle de la défense de ce même pouvoir par le régime en place, et enfin celle des conflits nucléaires limités.

Repères de la RDN n° 19 du 30 avril 2016

NOTRE MONDE EST-IL AU BORD DU GOUFFRE ? Sous la direction de Pierre Pascallon Le propos de cet ouvrage cherche à convaincre que le monde des années 2010-2015 n'est plus le monde de la « mondialisation heureuse », marquée par la « fin de l'histoire », mais le monde de la mondialisation « dure » scandée par le retour de l'histoire pleine de bruit et de fureur qui frappe à nouveau à nos portes. Le regard initial de cette publication était avant tout "géostratégique", puis elle a été complétée par une vision plus géo-économique.

Articles, sites et liens

Culture

Ai vu le film "Trumbo", intéressant à bien des égards. Film en costume des années 1950, bien joué et pas ennuyeux. Il raconte l'histoire d'un scénariste d'Hollywood qui est en butte aux menées anti-communistes au début de la guerre froide et qui réussit finalement à revenir dans le jeu, gagnant même deux oscars. Au-delà, on est surtout frappé par la capacité d'Hollywood à recycler ses erreurs passées et à en faire un objet de la promotion du système, finalement démocratique et reconnaissant les talents. Belle histoire, à l'évidence. Du coup, on s'interroge : pourquoi un tel film maintenant ? Pour montrer que le système est compatible avec les libertés individuelles ? On reste dans cette expectative...

Événements

18 mai Club Démocraties. diner-débat sur les crises du Moyen-Orient, le 18 mai avec Paul Quilès comme intervenant. au Cercle des Universitaires 12 rue Clément - 75006 Paris (métro Mabillon). Inscriptions par la poste à Démocraties 22 avenue Eugénie – 92700 COLOMBES avec un chèque de 40 euros;

19 mai conférence qui sera donnée le 19 mai prochain à partir de 19h00 dans le grand Amphithéâtre de Toulouse Business School à Entiore, par le Général (2S) Marc DELAUNAY et Monsieur Jacques DIGOUT, sur le thème : "Deux regards convergents sur la formation des managers dans une société de l'intelligence". La conférence sera suivie d'un cocktail-apéritif de networking. S'inscrire par le biais du lien weezevent proposé dans la pièce jointe que je reproduis ci-après : https://www.weezevent.com/conference-tbs-implic-action-midi-pyrenees.

A. Le Chardon

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